Pourquoi Thales Alenia Space débarque en Pologne

Lors du salon de l'armement MSPO, Thales Alenia Space devrait annoncer un premier contrat auprès du ministère de la Défense polonais. La filiale spatiale de Thales qui a récemment créé une filiale basée à Varsovie, souhaite participer à la constitution d'une industrie spatiale polonaise..
Michel Cabirol
La Pologne va participer au programme d'observation de la Terre italien Cosmo-Skymed

Fidèle à sa stratégie d'augmenter sa présence industrielle en Europe, Thales Alenia Space (TAS) vient récemment de créer en Pologne une nouvelle filiale, TAS Polska. Bien sûr, la filiale spatiale de Thales (67%) ne s'installe pas non plus par hasard en Pologne, qui investit désormais de plus en plus dans le spatial depuis son entrée fin 2012 à l'Agence spatiale européenne (ESA). Varsovie la finance de façon encore modeste en lui attribuant un budget d'environ 70 millions d'euros et a parallèlement débloqué une somme de 100 millions pour un fonds national. "Il existe une forte volonté de la Pologne de développer une industrie spatiale", a précisé le PDG de TAS Jean-Loïc Galle, que La Tribune a rencontré début juin à l'occasion d'une cérémonie à Varsovie. Surtout, l'internationalisation de TAS lui permet d'obtenir des contrats dans les pays où il s'implante.

"Pourquoi TAS s'internationalise ? En dépit de toute notre expertise en France et Italie, il n'y pas suffisamment les crédits pour l'entretenir, avait expliqué à La Tribune en janvier 2015 Jean-Loïc Galle dans une interview accordée à la Tribune (...) Deuxièmement, mon objectif est d'obtenir des financements en Angleterre, en Belgique ou ailleurs. Car si une partie du travail sera évidemment réalisé surplace, il y aura toutefois des sous-traitances significatives en France et Italie". Cette nouvelle filiale en Pologne fait suite à l'ouverture d'une filiale en Angleterre en 2014, d'un site en Allemagne en 2011, et au renforcement de sa présence en Belgique par la création du site de Leuven.

TAS va déjà profiter de son effort en Pologne. Car, selon nos informations, le constructeur de satellites pourrait annoncer lors du salon de l'armement MSPO de Kielce, qui ouvre ses portes ce mardi, un contrat remporté auprès du ministère de la Défense polonais, évalué à une trentaine de millions d'euros. TAS devrait ainsi livrer un segment sol à Varsovie, ce qui va lui permettre de recevoir des images des satellites d'observation de la Terre italiens, Cosmo-SkyMed. A terme, la Pologne pourrait jouer un rôle dans la seconde génération de satellites du programme. Ce contrat est ainsi la première concrétisation de la coopération entre Varsovie et Rome dans le domaine spatial.

Quatre projets de satellites à moyen et long terme

A plus long terme, TAS lorgne trois programmes de satellites, qui devraient être au fur et à mesure lancés dans les 10 à 15 ans par Varsovie. A commencer par deux satellites optique de haute et de très haute résolution (2 mètres et 0,7 de résolution). Le premier pourrait être développé en partenariat avec l'industrie polonaise tandis que le second devrait être acheté sur étagère à l'horizon 2020-2022.

Puis, la Pologne voudrait acquérir un satellite de télécoms, et enfin d'un satellite radar. Dans ce cadre, TAS Polska pourrait ainsi apporter son expertise et un support au ministère de la Défense polonais et à la nouvelle agence spatiale polonaise, récemment créée et sous la tutelle des ministères de la Défense et de l'Economie.

Transferts de savoir-faire

"L'objectif de Thales Alenia Space Polska est de devenir un partenaire de référence dans le cadre des ambitions de la politique spatiale de la Pologne, essentiellement dans la défense et l'observation de la Terre", avait expliqué dans son discours à Varsovie Jean-Loïc Galle. Et TAS est prêt à aider Varsovie à développer des capacités spatiales industrielles, via notamment des transferts de savoir-faire de France et/ou d'Italie.

"Depuis le début 2013, nous avons commencé à initier des relations avec des entreprises locales pour développer un réseau de fournisseurs polonais", avait précisé à La Tribune début juin le PDG de TAS. Le groupe spatial a rencontré en deux ans 40 sociétés polonaises, dont notamment des start-up, et 10 instituts de recherche avec pour objectif de co-développer de nouvelles technologies. En mars 2015, il a signé un protocole d'accord avec l'université technologique de Varsovie

Intégrer les entreprises polonaises dans sa supply chain

A terme, TAS compte aussi intégrer dans son réseau mondial de sous-traitance (supply chain) des sociétés polonaises, capables de produire à des coûts extrêmement compétitifs des structures de satellites, des parties mécaniques ou des charges utiles. Mais pas des satellites. Dans ce contexte, TAS et dix de ses partenaires polonais ont déjà remporté 12 contrats (entre 10 et 20 millions) obtenus auprès de l'ESA. Ce qui va faire grossir sa filiale, la seule capable aujourd'hui en Pologne de spécifier et d'intégrer des sous-systèmes spatiaux (avionique, électronique de puissance...). Elle devrait employer dans les trois à cinq ans une cinquantaine de personnes.

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 02/09/2015 à 19:04
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La France n'est pas la seule a transferer une partie de la technologie pour '' vendre''. Aujourd'hui, il ne faut plus etre '' naif'', tous les pays veulent des emplois chez eux. Vendre sans contrepartie, c'est mal connaitre les pays etrangers. Etant ...

à écrit le 02/09/2015 à 18:39
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Pas la peine de fabuler sur la Pologne. L'explication est très simple: l'ESA pratiquant le retour géographique pour tous les contrats il convient pour tout maître d'oeuvre spatial de disposer d'une base industrielle dans les pays contributeurs afin d...

à écrit le 02/09/2015 à 16:53
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L Pologne achète du transfert de technologie ce qui lui permettra peut être à terme de concurrencer la France et quand il y aura des gros contrats ils seront signés non pas avec la France mais avec les USA. conclusion un petit gain immédiat mais ap...

à écrit le 01/09/2015 à 15:46
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Thales a raison de s'installer en Pologne. Ce pays comme bien d'autres ne veulent plus '' acheter'' sans contrepartie ( emplois dans le pays). La Pologne comme pratiquement tous les ex-pays de l'Est sont '' pro-americains'' aupres de beaucoup d'homme...

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