Agriculture : la France a perdu 100.000 exploitations en dix ans

L'Hexagone a perdu 100.000 exploitations agricoles en dix ans, selon un rapport provisoire publié ce vendredi 10 décembre par le Ministère de l'agriculture. Une baisse conséquente, mais moins marquée qu'au cours de la décennie précédente. En parallèle, la taille des exploitations restantes a elle augmenté, et atteint aujourd'hui 69 hectares en moyenne. Autres enseignements du rapport: à date, une exploitation sur quatre est dirigée par une femme, et les agriculteurs font de plus en plus appel à des salariés permanents non-familiaux pour entretenir leurs exploitations.
(Crédits : TINGSHU WANG)

100.000 ! C'est le nombre d'exploitations agricoles qu'a perdu la France en dix ans. Résultat de cette chute de 21% entre 2010 et 2020 : la France ne compte plus que 389.000 exploitations, selon le recensement agricole 2020, publié vendredi, qui montre que la surface agricole est en revanche restée quasi-stable, avec 69 hectares en moyenne par exploitation en métropole.

Opération décennale européenne obligatoire, le recensement a pour objectif d'actualiser les données sur l'agriculture française et de mesurer son poids dans l'agriculture européenne. Ce recensement agricole s'est déroulé dans toute la France du mois d'octobre 2020 au mois de mai 2021, par les services de la statistique et de la prospective du ministère. Selon ce rapport provisoire, 26,7 millions d'hectares sont aujourd'hui cultivés en France, soit près de 50% du territoire métropolitain. Et une exploitation sur quatre est dirigée par une femme en France métropolitaine.

Diminution du nombre d'exploitations agricoles

Alors que la France comptait 1.600.000 exploitations agricoles en 1970, ce chiffre a drastiquement diminué au fil des années, et a été divisé par quatre en 50 ans, pour atteindre un peu moins de 400.000 en 2020.

Mais la diminution du nombre d'exploitations n'a pas été linéaire, avec une baisse qui a été moins marquée entre 2010 et 2020 qu'entre 2000 et 2010.

« Si la baisse du nombre d'exploitations est continue depuis les années 1970, la dynamique baissière est moins forte que lors de la précédente décennie: le recul a été de -2,3% par an entre 2010 et 2020, contre -3% par an entre 2000 et 2010 », relativise le ministère de l'Agriculture.

A titre d'exemple, la Bourgogne-Franche-Comté, qui a connu une perte d'exploitations agricoles notable en dix ans, puisqu'elle compte en 2020, 23.600 exploitations agricoles, soit 6.400 exploitations de moins qu'en 2010, enregistre un recul inférieur à la décennie précédente. En effet, la perte a été de -21,4 % entre 2010 et 2020, soit deux points de moins qu'entre 2000 et 2010.

Augmentation de la taille des exploitations

Mais si le nombre d'exploitations a incontestablement diminué, ce recensement décennal montre que les exploitations qui ont demeuré se sont agrandies et font désormais 69 hectares en moyenne, soit 14 hectares de plus qu'en 2010 (+25%).

« C'est une augmentation qui reste raisonnable. On est loin de la taille de certaines exploitations hors Europe, comme aux Etats-Unis où la taille moyenne est de 178 hectares », fait valoir le cabinet du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie. À titre de comparaison, la taille moyenne des exploitations atteint 81 hectares au Royaume-Uni et 79 hectares au Danemark.

La surface agricole utile (SAU) française s'est quant à elle stabilisée, diminuant de 1% seulement en dix ans et de 3,1% en trente ans. Elle représente aujourd'hui 26,7 millions d'hectares, soit près de 50% du territoire métropolitain (55 millions d'hectares).

Les exploitations de petite taille restent majoritaires en outre-mer

Par ailleurs, dans les départements d'Outre-mer Mer, la tendance à l'accroissement des exploitations ne s'est pas fait sentir. Leur surface moyenne est aujourd'hui de seulement 5 hectares, signe que les exploitations individuelles sont largement prédominantes dans tous les outre-mer.

En outre, plus de la moitié des exploitations des outre-mer sont spécialisées dans les productions végétales. Même si elle n'est pas présente partout, la culture principale est, comme en 2010, la canne à sucre, avec plus d'un quart de la SAU des outre-mer. Les cultures permanentes (vergers et bananeraies) occupent 20 % de la SAU.

Hausse du recours aux salariés permanents non-familiaux

En 2020, au total, 759.000 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles. C'est l'équivalent de 583.000 emplois à temps plein, soit une baisse de 12% en 10 ans, révèle le rapport.

Concernant les chefs d'exploitation, « si la part des chefs d'exploitation et coexploitants est stable, celle des aidants familiaux (hors coexploitants familiaux) se réduit tandis que celle des salariés permanents non familiaux augmente », détaille le rapport. Les salariés saisonniers assurent quant à eux le reste des heures travaillées dans les mêmes proportions en 2020 qu'en 2010.

En outre, on observe également une professionnalisation accrue des métiers agricoles, avec des agriculteurs qui sont de plus en plus diplômés. Le niveau de diplôme des chefs d'exploitation et coexploitants a continué de s'accroître massivement entre 2010 et 2020. Ainsi, 55 % d'entre eux ont un diplôme au moins égal au baccalauréat, soit 17 points de plus qu'en 2010 où ils étaient 38 %.

Et actuellement, 58% des chefs d'exploitation et coexploitants ont 50 ans ou plus, et plus d'un quart des exploitants agricoles ont 60 ans ou plus, un chiffre en augmentation de 5 points depuis 2010. « Cela montre un vieillissement certain de la population agricole et le besoin d'engager une politique volontariste encourageant le renouvellement des générations en agriculture », reconnaît le ministère, qui évoque également "un défi majeur".

Des productions végétales désormais prédominantes

La photographie de la ferme France procurée par le recensement décennal montre également une agriculture diversifiée avec des productions végétales désormais majoritaires. En 2020, 52% des exploitations sont spécialisées en production végétale contre 45% dix ans plus tôt. Leur nombre a baissé moins fortement (-9%) que la moyenne (-21%) des exploitations.

En revanche, les exploitations spécialisées en élevage accusent une chute de 31% en dix ans. Elles sont de fait celles dont les effectifs se réduisent le plus, en parallèle de l'accroissement des surfaces. La baisse est encore plus marquée parmi les exploitations combinant plusieurs types d'élevages, tels ceux de bovins conjuguant production de lait et de viande (- 41 %) ou parmi les fermes associant cultures et élevages (- 41 % également).

Enfin, près d'une exploitation sur quatre (36%) est aujourd'hui sous signe de qualité (agriculture biologique, label, IGP, spécialité traditionnelle garantie...), soit une augmentation de près de 10 points par rapport à 2010. Et près d'un quart des exploitations commercialisent aujourd'hui en circuit court, soit une hausse de six points en 10 ans. Une tendance qui s'explique en grande partie par une volonté de répondre à l'engouement des consommateurs à s'approvisionner localement pour soutenir les producteurs de leurs territoires.

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Commentaires 6
à écrit le 14/12/2021 à 9:55
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En 2 mandats nos présidents on aggravé l'état de notre agriculture malgré les promesses d'une agriculture plus écologique et plus respectueuse pour les paysans en favorisant financièrement les grandes exploitations capitalistes au nom de la productiv...

à écrit le 13/12/2021 à 12:26
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La disparition de plus d'un million d'exploitant c'est 2 à 3 000 000 d'enfants d'agriculteur spolié par les Croquemitaines des SAFER. Y a t'il ,en France un enfant d'agriculteur dont les parents sont décédés qui n'a pas subis le dictat de ces gens qu...

à écrit le 13/12/2021 à 10:32
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quel mépris ? mauvaise politique. sachez qu un salaire des DIRCA ( direction des dirigeants de coopérative agricole est dans la fourchette de 200000 a + de 300000 euros/ an. loin du petit smicard de l exploitant. pauvre FRANCE

à écrit le 13/12/2021 à 10:30
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quel mépris ? mauvaise politique. sachez qu un salaire des DIRCA ( direction des dirigeants de coopérative agricole est dans la fourchette de 200000 a + de 300000 euros/ an. loin du petit smicard de l exploitant. pauvre FRANCE

à écrit le 13/12/2021 à 9:26
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Visiblement, plus on avance dans l'UE de Bruxelles et moins on a de besoin agricole!

à écrit le 13/12/2021 à 8:01
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A savoir exactement le chemin inverse de ce qu'il faudrait mais c'est pas étonnant et un marquant de cette main mise du lobby obscurantiste agro-industriel sur la nourriture marchande. Cela permet de prendre du recul sur les promesses des politiciens...

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