Les Civic Tech et les pouvoirs publics lancent une alliance mondiale pour sauver la démocratie

Face à la tentation des extrêmes, à la déconnexion citoyenne vis-à-vis de la politique et à la puissance croissance d'acteurs économiques transnationaux comme les Gafa, une quarantaine de startups et d'organisations de la Civic Tech lancent une alliance mondiale pour que les États et les villes s'engagent à recourir à ces nouveaux outils qui réinventent l'exercice de la démocratie. La France, Taïwan et la Ville de Paris sont parmi les premiers signataires institutionnels.
Sylvain Rolland
Le chef de l'État Emmanuel Macron et Axel Dauchez, le président de Make.org, ont annoncé le lancement de l'Initiative pour une Démocratie durable.
Le chef de l'État Emmanuel Macron et Axel Dauchez, le président de Make.org, ont annoncé le lancement de "l'Initiative pour une Démocratie durable". (Crédits : Reuters)

Les Civic Tech, ces startups et organisations qui donnent aux citoyens de nouveaux outils pour peser dans le débat public à l'heure des nouvelles technologies, veulent sortir du bois. Lundi 12 novembre, en marge du Sommet pour la Paix de Paris, le chef de l'État Emmanuel Macron, et Axel Dauchez, le président de Make.org, ont annoncé le lancement de "l'Initiative pour une Démocratie durable". Concrètement, il s'agit de la première alliance, à l'échelle mondiale, entre des Civic Tech, des États et des villes, pour engager les pouvoirs publics à utiliser ces nouveaux outils afin de se reconnecter à leurs citoyens.

Des démocraties fragiles qui ont besoin de réinventer le pacte avec les citoyens

"Partout dans le monde, les démocraties sont de plus en plus fragiles, explique Axel Dauchez à La Tribune. Le désengagement des citoyens, qui laisse la place à des discours extrêmes qui théâtralisent le pouvoir, menace l'existence des démocraties, même des plus solides. Il faut une véritable rupture. Seul un nouveau pacte entre la société civile et les gouvernants peut permettre de ramener une majorité de citoyens vers les valeurs démocratiques."

L'élection récente au Brésil de Bolsonaro, celle du populiste Donald Trump aux États-Unis marquée par les "fake news" et les ingérences étrangères pour en manipuler l'issue, les records d'abstention attendus pour les élections européennes... Partout, l'influence des outils technologiques comme les réseaux sociaux, la puissance des lobbys et la domination économique d'entreprises supranationales comme les Gafa américains (Google, Apple, Facebook, Amazon), renforcent la défiance des citoyens.

"Or, la tech peut être utilisée à des fins positives car des milliers d'initiatives partout dans le monde utilisent le web et les nouvelles technologies pour se réapproprier les institutions et impliquer les citoyens dans le fonctionnement de la vie démocratique".

40 signataires dont 2 États et une ville pour le moment

Ainsi, le but de l'Initiative pour une "démocratie durable" est, enfin, de tirer le constat que beaucoup de ces nouveaux outils fonctionnent et qu'il faut désormais passer à l'échelle supérieure en impliquant davantage les pouvoirs publics.

Pour l'heure, 40 organisations ont signé la "Charte d'alliance entre les pouvoirs locaux et les Civic Tech". Lancement oblige, l'essentiel des signataires sont moins des États et des villes que des Civic Tech qui ont pignon sur rue, comme les Français Make.org (plateforme de consultation citoyenne), Fluicity (plateforme de participation citoyenne dans les villes), Voxe.org (comparateur de programmes), ou encore Parlement et citoyens (vérification de l'action parlementaire).

Mais l'impulsion est bien lancée puisque deux pays et une ville ont déjà signé : la France et Taïwan du côté des pays, Paris pour les villes. Bien que rares pour l'instant, des personnalités internationales sont aussi du lot, comme Christiano Ferri, le fondateur du Brazilian Congress Hacker Lab, ou Lex Paulson, ancien conseiller de campagne de Barack Obama en 2008.

"Le but est que la France et Taïwan convainquent 20 à 30 pays supplémentaires en 2019 en promouvant la charte dans leurs déplacements à l'international, et que la ville de Paris entraîne avec elle les villes du C40, l'organisation réunissant les 86 villes les plus importantes au monde", ajoute Axel Dauchez.

La charte implique sept engagements pour les Civic Tech, dont rester indépendant et neutre vis-à-vis des pouvoirs, mettre l'innovation technologique au service de la démocratie, transparence du fonctionnement des algorithmes, ou encore respect des données personnelles et de la sécurité des utilisateurs. Les États et les pouvoirs locaux doivent de leur côté s'engager à maximiser l'implication des citoyens dans leur fonctionnement en recourant à ces outils le plus possible, aider au développement de l'innovation démocratique et lutter contre la fracture numérique qui empêche les populations les plus précaires d'utiliser les ces nouveaux outils.

Le succès de l'Initiative dépendra de sa capacité à convaincre États et villes dans le monde entier de la rejoindre et d'en appliquer sérieusement les principes. Dans le cas contraire, les sceptiques des Civic Tech y verront une nouvelle preuve de son incapacité à être utilisée à grande échelle.

Sylvain Rolland

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Commentaires 15
à écrit le 14/11/2018 à 14:35
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Je suggère à tous ces acteurs de mettre de cote leur bien-pensance, d'interdire les lobbys (exemple parfait de l'exercice non democratique) en les condamnant lourdement, en interdisant la commission anti-europeenne (non elue et donc tres anti -democr...

à écrit le 13/11/2018 à 23:56
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Toutes ces technologies sans intérêt n’auront aucun effet sur le « sauvetage » de la démocratie. Car, pourquoi sont-elles en danger ? Celles-ci sont galvaudées et accaparées par une caste d’oligarques qui possèdent les médias et décident les pantins ...

à écrit le 13/11/2018 à 20:14
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Concrètement ça va changer quoi ? Aurions nous enfin droit à la parole ? Je n’y crois guère ...

à écrit le 13/11/2018 à 20:03
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vous n'êtes pas sympas avec Macron de l'avoir représenter dans l'attitude "Jupiter surveillant la ligne bleue des Vosges" ....

à écrit le 13/11/2018 à 19:46
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La Démocratie est aujourd'hui une tyrannie des minorités, où le fait majoritaire est gommé par l'émotion colportée par des media intéressés, et utilisée par des politiciens malhonnêtes..L'utilisation de nouveaux moyens techniques n'y changera probabl...

à écrit le 13/11/2018 à 17:13
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Macron l homme a rustines 👎

à écrit le 13/11/2018 à 16:29
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Voilà une autre forme de dictature pour museler les peuples sous la forme d'une démocratie mal comprise.

à écrit le 13/11/2018 à 11:33
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SANS LA LIBERTÉ DE CONTRÔLER LES ÉLUS (HORS DU CHAMPS DE L'ÉLECTION) IL N'EST POINT DE DÉMOCRATIE.

à écrit le 13/11/2018 à 9:59
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Peut on faire confiance a quelque chose décidé d'en "haut" se basant sur une soit disant "pédagogie" qui ne profite qu'a ceux qui ont les moyens de communiquer?

à écrit le 12/11/2018 à 21:11
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Des vrais startups ont créé des logiciels sur smartphone qui permettent à tout citoyen de prévenir l'administration d'anomalie présente sur le domaine public : ornières sur les trottoirs ou voie de circulation, fuites, obstacles, accidents, etc. Aucu...

à écrit le 12/11/2018 à 18:39
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Nos hommes politiques jouent depuis 40 ans aux petits chimistes, aujourd'hui ils créent des outils numériques pour faire un écran de fumée, mais cela ne va pas empêcher que ça leur explose à la figure. Cherchez l'erreur.

à écrit le 12/11/2018 à 17:53
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Perso, j’ai surtout l’impression que quoi que l’on fasse et quoi que l’on dise: notre personnel signera des accords commerciaux pas vraiment bénéfiques pour le quidam moyen hors grande agglomération, ne luttera pas contre les phénomènes migratoires (...

à écrit le 12/11/2018 à 17:21
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ils prétendent vouloir proteger la democratie alors qu"ils ne la respectent pas; nos deputes ne respectent pas leurs electeurs le President ne respect pas les deputes l'etat absorbe 56 % DU PIB !!! la democratie n'est que theorique

à écrit le 12/11/2018 à 16:48
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En lisant cela, je ne m'étonne guère de l'attractivité des extrêmes : je cite " à la déconnexion citoyenne vis-à-vis de la politique". J'aurais pourtant juré que c'était l'inverse...

à écrit le 12/11/2018 à 14:02
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Heu... le plus sage serait d'éloigner notre hurluberlu de toutes les bonnes idées étant donné que rien que sa présence la fera immédiatement détester. 95% des français sont pour le droit à l'euthanasie, s'il la validait (aucune chance, trop d'in...

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