Avec le rachat du groupe Lagardère, Vivendi a passé un cap. Son chiffre d'affaires a bondi, avec cette opération, de 72% à 16,5 milliards d'euros. Son nombre de salariés, lui, a presque doublé, à 66.000 collaborateurs. Le groupe, dont la capitalisation boursière a passé la barre des 10 milliards d'euros, doit ainsi faire son grand retour dans le CAC le 18 décembre prochain. Mais le géant des médias contrôlé par Vincent Bolloré souhaite encore grandir. Et aujourd'hui, il considère que sa situation de conglomérat comme un handicap pour ses ambitions.
C'est la raison pour laquelle il a annoncé, mercredi à la clôture des marchés, qu'il songeait à découper ses activités en plusieurs activités distinctes, afin de les coter chacune, et séparément, en Bourse. « Vivendi subit une décote de conglomérat très élevée, diminuant significativement sa valorisation et limitant ainsi ses capacités à réaliser des opérations de croissance externe pour ses filiales », affirme le groupe dans un communiqué. A en croire les analystes d'Oddo BHF, sa « décote de holding » serait, aujourd'hui, de 48%.
« Exploiter d'autres opportunités de consolidation »
L'objectif est de dissocier clairement ses actifs les plus importants. Parmi eux, il y a évidemment Canal+. Le groupe de télévision payante a fait plusieurs emplettes ces dernières années. « Après avoir fait l'acquisition de M7, puis de SPI, la société a pris des participations stratégiques dans des entreprises telles que Multichoice, VIU ou encore Viaplay, démontrant ainsi sa capacité à identifier et saisir des opportunités prometteuses sur toutes ses géographies », souligne Vivendi. Son état-major estime que Canal+ est désormais en « position favorable » pour « exploiter d'autres opportunités de consolidation à l'échelle internationale ».
Idem pour le géant de la communication Havas. « Le groupe a mené un rythme soutenu d'acquisitions ciblées au cours des deux dernières années, renforçant ainsi son champ d'expertises et son maillage géographique, et lancé de nombreuses solutions innovantes », affirme Vivendi. Cette « belle dynamique », salue-t-il, « ouvre la voie à une accélération de son développement ».
Les investisseurs applaudissent
Un troisième pôle, plus hétérogène, verrait le jour. Cette « société d'investissement », comme Vivendi l'a pour l'instant baptisé, détiendrait « des participations financières cotées et non cotées dans les secteurs de la culture, des médias et du divertissement ». Elle posséderait, en particulier, les 60% de Vivendi dans Lagardère, et ses activités dans l'édition (avec la pépite Hachette), le « travel retail » (les boutiques dans les gares et aéroports) et les médias (Le JDD, Europe 1 et Paris Match).
Au final, cette scission « donnerait à l'ensemble des activités les moyens humains et l'agilité financière nécessaires à leurs développements », argue Vivendi. Le groupe ne précise pas quand il prendra sa décision. « Un point sur l'avancement de l'étude de ce projet de scission et de sa faisabilité sera fait en temps voulu », affirme-t-il. Les investisseurs, eux, applaudissent. En fin d'après-midi, le cours de Bourse de Vivendi progressait de 10,20%, à 9,87 euros. Si cette scission va à son terme, « les actionnaires actuels se retrouveraient alors actionnaires de trois entités mieux valorisées », expliquent les analystes d'Oddo BHF.
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