Eric Trappier, le président du groupement des industries aéronautiques et spatiales (Gifas) a été clair ce jeudi en présentant ses voeux à la presse. Avec la crise sans précédent qui a frappé l'industrie aéronautique, l'objectif numéro 1 du secteur en 2020 était "de sauver la filière". Celui de 2021 sera de "se préparer à reprendre le chemin des augmentations de cadences de production", a-t-il expliqué, même si "les prochaines années seront tendues". L'amélioration de la situation sanitaire attendue avec la vaccination devrait permettre en effet une reprise du trafic aérien.
Reprise des monocouloirs
Eric Trappier a rappelé que les cadences repartiront de l'avant d'abord sur le segment des avions court et moyen-courriers. C'est en effet plus sur les marchés domestiques ou régionaux que le trafic redémarrera en premier. Les marchés long-courriers prendront beaucoup plus de temps. La hausse des cadences des gros-porteurs également.
"Un retour à des cadences plus fortes ne veut pas dire qu'elles reviendront à leur niveau d'avant la crise du jour au lendemain. Cela prendra quelques années. Et cela reviendra plus rapidement car on sent que le besoin en court et moyen-courrier est là. Beaucoup de compagnies aériennes, en Asie notamment, redémarrent", a indiqué Eric Trappier, en se gardant de donner toute indication sur le rythme d'augmentation des cadences attendu.
Après avoir diminué sa production d'avions de la famille A320 de 40% en juin, en faisant passer de 60 à 40 livraisons par mois, Airbus n'exclut pas de repasser à une cadence mensuelle de 47 appareils d'ici à l'été 2021. Tout dépendra évidemment de la situation des compagnies aériennes et donc de l'évolution de la situation sanitaire. Un effet positif de la vaccination sur le trafic aérien n'étant pas attendu avant l'été prochain au mieux, il faudra néanmoins attendre un peu pour qu'un rebond du trafic aérien impacte significativement la production aéronautique.
30.000 emplois sauvés
Pour les industriels, l'heure à la préservation des compétences, à la fois de production mais aussi d'engineering pour préparer les futurs programmes d'avion décarboné. La prise en charge du chômage partiel depuis le début de la crise et l'activité partielle longue durée (APLD) depuis début janvier a déjà permis de limiter la casse en termes d'emplois, et de sauver 30.000 des 60.000 emplois menacés en France
"On avait à peu près 60.000 emplois menacés sur 2020-2021 et nous pensons que nous avons déjà pu en sauver la moitié, c'est-à-dire 30.000 personnes", a estimé Eric Trappier, en félicitant le soutien "sans faille" de l'Etat. Les entreprises représentées au sein du Gifas comptent 202.000 salariés. Ce chiffre pourra-t-il être maintenu?
"Cela dépendra évidemment de la durée de la crise et du moment où la reprise va se faire, mais grâce au chômage partiel de longue durée on doit pouvoir préserver les chiffres dont je parle pourvu que cette reprise arrive quelque part en 2021", a-t-il répondu.
Si plusieurs entreprises ont déjà annoncé des suppressions d'emplois (5.000 pour Airbus, 679 chez Daher, 475 chez Latécoère ou encore 567 chez AAA), la filière a pu éviter les plans sociaux massifs et fait preuve d'une "forte résilience". Et grâce aux différentes mesures d'aides de l'Etat ou de la filière, les défaillances d'entreprises ont été rares chez les nombreux sous-traitants de la filière. Outre les prêts garantis par l'Etat (PGE), les PGE-aéro permettant de financer les stocks qui ont gonflé avec la baisse des cadences, l'Etat et les grands donneurs d'ordre ont mis en place un fonds, Ace Aéro Partenaires, doté initialement de 630 millions d'euros et à terme d'un milliard pour financer en fonds propres les PME et ETI stratégiques.
Parmi les autres mesures: 1,5 milliard sur trois ans consacrés à l'innovation et la recherche sur l'avion décarboné et un fonds de modernisation des entreprises doté de 300 millions d'euros sur trois ans.
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