Carmat en quête de fonds. L'entreprise française, qui développe un cœur artificiel total depuis 2008, annonce ce vendredi 26 février le lancement d'une opération d'augmentation de capital pour un montant initial de 50 millions d'euros. En cas de succès, cette levée de fonds pourrait grimper jusqu'à 57,5 millions d'euros, selon un communiqué de presse de la startup. A date, quatre actionnaires actuels se sont déjà engagés à souscrire pour un montant total de 10 millions d'euros.
L'objectif : financer ses activités jusqu'à mi-2022, étant donné que l'entreprise déclarait début janvier avoir suffisamment de cash pour tenir jusqu'au troisième trimestre 2021 seulement.
Dans le détail, 45% des fonds récoltés seront alloués à "accélérer la montée en cadence de sa production et démarrer la commercialisation de son cœur artificiel en Europe au deuxième trimestre 2021", précise Carmat, selon qui le marché potentiel s'élève à 2.000 patients par an rien qu'en Europe.
Début janvier, la startup expliquait vouloir cibler prioritairement l'Allemagne et la France, qui représentent à elles seules "55% du marché européen des dispositifs d'assistance circulatoire mécanique", selon Carmat. Pour alimenter le marché, l'entreprise de 200 salariés doit donc augmenter ses capacités de production. En janvier, elle déclarait vouloir produire dix prothèses par mois, contre quatre en juin dernier.
Financer des études en France et aux Etats-Unis
Environ 40% des fonds permettront d'assurer la continuité des activités (recherche et développement, fonctions support...) Enfin, les 15% restants financeront des études. Aux Etats-Unis, où l'entreprise espère commercialiser son cœur artificiel à horizon 2024, une étude de faisabilité doit être menée sur dix patients. Les implantations devraient commencer à la fin du premier trimestre.
En France, les fonds permettront de financer en partie une nouvelle étude clinique, baptisée "EFICAS", dont le coût total est de 20 millions d'euros. Depuis la première opération à l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris en 2013, seuls 19 patients ont profité du dispositif de Carmat dans le monde. Car l'entreprise a eu un parcours sinueux.
En 2016, elle avait été contrainte de suspendre son essai clinique, après la mort d'un cinquième patient greffé, et à la demande de l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). En octobre 2018, rebelote. La société avait suspendu son essai clinique en cours en Europe en raison de données laissant apparaître des risques de dysfonctionnement des prothèses. Après des modifications dans la production des cœurs artificiels, l'ANSM lui a donné le feu vert en octobre dernier afin de pouvoir reprendre les implantations en France.
Négocier une prise en charge par l'Assurance-maladie
Cette nouvelle étude clinique doit lui permettre de greffer 52 patients, de profils différents, pour démontrer que le cœur artificiel "fait épargner de l'argent par rapport à traitement long ou à un greffon humain", soulignait Stéphane Piat, directeur général de Carmat, en janvier. Si la question du coût "n'était pas un problème" dans la première phase de recherche selon Carmat, celle-ci se pose désormais pour l'étape cruciale de la commercialisation.
Avec cette étude clinique, la startup souhaite donc pouvoir initier les discussions pour la prise en charge des implantations par l'Assurance-maladie en France et à l'étranger. Carmat, qui ne communique pas le prix précis, estime que son cœur artificiel sera "vraisemblablement plus élevé que 150.000 euros". Un prix unique sera défini pour toute l'Europe.
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