L'été sera beau et chaud pour Lufthansa et Air France-KLM

Après les compagnies américaines, c'est au tour des européennes de livrer leurs premiers résultats de l'année. Sans atteindre les niveaux dantesques observés outre-Atlantique, la forte accélération des réservations en mars laissent augurer d'un bon été pour Air France-KLM et Lufthansa.
Léo Barnier
Le niveau de réservations pour l'été s'avère meilleur que prévu en dépit d'un contexte encore difficile.
Le niveau de réservations pour l'été s'avère meilleur que prévu en dépit d'un contexte encore difficile. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Les tendances observées outre-Atlantique se confirment en Europe : tout indique que l'été sera très positif pour Air France-KLM et Lufthansa. Après un début d'année compliqué, marqué par le variant Omicron et la guerre en Ukraine, les réservations se sont envolées au mois de mars en dépit de la remontée des prix. Si le premier trimestre est resté dans le rouge, malgré une nette amélioration, cette combinaison entre une forte demande et des tarifs élevés laisse augurer d'un bon printemps et surtout d'un été prolifique.

Lors de leur présentation trimestrielle le 5 mai, Ben Smith, directeur général d'Air France-KLM, et Steven Zaat, son directeur financier, ont parlé d'une seule voix pour mettre en avant le caractère extrêmement prometteur des résultats du début d'année au vu du dynamisme des réservations sur les trimestres à venir. Dans le même temps, Carsten Spohr, le directeur général de Lufthansa, faisait de même pour son groupe.

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La dynamique se maintient

Ainsi, à l'image des compagnies américaines, les deux transporteurs européens ont engrangé des niveaux de réservations inédits depuis le début de la crise sanitaire. Le début de l'année a été timide, mais le niveau d'engagement des passagers s'est envolé au mois de mars pour les vacances de Pâques et surtout pour l'été. Et, selon Steven Zaat, la tendance se maintient depuis.

Le taux de réservation pour le troisième trimestre se rapproche ainsi progressivement de celui connu en 2019 à la même date, principalement sur le long-courrier. Les billets se réservent à nouveau plus longtemps à l'avance, bien que les délais ne soient pas encore revenus au niveau d'avant crise. Il y a toutefois un bémol : les capacités prévues pour cet été sont encore inférieures à celles de 2019.

Chez Air France-KLM, cela se traduit sur le long-courrier par un coefficient d'occupation sur la base des réservations déjà faites de 75 % au deuxième trimestre et de 40 % au troisième trimestre, contre respectivement 81% et 44 % à la même date il y a deux ans. La capacité en siège au kilomètre offert est pour sa part à hauteur de 83 % de celle de 2019 au deuxième trimestre et de 86 % au troisième. La remontée du coefficient d'occupation des réservations est moins nette sur le moyen-courrier, avec des taux inférieurs de 8 et 9 points par rapport à 2019, mais avec une remontée des capacités plus fortes : 88 % du niveau de 2019 au deuxième trimestre et 98 % au troisième.

Après un départ dans les ventes plus tardif, la tendance est même plus forte chez Lufthansa. La semaine dernière, le niveau de réservations sur 7 jours a été pour la première fois supérieur à celui de 2019 sur la même période. De façon plus globale, le niveau de réservations du groupe allemand est à 77 % de celui de 2019 pour les vols du mois de mai, à 81 % pour ceux de juin et à 82 % pour ceux de juillet. La capacité offerte devrait atteindre 75 % du niveau de 2019 au deuxième trimestre et 85 % au troisième.

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La demande résiste à l'inflation

Ce dynamisme dans les réservations arrive pourtant dans un contexte d'inflation en Europe, qui s'est fortement accélérée avec la guerre en Ukraine. L'envolée des cours du carburant a obligé les compagnies aériennes à remonter sensiblement leurs tarifs. Mais, comme constaté assez généralement, la sensibilité aux prix s'avère bien moins forte qu'avant la crise et la volonté de partir se confirme quoi qu'il en coûte.

Les prix pourraient donc continuer à augmenter dans les prochains mois, ce qui devrait se traduire par une amélioration du yield à un niveau supérieur à celui de 2019, notamment sur les pointes de l'été. Pour l'instant, celui d'Air France-KLM progresse de 0,9 % malgré un taux de remplissage toujours inférieur à celui de 2019. Ce n'est pas encore le cas chez Lufthansa (-2,5 %) mais le groupe prévoit une forte hausse tendant vers les 10 % sur le reste de l'année.

Ces tendances se reflètent à travers l'amélioration des résultats financiers. Certes Air France-KLM accuse une perte d'exploitation de 350 millions d'euros tandis que l'Ebit (résultat opérationnel) de Lufthansa est négatif à hauteur de 640 millions d'euros, mais les pertes étaient supérieures à 1,1 milliard d'euros pour les deux groupes l'an dernier. De même, ils ont tous deux doublé leur revenus.

Surtout, le fort niveau de réservations permet d'engranger du cash. Les ventes anticipées chez Air France-KLM ont permis de générer 1,25 milliard d'euros lors du premier trimestre. Si le niveau est loin des compagnies américaines, qui ont atteint des records, cela permet au groupe de générer un flux de trésorerie disponible ajusté (free cash-flow) nettement positif. Il est ainsi de 630 millions d'euros, alors qu'il était négatif de 1,3 milliard l'an dernier. Le mouvement est identique chez Lufthansa, qui a engrangé 1,1 milliard d'euros de réservations. Son flux de trésorerie disponible ajusté est donc passé de -1 milliard d'euros en 2021 à 780 millions d'euros cette année.

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Les finances respirent mieux

Ces promesses du premier trimestre doivent permettre à Air France-KLM d'atteindre l'équilibre opérationnel au deuxième trimestre et de basculer nettement dans le vert au troisième. Cette capacité à générer du cash est également un signal positif pour les investisseurs en vue de la reconstitution des fonds propres. Pour Steven Zaat, c'est aussi la preuve que le groupe peut contribuer à cet effort grâce à ses résultats opérationnels.

KLM a d'ailleurs réussi à rembourser 311 millions sur son prêt garanti par l'Etat néerlandais, tandis qu'Air France a engagé des "discussions avancées avec différents partenaires" pour refinancer 500 millions d'euros d'actif et rembourser en partie l'aide de l'Etat français.

Une certaine prudence reste tout de même de mise en France comme en Allemagne, du fait de la guerre en Ukraine et surtout la volatilité des prix du kérosène. De même, la fermeture persistante des frontières en Asie reste un facteur de préoccupation, même si les capacités sont pour l'instant reportées sur d'autres marchés porteurs à commencer pour le transatlantique. Ainsi que vers les départements français d'Outre-Mer pour Air France, comme le note Ben Smith.

En raison de ces incertitudes, Lufthansa se contente de dire que la dynamique actuelle va avoir un impact significatif sur les résultats de son activité passagers au deuxième trimestre. De même, le groupe allemand ne fait que confirmer ses objectifs sur l'année, à savoir une amélioration de son Ebit ajusté par rapport à 2021. Il avait alors perdu plus de 2,3 milliards d'euros.

Léo Barnier

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