Mobile : Vodafone sonne la révolte en misant sur de nouveaux équipementiers

Le géant britannique des télécoms a fait le choix de se tourner vers des équipementiers alternatifs à Huawei, Nokia et Ericsson pour déployer une partie de son réseau mobile.
Pierre Manière
Le mastodonte britannique a annoncé, ce lundi, qu’il allait équiper 2.500 de ses tours télécoms en s’appuyant sur les services de Samsung Electronics, Wind River, Capgemini Engineering et Keysight Techologies.
Le mastodonte britannique a annoncé, ce lundi, qu’il allait équiper 2.500 de ses tours télécoms en s’appuyant sur les services de Samsung Electronics, Wind River, Capgemini Engineering et Keysight Techologies. (Crédits : Suzanne Plunkett)

C'est un signal fort. Aujourd'hui, l'écrasante majorité des opérateurs télécoms du monde entier recourt à un choix limité d'équipementiers télécoms. A savoir les trois leaders du secteur que sont le chinois Huawei, le suédois Ericsson et le finlandais Nokia. Mais pour son réseau mobile, Vodafone s'est engagé dans une nouvelle voie. Le mastodonte britannique a annoncé, ce lundi, qu'il allait équiper 2.500 de ses tours télécoms, en s'appuyant sur les services d'acteurs alternatifs. Il s'agit du sud-coréen Samsung Electronics, des américains Wind River et Keysight Technologies et du français Capgemini Engineering. Dans son communiqué, Vodafone affirme vouloir bâtir « l'un des plus grands réseaux 'open RAN' au monde ».

La partie radio d'un système de communication mobile (RAN, pour Radio Access Network) est constituée de très nombreux éléments physiques (comme les antennes greffées sur les tours télécoms) et des logiciels. En général, un même équipementier prend tout en charge. Car les produits de Huawei, d'Ericsson et de Nokia ne sont pas interopérables, c'est-à-dire qu'ils ne fonctionnent pas entre eux. Pour ces grands équipementiers, l'avantage est certain : en signant avec un opérateur, ils ont l'assurance d'écouler tous leurs produits et services. En outre, cela incite les opérateurs à rester chez eux pendant de longues années. Mais depuis quelques temps, de grands industriels des télécoms, épaulés par certains gouvernements, plaident, via l'initiative dite « open RAN », pour l'ouverture de cet écosystème. L'idée, c'est que tous les fabricants s'entendent sur des normes et standards communs pour que les produits des uns fonctionnent sans problèmes avec ceux des autres.

« Un réseau plus rentable »

Cet « open RAN » suscite l'intérêt d'un grand nombre d'opérateurs à travers le globe. Mais Vodafone est le premier poids lourd européen du mobile à s'y convertir franchement. « Dès cette année, les fournisseurs travailleront avec Vodafone pour étendre la couverture 4G et 5G à des endroits plus ruraux dans le sud-ouest de l'Angleterre, et dans la majeure partie du pays de Galles, pour passer aux zones urbaines dans une phase ultérieure, précise l'opérateur dans son communiqué. Vodafone travaille également au lancement de l'open RAN dans d'autres pays d'Europe et d'Afrique. » L'opérateur n'y voit que des bénéfices. « L'open RAN favorisera l'innovation grâce à un écosystème de fournisseurs diversifié et ouvert, précise-t-il. Il conduira à un réseau du futur plus rentable, plus sûr, plus économe en énergie et plus axé sur le client. »

L'interdiction de Huawei pour la 5G au Royaume-Uni a sans doute convaincu Vodafone de miser gros sur l'open RAN. En l'absence du groupe chinois, dont il est contraint de démonter de nombreuses installations, il n'avait plus le choix qu'entre Ericsson et Nokia pour développer son réseau mobile. Se retrouver face à un duopole est inconfortable, puisque le risque que les prix s'envolent est élevé. En choisissant l'open RAN, Vodafone étoffe mécaniquement son choix de fournisseurs à tous les niveaux, et peut les mettre en concurrence. Ce qui devrait lui permettre d'alléger la facture.

La tech américaine se mobilise

Depuis deux ans, les États-Unis poussent très fort en faveur de l'« open RAN ». Ils y voient une manière de court-circuiter Huawei, leader dans les technologies 5G, et qu'ils ont banni en raison de soupçons d'espionnage pour le compte Pékin. Mais pour Washington, c'est aussi une manière de se relancer dans l'industrie des équipements de réseaux mobiles. A la différence des Chinois et des Européens, les Américains ne disposent plus d'acteur en pointe dans ce domaine aussi critique que stratégique.

L'Union européenne, elle aussi, milite pour l'« open RAN ». En mars dernier, la Commission a lancé une étude visant à proposer des « mesures stratégiques » en la matière.

Celles-ci consistent « notamment à assurer la diversité des fournisseurs par des stratégies multi-fournisseurs appropriées et à favoriser un écosystème 5G diversifié et durable dans l'UE », précise l'institution. « Dans ce contexte, la Commission vise à évaluer et à promouvoir les activités de normalisation permettant l'interopérabilité des équipements 5G », ajoute-t-elle.

Les opérateurs sont aussi, et logiquement, sur le pont. Fin 2019, Orange, l'américain AT&T, China Mobile, Deutsche Telekom et le japonais NTT Docomo se sont réunis au sein d'une « alliance mondiale » baptisée O-RAN, visant à favoriser « l'arrivée de nouveaux fournisseurs sur le marché », et diminuer le coût des équipements. Dans le sillage de Vodafone, certains vont, peut-être, se jeter dans le grand bain.

Pierre Manière

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Commentaires 5
à écrit le 17/06/2021 à 18:57
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"Les opérateurs télécoms du monde entier recourt à un choix limité d'équipementiers télécoms" .........Ont ils le choix ?............... "les trois leaders le chinois Huawei, le suédois Ericsson et le finlandais Nokia",.................... Bien a...

le 18/06/2021 à 8:25
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D ou tenez vous ces infos … ou sont vos sources ? internet piraté par les russes et chinois? Ouvrez les yeux on est en guerre économique depuis 40 ans que ce soit us ou autre alors quand vous achetez consommez …réfléchissez!! Chaque pays europée...

le 18/06/2021 à 15:13
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alcatel etait largué depuis longtemps. a la fin c etait d ailleurs surtout une boite chinoise (plus de 50 % des effectifs). ce qui en reste c est chez nokia maintenant

le 18/06/2021 à 15:16
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l idee est pas forcement mauvaise. un standard permet de faire jouer la conccurence et limite l obsolescence. par contre le choix de cap gemini est surprenant. C est une SSII, autrement dit des marchands de viande. Ils peuvent vous fournir plein d i...

le 19/06/2021 à 14:49
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@ Bréhat De mon expérience dans la profession ,l'histoire d'Alcatel est de notoriété publique voir wikipédia pour le gazoduc reportage Arte pas BFM . @CDD Je parle d'Alcatel dans les années 90 largué Alcatel ? Peut être après 2005 ,pour mémoire ......

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