Tracking : ce qu'il faut savoir sur la future application StopCovid du gouvernement

Le gouvernement planche sur un projet d'application mobile, baptisé "StopCovid", afin d'identifier les "chaînes de transmission" du coronavirus. Le but : informer les personnes ayant potentiellement été exposées au Covid-19 pour se faire tester ou se confiner.
Anaïs Cherif
Plusieurs pays recourent déjà à des solutions de tracking des personnes via leur smartphone depuis le début de la crise du coronavirus.
Plusieurs pays recourent déjà à des solutions de "tracking" des personnes via leur smartphone depuis le début de la crise du coronavirus. (Crédits : Gleb Garanich/Reuters)

Le gouvernement prépare le terrain pour un potentiel "tracking" des Français via leur smartphone. Afin de lutter contre la propagation du coronavirus, Olivier Véran, ministre de la Santé, et Cédric O, secrétaire d'Etat au numérique, ont dévoilé ce mercredi le projet d'application mobile "StopCovid" actuellement en cours de développement, dans un entretien au Monde. L'application, encore en "phase exploratoire", viserait à identifier "les chaînes de transmission" du virus en retraçant "l'historique des relations sociales".

Les deux hommes disent vouloir ne "fermer aucune porte" sur le sujet, alors que l'épidémie a déjà fait plus de 10.000 morts dans l'Hexagone. La pratique du "tracking", déjà largement utilisée à l'étranger depuis le début de la pandémie du coronavirus, a dans un premier provoqué la réticence de l'exécutif au regard des vives inquiétudes soulevées quant au respect de la protection des données personnelles et de la vie privée.

Lire aussi : Confinement et suivi de la contagion: faut-il craindre la surveillance des smartphones ?

  • Qu'est-ce que le "tracking" ?

Le "tracking" est le traçage numérique des personnes. Plusieurs technologies permettent d'y aboutir : le bornage téléphonique, les applications GPS, les applications Bluetooth, les systèmes de cartes bancaires et de transport ou encore la vidéosurveillance, liste l'ex-secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi dans une note parlementaire du 6 avril adressée aux députés de la majorité. Par exemple, dans le cadre d'un bornage téléphonique, les données récoltées par les antenne-relais grâce aux opérateurs télécoms permettent de reconstituer les parcours des individus.

En cette période de crise sanitaire, le "tracking" peut être utilisé à trois fins, selon Mounir Mahjoubi. Premièrement, "l'observation des pratiques collectives de mobilité et de confinement". En clair, cela peut permettre de reconstituer les déplacements de population et ainsi, vérifier si les règles de confinement sont respectées. Cela a notamment été réalisé en Lombardie, région italienne la plus durement touchée par le coronavirus. A la mi-mars, seulement 60% de la population lombarde serait restée confinée, selon les autorités locales, avec des baisses de déplacements de 20 à 50%.

Deuxièmement, le "tracking" peut permettre "l'identification des sujets "contact". C'est l'option actuellement envisagée par le gouvernement français. Dans ce cas de figure, il s'agit de détecter les personnes ayant été potentiellement exposées au virus suite à la rencontre de malades (avérés ou asymptomatiques).

Enfin, le "tracking" peut engendrer le "contrôle des confinements individuels". Dans ce cadre, il s'agit d'observer de façon personnalisée si les malades respectent les mesures de quarantaine et de confinement. Cela a notamment été réalisé par la Chine, Israël ou encore la Russie. Une des finalités est alors d'instaurer un permis de circuler dans une stratégie de déconfinement.

Lire aussi : La Russie mise sur la géolocalisation pour endiguer le coronavirus

  • En quoi consiste le projet d'application "StopCovid" en France ?

L'application "StopCovid" reposerait sur le Bluetooth, a précisé Cédric O dans son entretien au Monde"Lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l'un enregistre les références de l'autre dans son historique", explique le secrétaire d'Etat. Ainsi, si une personne contracte le Covid-19, ses contacts l'ayant récemment croisée seront automatiquement prévenus via l'application. Ces dernières pourraient ainsi se faire tester ou se confiner.

Pour tenter de rassurer sur ce sujet sensible, Cédric O promet qu'il ne devrait pas avoir de géolocalisation des personnes. L'installation de l'application devrait reposer uniquement sur la base du volontariat - conformément aux recommandations de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés), qui est "étroitement associée au projet", selon Cédric O. De plus, le code informatique sera rendu public pour pouvoir être audité "par n'importe qui", a souligné le secrétaire d'Etat. Enfin, cette approche est "évidemment temporaire. Le projet StopCovid n'a pas vocation à aller au-delà de la crise sanitaire", assure Cédric O. Aucune date officielle n'a été annoncée quant au déploiement de l'application.

Lire aussi : Confinement : comment trouver et remplir l'attestation de déplacement sur smartphone

  •  Qui va développer l'application StopCovid ?

Pour créer l'application StopCovid, l'Etat s'appuie sur le projet européen baptisé PEPP-PT, qui développe des solutions de tracking à partir du Bluetooth.  Il regroupe 130 membres (scientifiques, experts, instituts de recherche...) dans 8 pays européens. Parmi eux, l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique en France), qui pilote le projet pour la France.

  • Que permet le droit ?

Au sein de l'Union européenne, les textes de référence en matière de protection des données personnelles sont le Rgpd (règlement sur la protection des données), entré en vigueur en mai 2018 et la directive e-privacy. L'un des principe fondateur en la matière est le consentement "libre et éclairé" des utilisateurs. Concrètement, tant que le projet d'application reste sur la base du volontariat, le gouvernement est habilité à déployer ce genre de dispositif.

En revanche, si le gouvernement optait finalement pour un dispositif obligatoire, l'adoption d'une loi serait alors nécessaire pour en expliquer les contours, a affirmé la Cnil. Le texte devrait notamment préciser la légitimité et la proportionnalité de cette mesure au regard du risque sanitaire, expliciter précisément la finalité de la collecte des données sans oublier d'affirmer le caractère temporaire du dispositif.

Lire aussi : RGPD : neuf notions essentielles à retenir

Anaïs Cherif

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Commentaires 21
à écrit le 09/04/2020 à 20:04
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Il y a un médecin qui a fuit les usa ; il existe un agent dans les vaccins qui tuent à petit feu ( gonflement au niveau des articulations) effet secondaire importants , d’après ce médecin ça serait un plan du groupe Bloomberg pour réduire la démogra...

à écrit le 09/04/2020 à 15:29
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ce serait bien que le gvt planche sur le moyen de dé-confiner ceux qui ont été exposés, ne sont plus contagieux et sont donc immunisés !!

à écrit le 09/04/2020 à 13:59
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Trois millions de français infectés apparemment (article du Figaro 2/04), selon les chiffres de l'Imperial College.. Donc clairement, suivre à la trace les français à ce stade est complètement inutile. Laisser passer l'épidémie sur les gens en bonne ...

à écrit le 09/04/2020 à 13:47
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Et ils nous disaient que c'était Huawei qui airait ppu nous espionner ... Non, c'est notre bon gouvernement ! Des tests, des masques § et arrêtez de détruire l'hôpital public !

à écrit le 09/04/2020 à 12:06
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Virus chinois : ça c'est simple et ça ne fait pas plaisir à Xi, ce qui est à Cesar . . .

le 09/04/2020 à 15:32
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espérons que les états victimes de ce virus, dont l'émergence est en lien direct avec les pratiques chinoises, exigeront de la part de la Chine le dédommagement du coût de cette aventure, de lamême manière que l'Allemagne doit rembourser le coût de l...

à écrit le 09/04/2020 à 8:39
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Merci de d’arrêter cet insupportable Utilisation du "Franglais" à tout bout de champs, traçage est un mot compréhensible par tous les Français ! et tout les mots franglais que l'on entent à longueur de journée aussi ! Messieurs et Mesdames les journa...

le 09/04/2020 à 11:05
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Le traçage c'est faire du dessin selon un plan. Le tracking c'est du pistage. Mais comme ça semble plutôt menaçant pour le gibier humain, on préfère le mot anglais, qui en plus fait techno. Le truc est que nous devenons des humains traqués par ...

à écrit le 09/04/2020 à 7:14
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Requisition des données déjà collectées massivement par Apple et Google, c'est très simple et évite une usine à gaz. Et on a pratiquement 100% des personnes avec smartphone, même ceux qui ne savent pas les utiliser. L'application est une idée de bo...

à écrit le 09/04/2020 à 1:17
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Alors, ils sont où les défenseurs des droits de l'homme? En quelques jours, les consignes les plus impensables il y a quelques semaines ont été admises par le plus grand nombre sans la moindre hésitation. L'absence de protestation et l'esprit mouto...

à écrit le 08/04/2020 à 21:54
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Les volontaires effaceront l'application quand il n'y en aura plus besoin. Quelle quantité de volontaires faudrait-il pour "bien faire", disons être efficace ? On est censé pouvoir nous aider à acheter un smartphone mais j'en ai aucune utilité (mêm...

à écrit le 08/04/2020 à 21:46
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Une solution, revenir au bon vieux temps sans smartphone. Aucune loi ne nous oblige à sortir avec cet engin ou à en posséder un.

à écrit le 08/04/2020 à 21:38
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Toujours l'exploitation du plus grand nombre pour l’intérêt d'une minorité!

à écrit le 08/04/2020 à 20:30
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Cette nouvelle technologie "du monde d'après" permettra de suivre la dissemination dans la population de tous les invisibles, aussi bien les virus que les idées politiques.

à écrit le 08/04/2020 à 20:09
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Ce qu'on peut faire d'histoires pour une toute petite épidémie : certains ont même enlevé les bancs des espaces publics ! Parce qu'ils croient que le virus aura disparu quand on sortira ? Il va bien bien falloir vivre avec. Et il est même souhaitable...

à écrit le 08/04/2020 à 20:06
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"Le monde d'après" se met déjà en place : la traite des citoyens libres et le tracking. La technologie mal orientée le permet. "Le monde d'avant", celui de la démocratie et non celui de la dictature, bien entendu mettrait à disposition des citoyens d...

à écrit le 08/04/2020 à 19:27
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les élus LREM vont t ils se préoccuper de la tragédie des EHPAD §

à écrit le 08/04/2020 à 19:05
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on a vu comment toutes les lois liberticides qui ne devaient être utilisées que dans la lutte contre le terrorisme et de façon limitées ont fini par être dévoyées et utilisées contre des opposants politiques. Donc ce sera zéro autorisation de ma p...

à écrit le 08/04/2020 à 19:02
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Cela revient à doter le malade M d'une étoile jaune à porter sur ses vêtements. En 1933 et en 1940, on demandait aux juifs de se déclarer spontanément sur la base du volontariat, afin de les protéger Ensuite le porteur du virus M sera confiné dans un...

le 09/04/2020 à 6:34
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Je suis pret a parier que votre petit monarque se representera en 22 et sera elu avec 20% de suffrages voire moins. Et vous en reprendrez pour 5 belles annees.

à écrit le 08/04/2020 à 18:07
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La future (?) application a besoin de savoir si le porteur est porteur ou non du virus ! Ca veut dire que si quelqu un est porteur du virus, on va le laisser se balader, en renseignant son application certes, mais est ce raisonnable. Cette applicatio...

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