Alors que les pressions inflationnistes sévissent dans plusieurs pays, les responsables de l'économie et de la finance se veulent rassurant. Ils ne craignent pas particulièrement que l'inflation puisse se transformer en « train hors de contrôle » dans les pays avancés, a souligné dimanche Kristalina Georgieva la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Car la flambée des cours, nourrie par la reprise économique après la récession de 2020 et des perturbations sur les chaînes logistiques, devrait rester conjoncturelle, a-t-elle avancé. D'autant que les causes sont également liées à la météo, puisqu'un hiver très froid suivi d'un été très chaud ont poussé les prix de l'énergie vers le haut.
« Il y a toujours un consensus sur le fait que dans les économies avancées, l'inflation est temporaire », a ainsi précisé Kristalina Georgieva lors d'un séminaire virtuel réunissant des gouverneurs de Banques centrales.
Même si l'inflation venait à s'emballer, les décideurs « disposent des outils » nécessaires pour y remédier, a-t-elle assuré. Et d'ajouter que « nous connaissons très bien ces outils et la façon dont ils peuvent être mis en œuvre ».
La crédibilité des banques centrales en jeu
Au cours de ce même séminaire, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, a lui-même signalé que la banque centrale britannique se préparait à relever les taux d'intérêt pour la première fois depuis le début de la pandémie. Pour cause, même s'il continue de croire que la situation sera temporaire, la flambée des prix de l'énergie pourrait prolonger la poussée.
« La politique monétaire ne peut pas résoudre les problèmes d'approvisionnement mais [la banque centrale] devra agir et doit le faire si nous voyons un risque, en particulier pour l'inflation à moyen terme et les anticipations d'inflation à moyen terme », a ainsi fait valoir Andrew Bailey.
Et d'ajouter que les banquiers centraux se trouvent confrontés à un « équilibre très difficile », car ils ne peuvent pas faire face aux chocs d'offre sous-jacents via la politique monétaire, mais doivent réagir à ce qu'il se passe dans l'économie. « Ne pas agir pour contenir l'inflation risque de saper la crédibilité des banques centrales dans la lutte contre l'inflation », a-t-il averti.
Déjà des mesures dans les marchés émergents
D'autant que les ministres des Finances et les banquiers centraux, réunis la semaine dernière à Washington pour les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, craignaient de plus en plus que les hausses de prix puissent se pérenniser. « L'inflation a alimenté beaucoup de discussions », bien plus qu'en avril, a reconnu Kristalina Georgieva.
Dans certains marchés émergents et économies en développement, la situation a d'ores et déjà poussé les banques centrales à ajuster à la hausse les taux directeurs. Notamment la Russie et le Mexique, qui ont augmenté leurs taux d'intérêt. Un signe que « dans ces endroits, les décideurs sont déjà suffisamment inquiets pour prendre des mesures », a estimé Kristalina Georgieva.
« En comparaison des réunions du printemps, nous avons été plus vigilants quant à la compréhension des incertitudes de l'économie mondiale et de leur lien à la fois avec la dynamique des prix et le rôle des banques centrales », a ainsi commenté Mme Georgieva.
Le FMI estime que l'inflation devrait atteindre un pic au cours des derniers mois de l'année 2021, aussi bien dans les pays avancés que dans les pays émergents, avant une stabilisation d'ici le milieu de l'année prochaine.
[Avec AFP]
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