Xavier Niel et Iliad repartent à l’assaut de Vodafone Italia

Iliad, la maison-mère de Free, a envoyé une proposition à Vodafone, le géant britannique des télécoms, pour fusionner leurs filiales en Italie.
Pierre Manière
Xavier Niel, le propriétaire et fondateur d'Iliad, la maison-mère de Free.
Xavier Niel, le propriétaire et fondateur d'Iliad, la maison-mère de Free. (Crédits : CRÉDIT : AMBROISE TÉZENAS POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Iliad remet le couvert. Après avoir essuyé un refus, en février dernier, de Vodafone concernant le rachat de sa filiale transalpine, Vodafone Italia, le groupe de télécoms de Xavier Niel revient à la charge. Ce lundi, la maison-mère de Free en France a proposé au géant britannique des télécoms de marier son antenne italienne avec la sienne, Iliad Italia.

La proposition d'Iliad consiste à fusionner les deux opérateurs au sein d'une nouvelle entité, pour l'heure appelée « NewCo », afin « d'établir une offre de marché attractive centrée sur l'innovation, la croissance et une expérience client inégalée », précise son état-major dans un communiqué. Le nouveau groupe « bénéficierait en particulier de l'approche innovante d'Iliad en matière de connectivité, d'accessibilité tarifaire et d'inclusion numérique, ainsi que de l'expertise de Vodafone dans le domaine des télécoms pour les entreprises », vante-t-il.

Vers une prise de contrôle, à terme, d'Iliad

Dans le cadre de ce deal, Vodafone Italia est évalué à 10,45 milliards d'euros par le groupe de Xavier Niel, contre 4,45 milliards d'euros pour Iliad Italia. Si Vodafone donne son feu vert à l'opération, celui-ci « recevra 8,5 milliards d'euros en numéraire et sous forme de prêt d'actionnaire ». Le géant britannique des télécoms et Iliad posséderaient, chacun, 50% du capital de « NewCo ».

Mais il ne s'agira pas, du tout, d'une coentreprise classique. A terme, Iliad a vocation à prendre seul les manettes de la nouvelle entité. De fait, et comme le groupe de Xavier Niel l'explique, il aurait, chaque année, une option d'achat de 10% de Vodafone. « Dans le cadre de la transaction proposée, Iliad disposerait d'une option d'achat sur la participation de Vodafone dans NewCo, et pourrait acquérir chaque année un bloc de 10% du capital social de NewCo à un prix par action égal à la valeur des capitaux propres au closing », précise Iliad.

La forte croissance d'Iliad Italia

Autrement dit : un an après le deal, c'est bien Iliad qui serait l'actionnaire majoritaire, et seul maître à bord, avec 60% du capital, en utilisant son option d'achat. Pourquoi le groupe de Xavier Niel n'a-t-il pas, comme précédemment, déposé une offre sur la totalité de Vodafone Italia ? Parce que Vodafone souhaiterait tirer profit d'« une exposition aux synergies » découlant de l'opération, confie à La Tribune une source proche du dossier. Dans son communiqué, Iliad souligne que la nouvelle entité devrait générer un chiffre d'affaires de 5,8 milliards d'euros « pour l'exercice se terminant en mars 2024 », avec un résultat brut d'exploitation « d'environ 1,6 milliard d'euros »« Elle bénéficierait également de synergies annuelles attendues de plus de 600 millions d'euros », affirme-t-il.

Dernier arrivé sur le marché italien, Iliad n'a cessé de croître ces cinq dernières années. Aujourd'hui, il dispose d'une part de marché sur le mobile de plus de 10%, avec 10,5 millions d'abonnés mobiles. L'opérateur, qui a appliqué une stratégie similaire à la France en cassant les prix, s'est plus récemment lancé dans l'Internet fixe, où il compte moins de 200.000 fidèles. Vodafone Italia a une trajectoire inverse : l'opérateur souffre de la concurrence et de la guerre des prix. Ses ventes ont reculé de près de 2% lors de son exercice décalé 2021-2022, à 4,4 milliards d'euros. Le groupe souhaite se séparer de 1.000 emplois, soit près d'un collaborateur sur six. Il dispose, pour sa part, d'une part de marché de plus de 28% dans le mobile, et de 16% dans l'Internet fixe.

Un feu vert de Bruxelles n'est pas gagné

En cas de deal, la nouvelle entité deviendrait un rival particulièrement dangereux pour Telecom Italia, l'opérateur historique. Mais il lui faudra, surtout, décrocher le feu vert des autorités concurrentielles européennes. Or celles-ci demeurent frileuses concernant les opérations de consolidation nationales. Ces dernières années, Bruxelles a fait capoter bon nombre de fusions, arguant que moins de concurrence est souvent synonyme de hausse des prix pour le consommateur.

Pierre Manière

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