Tout a commencé par un rapprochement « qui fait sens », selon la formule consacrée. D'un côté Anycommerce, éditeur de logiciels d'encaissement, de paiement unifié et de gestion de stock pour le retail, né en 2014. De l'autre, Chapsvision, spécialise du traitement de la donnée, qui s'adresse à deux marchés principaux : l'un au commerce unifié et à l'intelligence économique auprès des entreprises, l'autre aux acteurs étatiques avec des solutions souveraines en matière de cyberdéfense.

Un rapprochement qui franchit désormais une étape supérieure, Anycommerce venant ainsi apporter sa plateforme dédiée aux retailers à Chapsvision, permettant à cette dernière d'intégrer une brique qui lui manquait jusqu'alors.

« Nous avons voulu, initialement, approcher des clients en commun. Cette consolidation est évidente et nous devions passer à l'échelle. La volonté est de créer un grand groupe », explique Ismaël Ould, le PDG d'Anycommerce.

Question de taille critique

Le patron voit dans cette opération de cession une jolie conclusion pour l'entreprise qu'il dirige et qui s'est déployée en plateforme SaaS, apportant de solutions de paiement unifié, et notamment de self checkout aux retailers, entre autres pour la Fnac ou Casino. Dernièrement, c'est sa solution de caisse libre-service qu'elle pré-déployait auprès de certains magasins de l'enseigne de grande distribution. Cet outil est présenté comme luttant contre les tentatives de fraude lors du passage en caisse.

Le vol et la fraude représentent chaque année 2% du chiffre d'affaires réalisé par les enseignes de grande distribution. Et le sujet de la caisse automatique intelligente est aussi très regardé par les majors comme Amazon...

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Du côté de Chapsvision, c'est une nouvelle croissance externe à intégrer. De fait, l'entreprise dirigée par Olivier Dellenbach multiplie les opérations du genre. En juin dernier, l'entreprise toulousaine Goetrend, spécialiste de l'intelligence économique et concurrentielle, avait rejoint le groupe, quelques mois après Qwam, acteur de la valorisation de données. En 2022, c'est le logisticien du dernier kilomètre, Notico qui avait également intégré le portefeuille du groupe basé à Suresnes.

« Nous voulons apporter de la valeur dans chaque industrie que nous adressons en proposant une offre la plus complète et la plus intégrée possible », explique Olivier Dellebach, aussi bien sur le segment Retail que finance ou solutions étatiques.

Répondre aux évolutions du retail

Le rachat d'Anycommerce intervient alors que le secteur retail est particulièrement secoué. Outre le redressement ou la liquidation judiciaire de nombreuses enseignes connues comme San Marina, Pimkie, Kookaï ou Naf Naf, l'e-commerce aussi, bien qu'ayant enregistré une croissance de 10,5% en 2023, fait face à une modification de la consommation, l'obligeant à une réorientation de ses investissements.

Une période de remise en question « où les entreprises ont envie de resserrer le nombre de partenaires technologiques et de migrer vers des sociétés proposant des offres complètes », analyse Olivier Dellenbach, qui estime également que, désormais, la prime à l'innovation a laissé place à la rentabilité.

« Nous avons vu l'émergence de nombreuses startups qui n'ont pas forcément délivré, notamment sur leur promesse technologique ».

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Cette intégration est aussi un joli coup pour la French Tech, Anycommerce comme Chapsvision étant membres du FT 120. « C'est un écosystème qui peut aussi être un vivier d'opportunités et de rencontres », s'enthousiasme Olivier Dellenbach, qui avoue déjà regarder de possibles prochaines opportunités d'acquisition, « dans le retail ou dans d'autres domaines ».

Considérée comme le « Palentir français », Chapsvision a réalisé en 2023 une levée de fonds de 90 millions d'euros, afin d'accompagner son appétit de croissance. Le groupe, qui employait 800 personnes avant le rachat d'Anycommerce, dispose désormais d'un effectif de plus de 1.000 personnes pour un chiffre d'affaires 2023 de 200 millions d'euros.