Facebook planche sur une page d'actualité "bis" pour les articles "dignes de confiance"

Facebook devrait présenter d'ici à la fin 2019 une nouvelle page d'actualités réservée aux articles "de haute qualité et dignes de confiance", a annoncé lundi Mark Zuckerberg. Le patron du réseau social dit aussi vouloir offrir une meilleure rémunération aux médias, lesquels l'accusent régulièrement de s'accaparer leurs articles sans contrepartie équitable.
Anaïs Cherif
(Crédits : Eric Gaillard)

Facebook veut renforcer sa mainmise sur les médias. Mark Zuckerberg, Pdg et co-fondateur du plus grand réseau social au monde, a annoncé lundi travailler à la création d'une nouvelle "page d'actualités" sur la plateforme. L'objectif avancé : soutenir financièrement le journalisme "de haute qualité et digne de confiance", a expliqué le jeune milliardaire lors d'un échange avec Mathias Döpfner, Pdg du géant allemand des médias Axel Springer, retransmis dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook.

Ce nouveau service devrait être disponible d'ici à la fin de l'année 2019. Sans préciser cette nouvelle offre, le patron de Facebook a affirmé qu'elle nécessiterait une sélection de l'information publiée. L'idéal serait de construire cette plateforme en concertation avec les grands groupes de médias, a-t-il estimé. Des discussions seraient en cours pour potentiellement recruter une petite équipe de journalistes éditeurs pour gérer l'actualité cette nouvelle section, selon des sources proches du dossier interrogées par CNN. Une approche qui irait à l'encontre du statut d'éditeur dont Facebook est régulièrement qualifié, mais dont le réseau social s'est toujours défendu. Fidèle à ses habitudes depuis quinze ans, Mark Zuckerberg a par ailleurs réfuté cette qualification, plaidant au contraire pour un statut de partenaire de presse.

Entre "10% à 15% des utilisateurs de Facebook" intéressés

Mark Zuckerberg a précisé que Facebook n'embauchera pas de journalistes pour directement écrire des articles. "Alors, bien sûr, tout ce que nous ferons va être personnalisé", a-t-il souligné. "Mais je me pose une question : quel est le bon niveau de curation que nous devrions avoir pour (...) nous assurer que ce produit peut apporter aux lecteurs des nouvelles de haute qualité ?"

Selon Mark Zuckerberg, entre "10% à 15% des utilisateurs de Facebook, peut-être même 20%" seraient intéressés par un nouvel espace consacré à l'actualité - la grande majorité des 2,3 milliards d'utilisateurs dans le monde préférant toujours "voir ce qu'il se passe dans [la vie] de leurs amis" plutôt que de s'informer.

Le patron de Facebook a affirmé que cette offre pourrait permettre aux groupes de presse de basculer plus facilement vers le numérique grâce à des sources de revenus supplémentaires.

"Il existe une vraie opportunité d'offrir aux éditeurs une meilleure monétisation de leurs contenus grâce à un service d'informations séparé du fil d'actualité" principal de Facebook, a affirmé Mark Zuckerberg. La plateforme "pourrait avoir potentiellement une relation directe avec les éditeurs pour s'assurer que leurs contenus soient disponibles."

Vers des licences d'exploitation avec les médias ?

Interrogé par Mathias Döpfner sur la possibilité que le réseau social puisse payer une licence d'exploitation aux groupes de presse pour financer l'exploitation des articles, Mark Zuckerberg a répondu : "Cela fait sens. Il y a encore beaucoup de détails à régler, mais je suis optimiste et je pense que cela pourrait rendre le service plus durable." Jusqu'ici, Facebook ne souhaitait pas rémunérer davantage les médias, estimant que les médias profitaient de son audience gigantesque.

Cette annonce tombe une semaine après l'adoption par le Parlement européen de la directive très controversée sur le droit d'auteur. Cette directive "copyright" vise à rétablir le rapport de force entre les fameux Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) - devenus des intermédiaires incontournables pour accéder à l'information - et les médias, qui accusent régulièrement les plateformes de profiter gracieusement de leurs articles sans contrepartie. Le nouveau texte instaure, via l'article 15, la notion de "droit voisin" pour les éditeurs de presse, une sorte de déclinaison du droit d'auteur, incitant les plateformes à passer des licences d'exploitation pour mieux rémunérer les médias.

Lire aussi : Droits voisins : le remède se révélera-t-il pire que le mal pour les médias ?

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 02/04/2019 à 15:49
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La puissance financière et le support des GAFA, enfin surtout fb un peu moins Google et encore un peu moins apple peut les mener à financer à terme une information de qualité dont nos médias de masse sont de plus en plus éloignés. Je serais les gars ...

à écrit le 02/04/2019 à 13:49
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Et moi j'invite l'Europe à réfléchir sur un réseau social bis, une sorte de réseau digne de confiance.

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