La crise du coronavirus a fortement impacté les acteurs de la fibre. Tous ont été coupés dans leur élan. Le nez dans le guidon, les industriels s'activaient sur le grand chantier du plan France Très haut débit (PTHD), qui doit apporter une connexion Internet ultra-rapide à tous les Français d'ici la fin 2022. Mais après un exercice 2019 record, où 4,8 millions de locaux ont été raccordé à la fibre, 2020 ne sera pas aussi florissant. La machine industrielle, qui s'est grippée pendant l'épidémie, mettra du temps à retrouver son efficacité. Pour accélérer les choses et respecter les échéances du PTHD, InfraNum, qui rassemble les industriels de la fibre, a proposé ce jeudi un vaste plan de relance. Outre le déploiement du très haut débit, celui-ci vise à accélérer la numérisation du pays.
Ce vaste plan d'investissement s'élèverait à 11,1 milliards d'euros. Il serait soutenu à hauteur de 7 milliards d'euros par les pouvoirs publics - c'est-à-dire l'Etat, les collectivités et l'Europe. Le plus gros volet concerne le chantier de la fibre. Sur ce front, InfraNum estime qu'un investissement de 5,45 milliards d'euros permettrait notamment de tenir l'engagement du très haut débit pour tous en 2022 (dont 80% via la fibre), puis d'assurer, ensuite, la généralisation de la fibre. Alors que 3 millions de foyers et entreprises sont aujourd'hui exclus de tout projet de raccordement à cette technologie, la filière presse, en particulier, l'Etat de mettre la main à la poche, à hauteur de 400 millions d'euros.
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L'autre gros volet de ce plan concerne l'exportation du savoir-faire français en matière d'infrastructures numériques. Le sujet n'est pas nouveau. InfraNum cherche depuis longtemps des débouchés pour la filière une fois que le PTHD sera achevé. D'autres pays européens, comme l'Allemagne, et l'Afrique, pourraient permettre à de nombreux industriels français de poursuivre leur activité, « tant sur les infrastructures du numérique que sur les solutions pour une 'ville durable connectée à la française' ». Coût de cet investissement, qui rassemble des mesures de diplomatie économique, d'élaboration de projets de réseaux de fibre « clé en main », ou de création d'une « marque ombrelle » : 3 milliards d'euros.
Alors que le développement des « smart cities » va crescendo dans le sillage du déploiement de la fibre, de la 4G, et bientôt de la 5G, InfraNum juge que les villes ne doivent pas être les seules à bénéficier du numérique. L'organisation milite pour un « plan de développement », plus large, de « smart territoires », à 1,5 milliard d'euros. Son constat est qu' « aujourd'hui, les projets de smart territoires restent d'ampleur limitée, et se caractérisent par une grande hétérogénéité des projets [...] ce qui nuit à toute industrialisation ». Ainsi, « la mise en œuvre de territoires intelligents concourt directement à la transformation numérique au service du développement durable des territoires notamment au travers de l'éclairage public intelligent, de la mobilité électrique, et des smart grids », souligne InfraNum.
Accélérer la numérisation les TPE et PME
Enfin, l'organisation souhaite des investissements de près d'1 milliard d'euros pour accélérer la numérisation des TPE et des PME, un domaine où la France est depuis longtemps en retard. Elle souhaite aussi disposer de moyens (13 millions d'euros) pour recruter suffisamment de personnels, notamment pour achever le PTHD, mais aussi pour assurer, après, leur reconversion. Désormais, la balle est dans le camp du gouvernement.
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