Agro-industrie  : la démarche vertueuse du groupe Cristal Union pour recycler l'eau

Saviez-vous que les betteraves sucrières sont constituées à 75% d'eau ? C'est ce que font les sucreries et distilleries Cristal Union qui recyclent l'eau extraite de ses betteraves. Grâce à ce procédé, le groupe envisage aussi de rendre ses unités de production autonomes en énergie.
Cristal Union compte investir plus de 100 millions d'euros dans de nouvelles installations, notamment des épurateurs biologiques. L'idée est de pouvoir recycler encore davantage l'eau issue de la betterave.
Cristal Union compte investir plus de 100 millions d'euros dans de nouvelles installations, notamment des épurateurs biologiques. L'idée est de pouvoir recycler encore davantage l'eau issue de la betterave. (Crédits : JM Leclere / Cristal Union)

Cristal Union fabrique du sucre, mais pas que. « Essentiellement implantée dans le Nord de la France, la coopérative possède également des distilleries, pour produire de l'alcool et du bio-éthanol », détaille Sarah Fornier, directrice de la communication de Cristal Union.

Le groupe, qui compte 2.000 collaborateurs, accompagne près de 9.000 coopérateurs-agriculteurs à tous les stades, du semis à la récolte, en passant par les techniques agronomiques ou encore le partage de connaissance et des outils numériques développés sur mesure. C'est le premier fournisseur de sucre pour l'industrie agroalimentaire française. Et le premier opérateur d'alcool rectifié européen, fournissant les plus grandes marques.

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« La particularité de la betterave sucrière, c'est qu'elle ne se consomme pas comme des pommes de terre : ce produit a impérativement besoin d'être transformé », fait remarquer Sarah Fornier, directrice de communication.

« Et sa transformation nécessite de l'énergie puisque vous partez d'un produit qui est riche en eau pour passer à un produit sec, à savoir le sucre blanc cristallisé ou à un produit hautement concentré destiné à être distillé », ajoute-t-elle. Et c'est dans le domaine de la consommation d'énergies et d'eau que Cristal Union rivalise d'investissements et de technicité. Le but : récupérer ou réutiliser au maximum.

Investir pour préserver

« En 2023, nous venons d'investir dans tout un procédé de lavage des gaz en voie humide. Nous avons opté pour un dispositif relativement cher mais qui a l'avantage de nous permettre de baisser de 80% la consommation d'eau », explique Pascal Hamon, directeur industriel.

Cette démarche vertueuse a été initiée par Cristal Union dès le début des années 2000. « Nous avons la responsabilité de préserver l'eau, cette ressource qui se raréfie, même si les investissements ne sont pas rentables immédiatement. Car nos agriculteurs et nos usines ont besoin d'eau », souligne le cadre de Cristal Union.

Il ajoute : « Il faut savoir qu'en transformant  un million de tonnes de betteraves, nous allons extraire 750.000 mètres cubes d'eau et  180.000 à 185.000 tonnes de sucre en moyenne », détaille Pascal Hamon.

La 1ère production d'une sucrerie, c'est l'eau. Le directeur industriel détaille à ce sujet : « Parmi nos huit sucreries dans le quart Nord-Est de la France, deux sont autonomes en eau : l'usine de Sillery, dans la Marne, depuis 2010, et celle de Sainte-Emilie dans la Somme depuis 2018. Deux autres vont suivre cette année : les deux sites de Pithiviers-le-Vieil et de Corbeilles-en-Gâtinais dans le Loiret. »

L'objectif du groupe, c'est que les huit sucreries soient autonomes en eau dès 2025 (à partir de 2030 pour les distilleries). Depuis 2010, le groupe a réduit ses prélèvements d'eau de 60%. Soit une économie équivalente à 1.600 piscines olympiques

Qualifier les eaux

Pour arriver à ce résultat, Cristal Union a d'abord travaillé pour quantifier quelle qualité d'eau était requise à quelle étape du process. « Le premier lavage de la betterave n'a déjà pas besoin de la même pureté que l'étape où la betterave est coupée », explique le directeur industriel.

« Comme nous avons besoin d'eau au démarrage des usines, quand tous les circuits doivent être mis en eau, et avant l'arrêt de huit mois pour le nettoyage, nous avons commencé à construire différents bassins de stockage pour y stocker des eaux issues de nos betteraves, dédiés aux eaux propres excédentaires durant la campagne sucrière, etc », poursuit-t-il.

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« Plutôt que d'aller puiser l'eau dans la nappe à certains moments, nous allons donc désormais puiser dans nos bassins. Et cette eau commence aujourd'hui à alimenter également nos distilleries et aussi certains champs situés à proximité de nos sites de production pour l'irrigation ».

Aujourd'hui, Cristal Union compte investir plus de 100 millions d'euros dans de nouvelles installations, notamment des épurateurs biologiques. L'idée est de pouvoir recycler encore davantage l'eau issue de la betterave. Ce qui permettra de mettre à disposition quatre millions de mètres cubes d'eau supplémentaires pour près de 10.000 hectares de champs environnants, en période de déficit hydrique, réduisant ainsi les prélèvements dans la nappe.

Unités autonomes

La question de l'alimentation en énergie des sucreries et distilleries est également centrale. Une fois le sucre extrait, la pulpe de betterave épuisée (résidu de la production du sucre) va servir pour l'alimentation animale.

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Mais l'un des projets est de pouvoir en utiliser une partie comme combustible pour les usines, avec le développement de sucrerie 100% décarbonée, avec l'installation d'une chaudière biomasse à base de pulpes de betteraves sur le site d'Arcis-sur-Aube, d'ici 2030. D'ici 2050, Cristal Union ambitionne même que toutes les unités de production deviennent autonomes en énergie, sans recourt au gaz.

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Commentaires 2
à écrit le 25/10/2023 à 11:53
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"Agro-industrie : la démarche vertueuse" LOL !

le 13/11/2023 à 12:19
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Industrie et vertueux semble être un oxymore :-), même s'il ne rentre que des betteraves et de l'électricité et il sort du sucre et/ou de l'éthanol (zéro consommation d'eau ni de gaz). Le côté vertueux serait de fermer les installations ? On peut tro...

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