La Chine et le Canada ont mis un terme à la crise diplomatique qui les oppose depuis maintenant trois ans et baptisée par les médias "la diplomatie des otages". Le Canada a libéré, samedi, Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur du géant chinois des télécoms. De son côté, la Chine a libéré Michael Kovrig et Michael Spavor, deux canadiens qui avaient été incarcérés par Pékin, quelques jours seulement après l'arrestation de Meng Wanzhou. Les deux pays s'accusaient l'un l'autre d'arrestations "politiques".
Infraction sur l'embargo sur l'Iran
Meng Wanzhou avait été interpellée fin 2018 alors qu'elle était en voyage d'affaire au Canada, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la justice américaine, en vertu d'un accord de coopération judiciaire entre Washington et Ottawa. La justice américaine accusait la numéro 2 du géant chinois des télécoms d'avoir menti à un cadre de la banque HSBC lors d'une rencontre à Hong Kong en 2013, à propos des liens entre le groupe chinois et une filiale nommée Skycom qui vendait des équipements à l'Iran, exposant l'établissement à des sanctions américaines.
Selon le ministère de la Justice, Mme Meng a reconnu qu'elle avait fait à l'époque "de fausses déclarations" et "dissimulé la vérité" au cadre de HSBC sur les "activités de Huawei en Iran". Depuis, elle a plaidé son innocence.
Un accord avec la Justice américaine
La libération de Meng Wanzhou est la conséquence d'un accord entre Huawei et le ministère de la justice américain. Ce dernier a proposé de reporter jusqu'au 1er décembre 2022 les "poursuites" engagées depuis fin 2018 contre Meng Wanzhou, notamment pour "complot" en vue de commettre une "fraude bancaire". Cet accord a levé la demande d'extradition de la justice américaine au Canada, et ainsi autorisé la sortie de Meng Wanzhou de son assignation à résidence à Vancouver.
Relations bilatérales durablement abimées
Cette affaire aura empoisonné pendant trois ans les relations bilatérales entre la Chine et le Canada. Pékin accuse Ottawa d'avoir cédé aux pressions américaines pour des raisons purement politiques, jugeant les accusations contre Mme Wanzhou dénuées de tout fondement. Cette décision était survenue au moment où le gouvernement américain, emmené par le président d'alors, Donald Trump, tentait de circonscrire les velléités de Huawei de s'imposer comme le principal équipementier télécom mondial, arguant d'un risque de perte de souveraineté technologique et d'espionnage par Pékin. Les Etats-Unis avaient mis ses alliés européens sous pression pour qu'ils refusent de s'équiper auprès de Huawei. Cité par l'AFP, l'ancien ambassadeur canadien en Chine a estimé que cette affaire laissera des traces dans les relations bilatérales des deux pays.
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