Blockchain : une technologie au service d'usages réels et vertueux ?

OPINION. Chaque industrie connait son momentum, ses grandes années de mutation. Nous sommes dans celles des moyens de paiement qu'il s'agisse de web1, de web2 ou de web3. D'ailleurs, les Gafam ne s'y trompent pas et chacun veut sa part du gâteau. (*) Par Jérémi Lepetit, fondateur de retreeb.
(Crédits : DR)

Une multitude, voir une infinité de trajectoires sont encore possibles pour la technologie de la blockchain. Elle semble cependant s'installer, comme ce fut annoncé, comme l'une des nouvelles pierres angulaires de l'infrastructure technique du Web mondial. La blockchain sera partout et dans toutes les industries : healthTech, Legaltech, LuxTech, AgriTech, Edutech, etc. Et bien sûr les Fintech.

Aussi quand il s'agit de parler du futur de la blockchain, je ne m'aventure pas dans la prédiction mais toujours dans cette zone de quasi-certitude (la certitude absolue n'existant pas) en termes de trajectoire.

Blockchain : une technologie infrastructurelle pour un usage réel

La blockchain est une technologie infrastructurelle. Une technologie au service d'êtres humains animés par des intentions diverses. Les "Layers 1", acteurs de l'architecture principale de la blockchain, sont donc des surcouches technologiques, des variantes plus ou moins complexes d'une même infrastructure.

Dans l'histoire de l'homme, les technologies d'infrastructures ont systématiquement amené à la création d'un écosystème de technologies applicatives autour d'elles. D'ailleurs, sans grande récompense le plus souvent pour leur père créateur. L'inventeur de la roue n'a probablement rien gagné contrairement à ceux qui ont développé le commerce et des empires grâce à elle. Idem pour la machine à vapeur ou la technologie du forage. Contrairement aux entreprises qui ont su les exploiter et donner naissance aux grandes fortunes industrielles.

Il en va de même pour Internet. Les chercheurs civils et militaires qui ont inventé Internet sont inconnus, pourtant aujourd'hui nous sommes tous clients des géants du numérique comme Facebook-Meta, PayPal, Tencent, Google, Alibaba, Amazon & co. Tous ces services reposent sur internet et ses multiples couches technologiques infrastructurelles additionnelles. Il en va de même pour la réalité virtuelle. Les OCULUS de Facebook-Meta, comme tous les casques VR sont des interfaces : ici on ne parle pas de la technologie en elle-même mais d'une porte d'accès à cette technologie d'infrastructure.

In fine, ces technologies d'infrastructures n'ont que deux alternatives possibles : la mise en application ou la disparition. Le contemporain a toujours connaissance des technologies du moment mais personne ne regarde le cimetière de ces dernières, mortes faute d'usage. On ne se souvient que de celles qui ont réussi à créer un écosystème de services et d'applicatifs et donc un usage ancré dans le réel.

Layer 1, première étape vers la couche applicative

Les protocoles blockchain que sont Bitcoin, Ethereum, Fantom, Algorand, Cosmos, Polygon, Avax, Massa, Solana, Tezos, Elrond, Terra (RIP) etc. - des layers 1 - sont en compétition pour jouer les premiers rôles dans le monde de demain. Il y a de la place pour la coexistence car les propriétés sont différentes. Cependant, ils sont en concurrence pour créer autour d'eux ces écosystèmes d'usage et tenter de devenir sur leur segment les blockchains référentes. C'est autour de ces blockchains que sont ou vont se créer les géants du web3 de demain. Les top players de la santé, du gaming, du e-sport, de l'éducation, du transport, de la finance, du web3 sont en gestation ou en devenir et seront naturellement des services applicatifs.

Néanmoins la token économie a ouvert une nouvelle dimension pour les technologies d'infrastructures. La technologie devient intrinsèquement rémunératrice à concurrence de son usage. Le propriétaire du token natif d'un layer 1 détient en quelque sorte un droit de propriété intellectuelle sur la technologie lui donnant droit à un mécanisme de revenu partagé avec l'ensemble des propriétaires, indexé sur l'usage. Imaginez que vous ayez investi dans le token H20 du projet « machine à vapeur » à l'ère MECA 3.0 et prendre quelques pennys à chaque tour de piston d'un moteur. L'affaire serait belle. Mais, malgré tout, sans comparaison possible avec celui qui produit une manufacture à haute valeur ajoutée grâce à la technologie sous-jacente.

Dans la finance la comparaison pourrait se faire entre Visa et Goldman Sachs. Bien que Visa ne soit pas une technologie d'infrastructure, c'est un service plus proche de l'infrastructure que Goldman Sachs qui est une des très nombreuses banques d'affaires qui utilisent, entre autres, Visa. Sur Q1 2022 le chiffre d'affaires de Goldman Sachs était de 14,3 milliards de dollars contre 7,20 milliards pour Visa. L'applicatif est le sens de l'histoire de toute technologie.

Web3 : l'analogie du nouveau monde

Si le web3 est un nouveau domaine d'applications technologiques, alors il est intéressant de faire le parallèle avec la découverte d'un nouveau monde. Faisons une analogie entre la conquête du web3 et la conquête de l'Amérique du XV -ème au XIXème siècle. Les premiers colons ont d'abord tâtonné, pris contact, combattu puis rapidement posé les infrastructures de ce qui allait devenir : les villes, les routes, les ponts, les voies de chemins de fer, etc. Les blockchains, sont les villes, les routes, les voies ferrées du web3. Et entre 2014 et 2020 les entrepreneurs du web3 étaient les colons venus poser les infrastructures de ce nouveau monde. Et comme pour les colonies, celles-ci sont en concurrence les unes avec les autres pour prendre l'ascendant D'autres suivront mais maintenant que les infrastructures sont en nombre et en performances suffisantes, c'est une nouvelle vague d'entrepreneurs colons qui partent conquérir ce nouveau monde pour y apporter la couche applicative et de services indispensables à son adoption et son essor.

Mais ce nouveau monde, comme l'Amérique avant lui avec l'Europe, n'est pas pour autant déconnecté de l'ancien monde. Les applications qui prendront le leadership du web3 sont celles qui feront le pont entre ces 2 mondes et sauront amener les populations à l'usage sans friction.  Et ce nouveau monde a besoin de services de santé, d'assurance, de logistique, d'éducation, de juridique... et de paiement. Ça aussi c'est de la balistique.

Blockchain, la possibilité d'une finance éthique

Comme le dit l'adage avant l'heure, il n'est pas l'heure et après l'heure il n'est plus l'heure. Chaque industrie connait son momentum, ses grandes années de mutation. Nous sommes dans celles des moyens de paiement qu'il s'agisse de web1, de web2 ou de web3. D'ailleurs, les Gafam ne s'y trompent pas et chacun veut sa part d'un gâteau promis à la croissance (+30% d'ici 2023).

Mais c'est aussi, et surtout, la possibilité d'une approche éthique et solidaire du paiement enraciné dans le modèle économique. Un changement profond de paradigme du capitalisme financier : make as much profit as possible, vers un nouveau paradigme : make as much profit as possible to share. Créer un système de paiement performant, rentable et vertueux. Les trois piliers de la nouvelle équation économique : répondre au besoin, générer du profit, résoudre les enjeux sociétaux. Équation, à mon sens, devenue indispensable à toute forme de durabilité économique.

Si les incertitudes sont nombreuses et les challenges immenses, l'aventure s'annonce passionnante.

Nous ne sommes qu'au début de l'histoire de ce nouveau monde.

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Commentaire 1
à écrit le 24/05/2022 à 13:20
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Blockchain : une dépense d'énergie sans usage, dans le monde du réels et du vertueux !

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