Réemploi : Bout’ à Bout’ construit la plus grande usine de lavage de bouteilles en verre

Avec la perspective de laver 60 millions de bouteilles et bocaux par an, la jeune entreprise Bout’ à Bout’ vient de lever 7,3 millions d’euros pour développer la plus grande usine de lavage de bouteilles et contenants près de Nantes. Objectif affiché, créer une véritable filière de réemploi du verre en France. Une démarche soutenue par le verrier Verallia, premier producteur européen et troisième producteur mondial d'emballages en verre pour les boissons et les produits alimentaires. La filiale française du géant est entrée au capital de la startup nantaise pour lui apporter son expertise et changer d’échelle.
Fondée par Célie Couché, Nicolas d'Aprigny et Yann Priou, l'association Bout' à Bout s'est structurée en entreprise pour se doter d'un véritable outil de production à Carquefou, près de Nantes, et fonder une filière de remploi en France.
Fondée par Célie Couché, Nicolas d'Aprigny et Yann Priou, l'association Bout' à Bout s'est structurée en entreprise pour se doter d'un véritable outil de production à Carquefou, près de Nantes, et fonder une filière de remploi en France. (Crédits : bout' à bout')

Bout' à Bout' veut faire du réemploi un véritable standard de consommation au quotidien. Sept ans après sa création sous la forme d'une association, Bout' à Bout', devenue une entreprise, vient de de lever 7,3 millions d'euros, à travers un large tour de table. Ce dernier réunit la société d'investissement Demeter, via son fonds VitiRev Innovation, la plateforme d'investissement durable Lita.co, le spécialiste de l'investissement en actions Mandarine Gestion, la coopérative Terrena, la société de distribution Loire Vini Viti Distribution, le conditionneur de boissons Les Jardins de l'Orbrie, et surtout Verallia.

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Ce dernier est le premier producteur européen et le troisième producteur mondial d'emballages en verre pour les boissons et les produits alimentaires. Sa filiale française est entrée au capital de la startup nantaise.

« Tout en portant des valeurs écologiques et de l'économie sociale et solidaire, nous avons voulu rassembler toutes les parties prenantes de l'écosystème pour démocratiser, industrialiser et déployer le réemploi à grande échelle », indique Yann Priou, directeur général de Bout' à Bout'.

Il ambitionne de diffuser et d'étendre son modèle sur tout le territoire français. Pour ce faire, Bout' à Bout' désire s'adresser aux producteurs de contenants et de boissons, ainsi qu'aux circuits de distribution, aux consommateurs et à toute la chaîne logistique nécessaire à la collecte et au retour des contenants.

L'apport d'un industriel verrier

A Carquefou, près de Nantes, Bout' à Bout' vient d'investir 3 millions d'euros afin de construire une unité de lavage de 2500 m². Celle-ci sera capable de laver 10.000 bouteilles à l'heure dans un premier temps, puis 20.000, en disposant ainsi d'une capacité de 60 millions de bouteilles et bocaux par an, loin des 700.000 bouteilles lavées en 2022 par la jeune entreprise, qui rayonnait jusque-là à l'échelle locale.

Avec le concours d'un intégrateur français, Bout' à Bout' s'est inspiré de technologies déployées en Amérique du Sud. L'entreprise a investi en R&D pour mettre au point un système de lavage par immersion, et non par aspersion, comme on le voit traditionnellement en restauration collective, afin de garantir hygiène et traçabilité. Le coût du lavage reviendrait, quant à lui, entre 30 et 35 centimes l'unité. En cours d'équipement, le site devrait être opérationnel en septembre prochain.

D'ici là, il s'agit d'aller chercher des contenants dans toute la région des Pays de la Loire, en Bretagne, en Val de Loire et Nouvelle-Aquitaine. Le point clé sera de maîtriser la collecte, la supply chain, et la structuration d'un réseau auprès de 800 producteurs et plus d'un millier de points de vente dans le Grand Ouest. « On passe de l'artisanal au mode l'industriel », concède Yann Priou. C'est notamment là que le savoir-faire de Verallia France sera déterminant.

« Construire des usines, appréhender les problématiques techniques et de qualité, maitriser la supply chain, on sait faire, alors on va les conseiller et les accompagner », explique Pierre-Henri Desportes, président de Verallia France (2.000 salariés).

Le leader compte onze sites de production, dont sept usines verrières dans l'Hexagone situées à Lagnieu, Cognac, Chalon-sur-Saône, Oiry, Saint-Romain-Le-Puy, Vauxrot et Albi.

Seulement 2% d'emballages réemployables en France

Présent dans douze pays avec trente-quatre usines verrières, ce groupe européen (10.000 personnes) a produit 16 milliards de bouteilles et pots en verre l'an dernier, pour un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros.

« L'une de nos missions est de réduire l'empreinte carbone du verre. Pour cela, nous agissons sur trois leviers : la réduction des émissions de CO2 de nos usines, le recyclage et le réemploi », précise le président de Verallia France.

Si la France semble un peu en avance par rapport à ses voisins en Italie ou en Espagne, l'utilisation d'emballage réemployable ne dépasserait pas 2%, contre 20% en Allemagne où un emballage sur deux est conçu en ce sens.

« Une grosse marge de progrès existe, c'est la raison pour laquelle notre ambition est d'aider à la constitution d'une filière de réemploi. Ce que l'on vient chercher, c'est une réalité opérationnelle. Il existe de nombreuses initiatives dans ce secteur, beaucoup d'acteurs se cherchent... Ici, la dynamique du projet de l'équipe de Bout 'à Bout' nous semblait bonne », observe Pierre-Henri Desportes.

La filière doit être structurée

Après avoir initié des discussions sur le format des contenants, Verallia et Bout' à Bout' se sont donc trouvés. « Et nous avons décidé d'aller un cran plus loin, sur le plan financier, technique et logistique», précise le président de Verallia France. Les 3.000 clients de ce dernier vont lui permettre d'être un amplificateur des initiatives développées par Bout' à Bout', notamment à travers la collecte et la redistribution des contenants auprès des industriels de l'agroalimentaire. Parallèlement, l'entreprise, cherche aussi à nouer des partenariats avec des transporteurs pour mettre en œuvre un système de logistique inversée.

Le changement d'échelle passera aussi par une harmonisation et une standardisation des contenants pour asseoir les volumes, condition clé de l'émergence d'une filière. Le 9 mai dernier, les verriers O-I et Verallia annonçaient, d'ailleurs, s'engager dans le développement d'emballages réemployables et standardisés dans le cadre du projet ReUse. Lancé par l'entreprise à mission Citéo, il doit permettre de réduire l'impact des emballages alimentaires.

Le dernier sujet pour Bout' à Bout' concerne l'effort de pédagogie à mener auprès des grandes surfaces, des cafés, hôtels et restaurants... et des consommateurs. «Il faut simplifier les retours et réinstaller les gestes », reconnaît le directeur général de Bout' à Bout'.

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Commentaires 3
à écrit le 06/06/2023 à 15:27
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La consigne c'est de la logistique puis cela devient une habitude. Dans les années 60, ce n'est pas la Paléo, les bouteilles consignées de lait remplacèrent le pot caractéristique en alu et il y avait des bouteilles dites 6 étoiles qui recevaient ind...

à écrit le 27/05/2023 à 0:10
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Vous voyez c'est ça l'effondrement systémique ! quand pour sauver une ressource on est contraint d'en épuiser une autre... ici, l'eau !

à écrit le 26/05/2023 à 21:26
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"le format des contenants" c'est la base de tout, avoir des variétés de flacons pas trop nombreuses, pots de yaourts compris (ceux que j'achète sont en carton paraffiné). Dans les bars c'est plus facile à gérer, les casiers de bouteilles pleines sont...

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