Le Grand Paris face aux Jeux : les haies de l’après 2024 restent à sauter

Transport, infrastructures, sécurité… A moins d’un an de l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques, les acteurs publics invités ce 14 septembre au Sommet du Grand Paris ont fait équipe, en affichant à l’unisson leur confiance. Mais au-delà de cet événement accélérateur des politiques publiques, reste à résoudre les problèmes structurels majeurs de la métropole.
« Au-delà du moment festif, les JOP doivent forcément être un accélérateur de politiques publiques », estime Valérie Pécresse.
« Au-delà du moment festif, les JOP doivent forcément être un accélérateur de politiques publiques », estime Valérie Pécresse. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Certes, quand on est athlète de haut niveau, « il ne faut pas être prêt un an avant, il faut être prêt le jour J », lance Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Il n'empêche, à un peu plus de 300 jours du coup d'envoi des olympiades, « tout se présente plutôt bien », se félicite-t-il. « Oui, nous sommes prêts ! », abonde Anne Hidalgo. « Les infrastructures, le village, tout cela va être livré avant la fin de l'année, en décembre au plus tard », assure la maire de Paris. Reste à améliorer la qualité de l'eau de la Seine, de même qu'à gérer la question de l'hébergement d'urgence, sur laquelle « on peut y arriver et mettre en place quelque chose de pérenne », estime-t-elle.

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Même optimisme affiché par Valérie Pécresse. En matière de transport, notamment, des 15 millions de visiteurs attendus, tout est fait pour anticiper les flux, affirme la présidente de la Région Ile-de-France et présidente d'Ile-de-France Mobilités, même si « il y aura forcément à un moment donné des petits dysfonctionnements ». Dans l'éventail des mesures phares figure également la sécurité. En plus de 100 000 caméras de vidéo-protection, « quelque 5 000 agents de sécurité vont être déployés pour la sécurité dans les transports », note-t-elle.

Des fragilités existantes

Parmi les mots martelés par les élus, l'héritage ainsi que la dynamisation des politiques publiques se sont inscrits en filigrane lors de cette journée de débats dans le cadre du Sommet de Grand Paris, organisé par La Tribune. « Au-delà du moment festif, les JOP doivent forcément être un accélérateur de politiques publiques », a ainsi rappelé Valérie Pécresse.

Illustration d'un investissement concret poussé par les Jeux, le prolongement de la ligne 14, qui reliera Saint-Denis-Pleyel et l'aéroport d'Orly, est l'un des chantiers majeurs du réseau de transport qui s'inscrira ensuite dans le quotidien des Franciliens. Même si « une bonne partie des Jeux va reposer sur le réseau existant, notamment le RER D et B, dont on connaît la fragilité. Et malheureusement, elle va certainement perdurer pendant les JOP et au-delà », s'inquiète de son côté Marc Pélissier, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports Ile-de-France.

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Sans oublier l'accessibilité, un défi de taille pour les transports franciliens. Près de 350.000 visiteurs en situation de handicap sont attendus l'été prochain, dont plusieurs milliers en fauteuil roulant. Pour faciliter leur déplacement, 150 navettes dédiées, entre autres solutions, seront déployées. « J'aurais préféré qu'il y ait plus d'initiatives dans le temps, parce qu'on a l'impression que ce sont davantage des choses qui sont faites pour les Jeux. Il n'y a pas vraiment un après », relève Rajae El Harrak, présidente-fondatrice de Veebya, une plateforme de chauffeurs spécialisés, en appelant de ses vœux que l'accessibilité devienne « un automatisme » et entre dans les normes.

Pour le futur Grand Paris Express, ce sera le cas. Le métro classique, lui, « ne sera sans doute jamais accessible » aux personnes à mobilité réduite, a pour sa part admis Valérie Pécresse dans son intervention. Question de faisabilité...

L'immobilier grippé

Autre héritage laissé par les JOP, le village des athlètes, sorti de terre à proximité du quartier Pleyel, à Saint-Denis, est destiné, après les Jeux, à se transformer en quartier de vie et en logements - dont une partie sera destinée à l'accession. Une opération symbolique, à l'heure où, sous l'effet de la flambée des taux d'intérêt, du recul des constructions et de l'étiquette énergétique, la crise du logement s'aggrave en France et dans la métropole. Le locatif est saturé, « tandis que les ventes d'appartements en Ile-de-France ont reculé de 25 % sur un an », alerte Marc Cagniart, président de la Chambre des notaires de Paris.

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Un blocage qui se reflète d'ailleurs dans les résultats du dernier sondage réalisé par l'Ifop, en partenariat avec La Tribune : alors que les Franciliens rêvent toujours de propriété, la part des locataires qui envisagent d'acheter leur premier bien immobilier dégringole encore, passant de 27 % en 2022 à 23 % cette année. Pis, plus de la moitié (55 %) des Franciliens interrogés estiment que le Grand Paris ne facilitera pas l'accès à la propriété.

Dans cette épreuve immobilière, les freins à lever, conjoncturels mais aussi structurels, restent nombreux. La simplification des procédures et une réduction des délais administratifs sont ainsi réclamés par Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC habitat. Preuve qu'il est possible d'aller vite, le village des athlètes, où CDC Habitat, au sein d'un groupement, gérera en locatif 1.500 logements après les Jeux. « Ce quartier a été fait en huit ans là où, habituellement en France, pour faire un tel quartier, il faut 20 ans », souligne la dirigeante de cette institution qui va investir 3,5 milliards d'euros dans le rachat de 17 000 logements qui ne trouvent preneurs dans l'immobilier neuf, dont la moitié en Ile-de-France.

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Réduire les fractures

Reste aussi à faire en sorte que l'héritage des Jeux s'incarne de manière inclusive après cet événement dont l'une des ambitions affichées est d'être « un élément de réduction des fractures et de rattrapage territorial », comme le rappelle Stéphane Troussel, président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de la France métropolitaine. C'est ainsi que 85 % des investissement de la Société de livraison des ouvrages (Solideo) sont déployées sur ce territoire, détaille-t-il. Création de passerelles pour relier des quartiers, construction et rénovation de piscines, gymnases et autres équipements sportifs qui y font cruellement défaut... « Cela se concrétise », confirme-t-il.

Enjeux d'emploi, d'attractivité, donc, sans oublier « l'héritage immatériel », tels des programmes aquatiques dans ce département où, comme l'indique le maire de Dugny, Quentin Gesell, trois enfants sur quatre ne savent pas nager. « Si tous ces dispositifs lancés grâce aux Jeux s'arrêtent en septembre 2024, on aura loupé l'héritage immatériel de ces Jeux », conclut celui qui est également vice-président de la métropole du Grand Paris, délégué au développement sportif.

Autant d'essais à transformer sur l'ensemble des chantiers s'ils doivent profiter aux Franciliens au-delà des compétitions. Autant dire que si les Jeux sont prêts, il reste encore beaucoup à faire pour le Grand Paris.

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Commentaires 4
à écrit le 21/09/2023 à 14:33
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Les transports du Grand Paris ne soulageront les usagers que peu de temps. Plus on crée de voies de circulation plus on attire de monde et plus on crée de circulation ! En plus comme l'actuel RER ces nouveaux transports ne seront pas entretenus et ce...

à écrit le 18/09/2023 à 13:59
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J.O. 2024 ? Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile comment la Chine utilise tous les moyens pour que ses athlètes triomphent au niveau mondial....

à écrit le 16/09/2023 à 9:16
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Le métro du Grand Paris ne sera pas prêt. Les chantiers sont partout dans Paris. Les chaussées sont défoncées et pleines de trous. Les rats pullulent. Même les Grecs ont fait lieux pour les JO en matière d'organisation...

à écrit le 15/09/2023 à 17:29
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Bonjour, l'organisation des jeux olympiques demande beaucoup d'énergie et énormément d'argent.... La ville de Paris est extrêmement endettée, et les moyens financiers sont réduits pour notre pays... Pour le moment, la ville de Paris est très sales,...

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