Mounir Mahjoubi est revenu à Bercy, mais il garde la DINSIC et y place ses pions

Le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, est passé du Matignon à Bercy lors du dernier remaniement. Mais il garde la mainmise sur la direction interministérielle du numérique et des systèmes d'information de l'Etat (DINSIC), l'organe central pour piloter la politique numérique. Et il y place ses hommes : Nadi Bou Hanna remplace Henri Verdier en tant que directeur pendant que son ancien conseiller, Côme Berbain, devient directeur des technologies numériques de l'Etat.
Sylvain Rolland
Mounir Mahjoubi et Nadi Bou Hanna, le nouveau directeur de la DINSIC.
Mounir Mahjoubi et Nadi Bou Hanna, le nouveau directeur de la DINSIC. (Crédits : Reuters)

C'est l'heure des chaises musicales pour le numérique au sommet de l'Etat. Suite au remaniement ministériel de la semaine dernière, Mounir Mahjoubi a gardé son poste de secrétaire d'Etat au Numérique, mais il a changé de tutelle : auparavant placé directement sous l'autorité du Premier ministre pour mener "une action transformatrice générale" et avoir "davantage de poids" pour engager les ministères, le voilà revenu à Bercy, comme ses prédécesseurs, sous l'autorité de Bruno Le Maire. En réalité, le passage à Matignon a quelque peu compliqué la tache de Mounir Mahjoubi en l'éloignant des administrations et de certains dossiers stratégiques comme les télécoms, comme le craignaient ses prédécesseures Axelle Lemaire et Fleur Pellerin. Retour donc à Bercy, mais avec un petit cadeau sous le bras : le pilotage politique de la DINSIC, la direction interministérielle du numérique et des systèmes d'information de l'Etat. C'est ainsi Mounir Mahjoubi qui a annoncé les changements de pilotage de cet organe pivot pour la politique numérique de la France.

Mahjoubi garde la main sur la DINSIC et éloigne Henri Verdier

Non seulement le secrétaire d'Etat au Numérique garde le pilotage de la DINSIC, mais il renforce aussi sa mainmise dessus en installant Côme Berbain, précédemment l'un de ses conseillers dans son cabinet, comme directeur des technologies numériques de l'Etat, rattaché au DINSIC.

Une bonne entente entre le ministre et le directeur de la DINSIC étant primordiale, le précédent directeur, Henri Verdier, est recasé ambassadeur de la France pour le numérique, un poste précédemment occupé par David Martinon. Les relations entre les deux hommes étaient réputées tendues ces derniers mois, et le secrétaire d'Etat au Numérique avait déjà dévoilé il y a quelques semaines qu'il fallait s'attendre à des changements à la tête de la DINSIC.

En tant que nouveau directeur interministériel du numérique et du système d'information et de communication de l'État, Nadi Bou Hanna devra animer et coordonner la transformation numérique de ses services. L'accélération de la modernisation de l'Etat, levier d'économies d'échelle et d'efficacité du service public, est l'un engagement de campagne du président Emmanuel Macron, et l'un des dossiers pilotés par Mounir Mahjoubi.

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Nadi Bou Hanna, un profil rare de fonctionnaire/entrepreneur

Dans la lignée des nominations de Salwa Toko au Conseil National du numérique  (CNNum) et de Kat Borlongan à la tête de la Mission French Tech, Mounir Mahjoubi a nommé un expert de son domaine qui représente aussi la diversité en choisissant Nadi Bou Hanna.

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Effectivement, le nouveau chef d'orchestre du numérique dans l'Etat présente un double profil à la fois de haut fonctionnaire -indispensable pour naviguer dans les complexités et les jeux politique de l'administration- et d'entrepreneur du numérique. Un ancrage de terrain et une culture de l'efficacité qui correspondent à la philosophie de l'action publique impulsée par Emmanuel Macron et reprise par Mounir Mahjoubi, lui-même à la fois homme politique et entrepreneur.

Dans son passé de haut fonctionnaire, Nadi Bou Hanna a été chef de mission chargé de la douane électronique à la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI), de 2000 à 2005. Il a ensuite rejoint le ministère des Affaires étrangères, en tant que directeur adjoint des systèmes d'information, d'août 2005 à décembre 2007. C'est ensuite qu'il est devenu entrepreneur, en fondant puis dirigeant trois sociétés qui existent encore aujourd'hui : la société de conseil Adminext, l'éditeur de logiciels 6Tzen, et la startup Workibox.

Bou Hanna très critique sur la "réglementation obscure et anxiogène" et la "paperasserie administrative"

L'oiseau ne tombe jamais loin du nid : ces trois entreprises évoluent dans le domaine de la transformation numérique de l'administration et de ses démarches. La première, Adminext, propose aux services publics des prestations de conseil en stratégie et transformation numérique. La deuxième, 6Tzen, commercialise auprès des entreprises des logiciels de dématérialisation des processus publics.

La troisième, Workibox, se définit comme "le remède à la phobie administrative de tous les entrepreneurs, confrontés à une réglementation obscure et anxiogène, noyés sous des tâches de gestion innombrables" [SIC], en leur proposant une box pour les "décharger de la paperasserie administrative" pour se concentrer sur leur business. Une charge virulente et aujourd'hui un peu ironique contre l'inefficacité des services de l'Etat, que Nadi Bou Hanna devra donc s'employer à corriger...

Lancement de Tech.gouv, le réseau social de l'Etat

Mounir Mahjoubi a profité de ces nominations pour annoncer le lancement de Tech.gouv, un réseau social privé destiné aux services de l'Etat, et notamment aux responsables du numérique dans chaque ministère. Cet outil devra "diffuser collectivement la même culture, celle d'une technologie qui a pour but d'améliorer la vie des gens, celle de l'agilité qui permet de répondre au plus près des besoins et celle du collectif ", a précisé le secrétariat d'Etat au Numérique.

Le cabinet de Mounir Mahjoubi a également rappelé les grandes finitions de la politique numérique de l'Etat, conformément aux engagements déjà annoncés : définir une "identité numérique unique" pour se connecter avec un seul identifiant à l'ensemble des services publics ; pouvoir effectuer à l'horizon 2022 "100% des démarches administratives en ligne", ou encore permettre aux entreprises et aux particuliers de fournir "zéro justificatif" dans leurs relations avec l'administration, "grâce à une meilleure communication entre les différents services de l'Etat".

La "multiplication des projets de startups d'Etat", l'accélération de l'ouverture des données, la formation des agents de l'administration aux outils numériques, ou encore le déploiement de l'intelligence artificielle au cœur des services publics, sont également des priorités affichées par Mounir Mahjoubi pour la DINSIC.

Sylvain Rolland

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Commentaires 4
à écrit le 28/10/2018 à 11:20
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Ce Monsieur Nadi Bou Hanna n'a jamais publié les comptes de ses sociétés ... Encore un haut fonctionnaire qui se soustrait aux obligations légales ... Inquiétant, très inquiétant !

à écrit le 27/10/2018 à 1:17
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Ce Monsieur Nadi Bou Hanna n'a jamais publié les comptes de ses sociétés ... Encore un haut fonctionnaire qui se soustrait aux obligations légales ... Inquiétant !

à écrit le 26/10/2018 à 19:03
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Lorsque l'on constate que les services de Bercy sont incapables de mettre en place un paiement par carte bancaire, pour le paiement de la TVA, et des impôts des TPE PME en 2018, près de 50 ans après la mise en place des moyens CARTE BANCAIRES ...!...

le 27/10/2018 à 9:38
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Ces deux pistonnes de la micronie devraient venir voir comment fonctionnent l'Administration et services dans leur ensemble en Asie. Tout, est rigoureusement organise autour de la fibre. En France c'est le neolithique, pas moins.

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