Chez Facebook, sécurité rime avec publicité ciblée

Pour la première fois, le réseau social a admis jeudi utiliser à des fins publicitaires les informations transmises par les utilisateurs afin de protéger leurs comptes. A commencer par le numéro de téléphone. Problème : Facebook n'indique pas explicitement à l'utilisateur que son numéro peut être récupéré par des annonceurs.
Anaïs Cherif
Dans certains cas, Facebook siphonne également les contacts du carnet d'adresses du téléphone de l'usager pour permettre aux annonceurs de cibler leurs messages.
Dans certains cas, Facebook siphonne également les contacts du carnet d'adresses du téléphone de l'usager pour permettre aux annonceurs de cibler leurs messages. (Crédits : Dado Ruvic)

Facebook semble toujours aussi peu enclin à protéger les données personnelles. Ce n'est pas nouveau : le réseau social, utilisé par plus de 2 milliards d'utilisateurs dans le monde, recours à toutes sortes d'informations laissées sur sa plateforme afin de cibler la publicité. Age, sexe, ville de résidence, catégorie socio-professionnelle, centre d'intérêts... Mais pour la première fois, Facebook a admis jeudi utiliser le numéro de téléphone fourni par ses utilisateurs afin de sécuriser leur compte - et pour lequel ils ne consentent pas à une utilisation publicitaire.

Le fleuron de Silicon Valley a ainsi confirmé les résultats d'une étude réalisée par des chercheurs des universités américaines de Northeastern et de Princeton, et révélée par le site spécialisé Guizmodo. Autrement dit : les utilisateurs qui souhaitent avoir un compte plus sécurisé doivent, paradoxalement, consentir à un compromis en matière de confidentialité pour que les annonceurs les identifient plus facilement. En effet, Facebook permet aux utilisateurs qui le souhaitent de fournir un numéro de téléphone. En cas d'activité suspecte repérée, comme un piratage de compte par exemple, le réseau social peut ainsi alerter rapidement l'utilisateur par SMS. Le hic : Facebook n'indique pas explicitement à l'utilisateur que son numéro peut être récupéré par des annonceurs, selon sa politique de gestion des données.

"Profils fantômes", impossible d'échapper à Facebook

Les révélations des chercheurs vont encore plus loin. Le réseau social siphonne également les contacts du carnet d'adresses du téléphone de l'usager (auquel Facebook a accès après que l'utilisateur l'a autorisé à scanner ses contacts pour y trouver des "amis"), pour permettre aux annonceurs de cibler leurs messages.

Tout cela, à l'insu des intéressés. Il leur est donc impossible de faire supprimer les données personnelles pillées ou d'empêcher les annonceurs de les utiliser. Ce profil, réalisé à partir d'un faisceau d'informations récoltées par des moyens indirects, est surnommé le shadow profile (profil fantôme).

Des paramètres impossibles à désactiver

Prenons un exemple : Madame A a renseigné sur Facebook son numéro de portable et autorisé le réseau social a accéder à ses contacts. Dans son carnet d'adresse, figure le numéro de portable et l'adresse mail de Monsieur H. Il se trouve que ce dernier possède un compte Facebook, simplement associé à une adresse mail sans numéro. En récoltant les informations sur le portable de Madame A, Facebook a reconnu l'adresse mail de Monsieur H : il peut donc désormais lui associer un numéro de téléphone. Il se trouve que Monsieur H est client de l'entreprise Z, à qui il a fourni directement son numéro de portable pour une précédente commande. Lorsque l'entreprise Z décide de lancer une campagne publicitaire sur Facebook, elle pourra alors cibler Monsieur H grâce au numéro de téléphone obtenu par le réseau social grâce à des moyens détournés.

| Lire aussi : Oui, Facebook collecte vos données même si vous n'avez pas de compte

"Nos découvertes restent vraies, même quand on active les paramètres de confidentialité" au niveau maximum de protection, souligne l'étude.

De son côté, Facebook estime fournir suffisamment d'explications à ses utilisateurs.

"Nous utilisons l'information que les gens fournissent pour proposer une meilleure expérience, plus personnalisée, y compris (en ce qui concerne) les publicités. Nous sommes clairs sur la façon dont nous utilisons les informations, dont les infos de contact que les gens (placent) dans leur compte. On peut gérer et effacer les informations à tout moment", se défend Facebook auprès de l'AFP.

Facebook traverse la plus grande crise de son histoire depuis mars dernier, suite au scandale Cambridge Analytica. Le réseau social est accusé de laxisme en matière de protection des données personnelles. Il a permis à Cambridge Analytica, cabinet d'analyse au service de Donald Trump pendant la campagne présidentielle de 2016, de mettre la main sur les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs. Depuis, l'entreprise de Mark Zuckerberg se plaît à répéter qu'elle donne le pouvoir aux utilisateurs concernant l'utilisation de leurs données personnelles.

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 30/09/2018 à 18:41
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Un utilisateur de Facebook ne paie aucun abonnement pour quelque-chose qu'il utilise fréquemment. Si quelque-chose est gratuit, c'est que c'est l'utilisateur qui est le produit.... Dès lors, il me semble difficile de râler parce-que Facebook util...

à écrit le 30/09/2018 à 8:46
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Menteur un jour , menteurs toujours : lobbies , politiques , GAFA .....mème combat :enfumer l'utilisateur !!!

à écrit le 29/09/2018 à 14:52
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Quant on s inscrit sur Facebook, on sait que les donnees vont etre revendue pour de la pub (je doute que la NSA n en profite pas aussi). Donc se plaindre que ces donnees ont fuitees chez de spublicitaires est aussi idiot que se pliandre que boire 1 l...

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