
Un manque de main-d'oeuvre va-t-il plomber le déploiement de la fibre? C'est ce que redoutent de nombreux industriels engagés dans le développement de l'Internet fixe à très haut débit. Rassemblés à Laval ce jeudi, nombre de ces professionnels ont fait part, une nouvelle fois, de leur difficulté à recruter des troupes pour déployer la fibre dans les territoires. Si la situation en reste là, c'est tout le Plan France Très haut débit (PTHD), lequel vise à apporter une connexion ultra-rapide à tous les Français à l'horizon 2022, qui pourrait être menacé.
Président d'Infranum, qui rassemble des entreprises engagées dans le déploiement de la fibre - et en particulier dans les campagnes et les zones les moins peuplées -, Etienne Dugas a tiré la sonnette d'alarme. "On a un problème, a-t-il lancé. On a un mal de chien à trouver du monde pour venir travailler dans nos entreprises." Selon lui, à la fin 2017, la filière comptait "12.000 équivalents temps plein". Or, "pour honorer nos engagements, nous devons monter à 28.000", a-t-il ajouté. La tâche, il est vrai, n'a rien d'une promenade de santé. Etienne Dugas le rappelle: dans le cadre du PTHD, les industriels doivent "construire 20 millions de prises fibre en cinq ans, là où la filière n'en a produit que 10 millions ces dix dernières années".
"Un souci de communication"
Pour expliquer les difficultés à recruter, le président d'Infranum estime que la filière a "un souci de communication". "Il doit quand même y avoir moyen d'attirer des talents!", a-t-il tempêté. D'autant, juge-t-il, que le secteur ne manque pas d'atouts. "Nous travaillons sur un des plus grands chantiers de France", a-t-il rappelé. Avant de souligner que l'industrie du très haut débit dispose déjà de centres de formation opérationnels, et offre, dit-il, des perspectives professionnelles sur long terme.
Pour aider les entreprises à embaucher sans traîner la main d'oeuvre dont elles ont besoin, Etienne Dugas a appelé le gouvernement à créer un Comité stratégique de filière (CSF) dédié aux acteurs des infrastructures numériques. Cela permettrait au secteur, selon Etienne Dugas, de gagner en aura et en reconnaissance, à l'instar d'autres filières stratégiques "comme l'automobile, l'aéronautique ou l'agriculture".
"Un vrai enjeu de consolidation de la filière"
Présent à Laval, Julien Denormandie, le secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, s'est montré favorable à la création d'un CSF. "Effectivement, je pense qu'il y a un vrai enjeu de consolidation de la filière, a-t-il affirmé. Le faire dans le cadre d'un CSF, je trouve ça très bien." En parallèle de cette possibilité, il a plaidé pour la mise en place d'actions et de dispositifs plus ciblés, en lien avec la politique d'emploi que prépare le gouvernement. Son idée: créer ou renforcer les liens entre les industriels des télécoms qui veulent recruter, et certains territoires où le travail est une denrée rare. Pour illustrer ses propos, il a évoqué le dispositif des "emplois francs". Encore expérimental, ce programme a été lancé par le gouvernement au printemps dernier. Il vise à promouvoir l'embauche de demandeurs d'emploi qui résident dans des quartiers prioritaires, en offrant une aide financière à l'employeur.
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