La startup de la semaine : Kickmaker, une micro-usine dédiée à l'industrialisation de produits tech

Toutes les semaines, La Tribune braque les projecteurs sur une pépite méconnue de la French Tech. Cette semaine, Kickmaker. Grâce à sa micro-usine parisienne, l'entreprise aide ses clients - startups, PME et grands groupes - dans le processus d'industrialisation de leurs produits tech. Lancé en 2016, Kickmaker souhaite désormais amorcer son expansion européenne.
Anaïs Cherif
Au sous-sol de ses locaux, situés dans le 14ème arrondissement de Paris, la startup Kickmaker dispose d'une micro-usine de 300 mètres carrés.
Au sous-sol de ses locaux, situés dans le 14ème arrondissement de Paris, la startup Kickmaker dispose d'une micro-usine de 300 mètres carrés. (Crédits : DR)

Des bureaux, des salles de réunion et des couleurs vives sur les portes. De prime abord, les locaux de Kickmaker, situés dans le 14ème arrondissement de Paris, ressemblent à ceux de n'importe quelle autre startup. Mais au sous-sol, boîtes à outils, imprimantes 3D, postes de soudure, étuve ou encore machine de "drop test" occupent les 300 mètres carrés de sa micro-usine.

Lancée en 2016, Kickmaker accompagne ses clients dans l'industrialisation des leurs produits tech. A la tête de la startup, Eric Elmlas - ancien directeur de l'industrialisation chez Aldebaran (à l'origine des robots humanoïdes Nao et Pepper) - et Vincent Despatin - ancien responsable des opérations d'Altran en Chine. Les deux cofondateurs se sont rencontrés en 2011, "en plein essor des plateformes de crowdfunding", raconte Vincent Despatin.

"En bons geeks, nous commandions des produits hardware sur différentes plateformes. Au bout de quelques mois, nous faisions le même constat : dans le pire des cas, les produits n'étaient jamais livrés ; dans le meilleur des cas, nous recevions de la camelote industrielle", affirme Vincent Despatin.

Les deux entrepreneurs remarquent alors "une offre d'accompagnement pléthorique pour l'innovation et le design des produits, souligne le cofondateur, mais il y avait un manque réel de conseil pour la phase industrialisation - du prototype à la production de masse." Une étape pourtant cruciale, notamment pour les jeunes startups pour qui un échec d'industrialisation peut être fatal.

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Un accompagnement entre 9 à 15 mois

C'est pourquoi Kickmaker aide ses clients à travailler sur la maturité technologique et industrielle de la fabrication de leurs produits, dans le domaine des drones et robots, des objets connectés, des nouvelles mobilités et du matériel médical. Au-delà de ses bureaux parisiens, elle dispose de locaux à Lyon depuis 2016 et en Chine (Shanghai et Shenzhen) depuis 2017. La micro-usine, elle, a été inaugurée en juillet seulement.

"Nous avons créé notre micro-usine car c'est extrêmement compliqué de trouver des industriels qui acceptent de réaliser des pré-séries. Bien souvent, il faut s'engager dès le début sur un volume de production. Or, pour nos clients qui développent de nouveaux produits, c'est difficile de se projeter à si long terme", explique Vincent Despatin.

La startup de 130 salariés - dont 120 ingénieurs et techniciens - accompagne généralement ses clients entre 9 à 15 mois. "Nous sommes une équipe de recherche et développement externalisée pour nos clients", estime Vincent Despatin. "Notre usine nous sert d'outil de production mutualisé pour détecter des problèmes et réaliser des pré-séries."

Du prototype au suivi de qualité en usine

Par exemple, la startup peut se baser sur un prototype envoyé par l'un de ses client. Les ingénieurs Kickmaker vont alors le démonter, l'analyser pour trouver d'éventuels "bugs" et trouver des pistes d'amélioration. Cela va permettre de réaliser des "premiers prototypes unitaires, avec des technologies peu coûteuses comme de l'impression 3D, pour s'assurer de la fonctionnalité et de la viabilité du produit", explique Eric Elmlas.

"La deuxième étape consiste au développement du produit : sélectionner un type de carte électronique, confectionner une coque adaptée..." Le but est de déterminer la faisabilité industrielle du produit et commencer à affiner le coût de revient. "Nous produisons alors entre 5 à 10 pièces avec un usinage et des matériaux plus aboutis pour avoir une idée du rendu final", précise Eric Elmlas.

La troisième étape consiste à réaliser un cahier des charges précis pour répondre aux spécificités de l'usine sélectionnée pour la production. Enfin, la dernière étape est le lancement de la production avec l'usine sélectionnée, où Kickmaker assure un contrôle de suivi de qualité.

10 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2019

Kickmaker cible aussi bien les startups, que les PME et les grands groupes. "Peu importe la taille de l'entreprise, il s'agit davantage du profil. Nous travaillons avec des clients novices, qui développent pour la première fois un produit au cœur de leur stratégie ou au contraire, qui déploient une diversification de produit où ils n'ont pas d'expertise particulière. Par exemple, cela a été le cas avec la tirelire connectée de La Poste", détaille Vincent Despatin. "Nous travaillons également au développement de produits forts, comme nous avons pu le faire avec SoftBank Robotics ou Parrot, pour aider à envisager de nouvelles solutions."

Au total, Kickmaker revendique plus de 60 clients à date (l'Oréal, Eiffage, Atos, Devialet, LVMH...) et l'industrialisation de plus d'une trentaine de produits lancés sur le marché. Le business model de Kickmaker repose sur "la facturation de jours de prestation intellectuelle, à savoir les heures d'ingénierie passées sur les projets", souligne le cofondateur. La startup, qui dit être rentable, revendique un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2019.

La jeune pousse a annoncé une levée de 5 millions d'euros en série A en janvier. Cette rentrée d'argent frais va lui permettre de recruter 100 salariés courant 2020. C'est pourquoi Kickmaker est en train de déménager dans de nouveaux locaux de 1.500 m² - dont 900 m² pour la surface de l'usine - dans le 15ème arrondissement de Paris. Enfin, la startup souhaite amorcer son expansion européenne avec l'ouverture de six bureaux d'ici 2024.

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 21/02/2020 à 19:37
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Ca m'est arrivé dans les années 80 de se retrouver avec un ami mécanicien à l'ancienne aussi polyvalent en mécanique que moi en électrique électronique pneumatique face à un ingénieur et un bts sans la moindre connaissance pratique, ça s'est bien pas...

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