Le Conseil de l'Agence spatiale européenne (ESA) a nommé au bout d'un processus de six mois le Dr Josef Aschbacher au poste de directeur général de l'ESA, pour un mandat de quatre ans. Nommé de façon très confortable, il succédera à Jan Wörner, dont le mandat se termine le 30 juin 2021 et qui n'a pas souhaité être prolongé. Né en Autriche, le Dr Josef Aschbacher est actuellement directeur des programmes d'observation de la Terre de l'ESA, un poste qu'il doit beaucoup au soutien de l'Allemagne, et chef de l'ESRIN, le Centre d'observation de la Terre de l'ESA situé près de Rome.
Cette nomination est une défaite de plus pour la France dans le spatial même si elle était annoncée depuis plusieurs semaines. Une de plus après la nomination en septembre du Portugais Rodrigo da Costa à la tête de l'agence GNSS, qui gère la constellation Galileo. La France n'a pas fait vraiment le job pour pousser ses candidats. Derrière Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, c'est de plus en plus le désert pour la France dans les postes à responsabilité dans le domaine spatial en Europe d'autant que les français ont complètement délaissé, notamment aux Allemands et aux Italiens les postes souvent clés de N-1 et N-2. Les petites mains qui font aujourd'hui les préconisations et les fiches techniques et politiques et demain qui postuleront de façon légitime aux postes à responsabilités.
L'ombre de l'Allemagne
Quel poids va peser le Dr Josef Aschbacher au sein de l'ESA face aux quatre grands pays du spatial (Allemagne, France, Italie et Grande-Bretagne) quand l'Autriche ne contribue que bon an, mal an autour de 1% au budget de l'Agence spatiale européenne (1% du budget 2020) ? La direction générale de l'ESA a beau jeu d'expliquer qu'un pays égale une voix mais, ça, ce n'est que de la communication. Car, en coulisse, c'est une autre cuisine, très politique entre pays forts et les autres. A ce jeu, la France s'est fait largement distancer par l'Allemagne. "L'ESA est de plus en plus dans l'orbite allemande", confirme-t-on à la Tribune.
Tout comme le Dr Josef Aschbacher. Si Thales Alenia Space a été le pivot du programme Copernicus (849 millions d'euros), c'est grâce à son astucieuse alliance avec... OHB. Pour autant, Joseph Aschbacher est reconnu pour ses capacités. "Il a bien tenu sa direction", explique-t-on à La Tribune. A lui d'endosser un nouveau costume et de remettre l'ESA au centre du jeu dans les télécoms où les Américains ont distancé les Européens, dans l'exploration spatiale où l'Europe n'existe toujours pas, et, enfin, dans la connectivité.
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