
Christel Heydemann peut souffler. Si la patronne d'Orange se montrait confiante, en fin de semaine dernière, sur l'acquisition de l'opérateur belge Voo par sa filiale Orange Belgium, elle se gardait bien de crier victoire au regard du grand nombre de deals dans les télécoms retoqués par Bruxelles ces dernières années... Ce lundi, la Commission européenne a finalement donné son feu vert à l'opération.
Orange Belgium va mettre la main sur 75%, « moins une action », du capital de Voo, sur la base d'une valeur d'entreprise de 1,8 milliard d'euros. Cette opération sera financée par « un accroissement de la dette » de sa filiale, avait précédemment indiqué Orange. Voo fournit des offres Internet fixe et des services de télévision via la technologie du câble en Wallonie (dans le sud du pays), et sur une partie de Bruxelles.
Pour Orange Belgium, cette opération est jugée essentielle pour assurer son développement sur le marché belge des télécoms. Aujourd'hui, cette filiale est essentiellement un opérateur mobile, avec plus de 3 millions de clients. Orange Belgium s'est lancé dans l'Internet fixe en 2016, et est encore un acteur modeste dans ce domaine. Faute de disposer de son propre réseau, il est contraint de louer les infrastructures des câblo-opérateurs Voo et Telenet, ce dernier couvrant le nord du pays. Orange n'était guère, c'est peu dire, satisfait de cette situation, estimant que les prix d'accès à ces réseaux, définis par le régulateur des télécoms, étaient beaucoup trop élevés pour être vraiment compétitif.
L'acquisition de Voo vient régler ce problème. Elle permettra aussi à Orange d'être un opérateur véritablement « convergent » en Belgique. Celui-ci sera, en clair, en mesure de proposer des offres mêlant la téléphonie mobile, l'Internet fixe et la télévision. Cette stratégie a déjà porté ses fruits dans de nombreux pays, à commencer par la France. Elle permet, en général, de diminuer considérablement le « churn », c'est-à-dire la fuite de clients à la concurrence.
Orange a été contraint de prendre des engagements
Initialement, la Commission européenne s'était montrée plutôt frileuse à l'égard du rachat de Voo par Orange. Elle critiquait le fait que ce deal « réduise significativement » la concurrence sur le marché de l'Internet fixe. Pour répondre à ces préoccupations, Orange s'est engagé, souligne la commission, à fournir à son rival Telenet un accès au réseau de Voo « pendant au moins dix ans ». De quoi satisfaire les autorités concurrentielles. « Ces engagements répondent pleinement aux problèmes de concurrence identifiés par la commission », affirment, dans un communiqué, les services de Margrethe Vestager, la redoutée commissaire à la concurrence. Ceux-ci soulignent qu'« un mandataire, qui doit être nommé par Orange, surveillera la mise en œuvre des engagements ».
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