Affaire Huawei : la justice américaine suspend ses poursuites, Meng Wanzhou rentre en Chine

Un accord entre le géant chinois des équipements télécoms et la justice américaine a permis de lever la demande d'extradition de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, arrêtée au Canada fin 2018. De son côté, Pékin a libéré deux canadiens qui avaient été arrêtés quelques jours après. Cette affaire a éclaté au moment où les Etats-Unis tentaient de circonscrire le développement de Huawei, vu alors comme un cheval de Troie de Pékin en Occident.
(Crédits : Jennifer Gauthier)

La Chine et le Canada ont mis un terme à la crise diplomatique qui les oppose depuis maintenant trois ans et baptisée par les médias "la diplomatie des otages". Le Canada a libéré, samedi, Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur du géant chinois des télécoms. De son côté, la Chine a libéré Michael Kovrig et Michael Spavor, deux canadiens qui avaient été incarcérés par Pékin, quelques jours seulement après l'arrestation de Meng Wanzhou. Les deux pays s'accusaient l'un l'autre d'arrestations "politiques".

Infraction sur l'embargo sur l'Iran

Meng Wanzhou avait été interpellée fin 2018 alors qu'elle était en voyage d'affaire au Canada, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la justice américaine, en vertu d'un accord de coopération judiciaire entre Washington et Ottawa. La justice américaine accusait la numéro 2 du géant chinois des télécoms d'avoir menti à un cadre de la banque HSBC lors d'une rencontre à Hong Kong en 2013, à propos des liens entre le groupe chinois et une filiale nommée Skycom qui vendait des équipements à l'Iran, exposant l'établissement à des sanctions américaines.

Selon le ministère de la Justice, Mme Meng a reconnu qu'elle avait fait à l'époque "de fausses déclarations" et "dissimulé la vérité" au cadre de HSBC sur les "activités de Huawei en Iran". Depuis, elle a plaidé son innocence.

Un accord avec la Justice américaine

La libération de Meng Wanzhou est la conséquence d'un accord entre Huawei et le ministère de la justice américain. Ce dernier a proposé de reporter jusqu'au 1er décembre 2022 les "poursuites" engagées depuis fin 2018 contre Meng Wanzhou, notamment pour "complot" en vue de commettre une "fraude bancaire". Cet accord a levé la demande d'extradition de la justice américaine au Canada, et ainsi autorisé la sortie de Meng Wanzhou de son assignation à résidence à Vancouver.

Relations bilatérales durablement abimées

Cette affaire aura empoisonné pendant trois ans les relations bilatérales entre la Chine et le Canada. Pékin accuse Ottawa d'avoir cédé aux pressions américaines pour des raisons purement politiques, jugeant les accusations contre Mme Wanzhou dénuées de tout fondement. Cette décision était survenue au moment où le gouvernement américain, emmené par le président d'alors, Donald Trump, tentait de circonscrire les velléités de Huawei de s'imposer comme le principal équipementier télécom mondial, arguant d'un risque de perte de souveraineté technologique et d'espionnage par Pékin. Les Etats-Unis avaient mis ses alliés européens sous pression pour qu'ils refusent de s'équiper auprès de Huawei. Cité par l'AFP, l'ancien ambassadeur canadien en Chine a estimé que cette affaire laissera des traces dans les relations bilatérales des deux pays.

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Commentaires 2
à écrit le 26/09/2021 à 9:21
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Ou les USA passent la paix trépasse !

à écrit le 25/09/2021 à 12:27
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Il est évident qu'elle devait avoir un truc à se reprocher, tout comme les deux canadiens certainement aussi, mais visiblement un bon deal a été trouvé. Pas facile d'être espion de nos jours avec les moyens technologiques actuels.

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