Zalando, le champion allemand du e-commerce, accusé de maltraiter ses salariés

La polémique enfle en Allemagne après la diffusion lundi d'un reportage dénonçant les conditions de travail des salariés d'une site très populaire de vente en ligne, Zalando. Une journaliste, infiltrée incognito dans l'un de ses centres de logistiques, y décrit des journées harassantes, au mépris des droits des travailleurs.
L'e-commerce et son "roi" Amazon sont régulièrement accusés de mettre leurs salariés à genoux pour s'imposer sur le marché. (Photo : Reuters)

Elle s'appelle Zalando mais, sur la toile, on la surnomme désormais "Sklavando". L'une des étoiles montantes de la vente en ligne en Europe se retrouve au centre d'une tempête médiatique depuis la diffusion d'un reportage télévisé dénonçant les conditions de travail dans l'un de ses centres de logistique.

Des salariés au bout du rouleau

En une vingtaine de minutes, le documentaire, transmis par la chaîne allemande RTL lundi, décrit les journées harassantes du personnel du principal site de traitement logistique de la société à Erfurt, où 2.000 salariés empaquettent et envoient quotidiennement des milliers de produits commandés par les acheteurs sur internet. 

Infiltrée incognito, une journaliste, qui a réussi à se faire employer pendant trois mois comme magasinière, révèle parcourir jusqu'à 27 kilomètres à pied par jour pour récupérer un à un les articles dans les immenses étalages du site. Elle raconte les temps de repos réduits au minimum, les fouilles du personnel en fin du service ou encore l'intervention quasi-quotidienne d'ambulances pour des salariés au bout du rouleau.

"Nous sommes perpétuellement soumis à des contrôles et à une énorme pression de rendement", affirme la journaliste, ajoutant que le fait même de s'assoir est "mal vu" par les chefs d'équipes.

Jeune pousse

Fondée en 2008, Zalando vend chaussures, vêtements et meubles dans l'Europe de l'Ouest et les pays scandinave. En 2013 la société, qui vient de se lancer aussi en Pologne, a vu son chiffre d'affaires progresser de 50%, à 1,8 milliard d'euros. Tout en n'étant pas encore parvenue à dégager de bénéfice, elle étudie une introduction en Bourse. 

Procédure judiciaire

Les griefs formulés contre ses méthodes ne sont pas nouveaux. L'entreprise, qui n'a pas hésité à entamer une procédure judiciaire contre la journaliste pour rupture du secret professionnel, a également réagi tout de suite après la diffusion du reportage sur sa page Facebook.

"Ouf, beaucoup d'émotions bouillonnent, mais il faut aller au-delà", a déclaré Zalando, renvoyant à une page "factuelle" sur le fonctionnement logistique de l'entreprise.

"De notre point de vue, la présentation des faits ne correspond pas du tout à la culture au sein de l'entreprise et à l'état d'esprit des salariés", a-t-elle précisé le lendemain, promettant toutefois d'étudier "les points sur lesquels ces critiques sont justifiées et s'il s'agit d'erreur systématiques ou d'erreurs individuelles".

Un statut publié sur la page Facebook de Zalando entre jeudi et vendredi renvoie d'ailleurs à une page de FAQ intégrant les questions suscitées par le reportage.

Plaisir ou boule au ventre ?

Zalando (qui dans ses publicités met en scène des clients hurlant de bonheur à la réception de leurs colis) a aussi affirmé que selon une enquête interne, réalisée en partenariat avec un institut de sondages indépendant, 88% de ses salariés diraient leur plaisir à travailler.

Ce point de vue est toutefois loin d'être partagé par le porte-parole du syndicat Verdi interrogée par l'AFP, Stefan Najda.

"Les salariés ont peur, ils sont souvent employés en contrat à durée déterminée, il n'y a aucun comité d'entreprise et ceux qui en parlent sont licenciés", a-t-il déclaré. "Nous n'appelons pas du tout au boycott (...) mais je conseille aux clients de ne pas avoir toujours pour seul critère le prix", a-t-il ajouté.

Un scandale parmi d'autres

L'e-commerce est régulièrement accusé, non seulement en Allemagne, d'être excessivement concurrentiel, au mépris de ses salariés.

L'an dernier, Amazon s'était également retrouvé au coeur d'un scandale, après un autre reportage diffusé par une chaîne allemande, ARD. Il reprochait au géant américain du secteur de recourir  à une agence de sécurité employant des néonazis pour surveiller certains de ses salariés en Allemagne. Ces derniers, pour la plupart étrangers, touchaient par ailleurs des salaires inférieurs à ceux qui leur avaient été promis. D'ailleurs une nouvelle grève a été lancée jeudi soir dans des entrepôts allemands des géants du e-commerce. 

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Commentaires 9
à écrit le 11/05/2014 à 5:47
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Il y a des génies de la gestion en France également : Free, Vente privée, ... Il n'y a qu'à voir ce qui se passe lorsque ces mêmes génies rachètent d'autres groupes pour appliquer les mêmes méthodes low-cost (Le Monde, Alice Telecom,...) des millier...

à écrit le 20/04/2014 à 0:20
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Zalando Allemand ! Je Boycotte

à écrit le 19/04/2014 à 10:02
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Les salariés de ce genre de boite peuvent également devenir "méchants", s'ils se laissent faire par des esclavagistes, il ne faut pas s'étonner des dérives. Des ordures il y en a partout et en particulier dans le commerce.

à écrit le 19/04/2014 à 9:34
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Depuis le temps... C'est pas la première et pas la dernière, simplement si il y avait une vigilance plus accrue et des contrôles plus poussés ça calmerait ces génies de la gestion...

à écrit le 18/04/2014 à 21:52
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Certain site de VPC sont respectueux de leurs salarier. Seulement voilà, ils font faillites car ils sont en concurrence à des monstres sanguinaires, rois de l'évasion fiscal, massacrant l'ouvrier, et n'ayant aucune considération pour le genre humain....

à écrit le 18/04/2014 à 21:41
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C'est scandaleux mais j'ai peur que beaucoup d'autres leaders du e - commerce opèrent de la même façon (comme Amazon). Les clients s'étonnent de ces pratiques mais ne se posent pas de questions quand on leur propose des produits à (très) bas prix, ...

le 18/04/2014 à 21:54
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A titre perso, je me suis désinscrit d'Amazon pour ces raisons

à écrit le 18/04/2014 à 15:22
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Comme partout! travailler devient un calvaire dans ces temps actuels...

à écrit le 18/04/2014 à 14:59
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Je n'achète plus chez eux.

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