Grand Paris Express : la Société du Grand Paris lève 6 milliards supplémentaires en obligations vertes

La Société du Grand Paris, qui construit le super-métro francilien, a annoncé avoir émis mardi deux obligations vertes de 3 milliards d'euros chacune. Déjà bénéficiaire d'une fiscalité sur les entreprises et de prêts, l'établissement public dit en avoir besoin pour couvrir l'intégralité de ses besoins de financements.
César Armand
(Crédits : DR)

Et de sept, et même huit ! La Société du Grand Paris, qui construit le Grand Paris Express, a annoncé, ce jeudi 8 octobre, avoir émis deux nouvelles obligations vertes d'un montant, chacune, de 3 milliards d'euros. Elles viennent s'ajouter à six premières émissions d'un montant total de 9,5 milliards d'euros. Avec près de 15,5 milliards d'euros, l'établissement public aux futurs 200 kilomètres de métro automatique a "désormais sécurisé 50% de [son] financement", a assuré, dans un communiqué, le président du directoire Thierry Dallard. Le coût du "chantier du siècle" est actuellement estimé à 35 milliards d'euros.

Les obligations vertes sont des emprunts obligataires (non bancaires, Ndlr) émis sur les marchés financiers par une entreprise privée ou publique pour financer des projets contribuant à la transition écologique. A la différence des obligations classiques, l'émetteur s'engage sur l'usage précis des fonds récoltés au profit d'un impact favorable sur l'environnement, en publiant, chaque année, un rapport rendant compte aux investisseurs. "Le nouveau métro que nous bâtissons en rocade autour de Paris coche toutes les cases en matière environnementale, notamment en permettant de mieux reconstruire la ville sur la ville, et donc de mieux préserver les terres agricoles d'Île-de-France et de réduire les émissions de gaz à effet de serre", a l'habitude de répéter le patron de la SGP.

4 à 5 milliards d'investissement annuel

En juillet 2018, la Société du Grand Paris avait lancé un programme baptisé "Green EMTN" (Euro Medium Term Notes), c'est-à-dire d'obligations vertes commercialisées par des banques. Fin avril dernier, après la levée d'1,5 milliard d'euros, le conseil de surveillance avait même voté le relèvement du plafond d'emprunt annuel de l'entreprise à 20 milliards d'euros. Objectif: lui permettre de maintenir, jusqu'à 2023, un niveau de dépenses annuelles d'investissement de l'ordre de 4 à 5 milliards d'euros.

"Cette sécurisation du financement nous permet de maintenir un niveau d'investissement élevé, conforme à la programmation antérieure à l'arrivée du virus, et cela pendant plusieurs années au profit de plus de 1.000 fournisseurs en France", expliquait alors à La Tribune son président Thierry Dallard.

Signataire le 7 octobre 2019 d'une convention de partenariat avec la région Ile-de-France, l'agence d'attractivité Choose Paris Region et l'association Paris Europlace qui promeut la région comme place financière de référence, le patron de la SGP déclarait alors que l'infrastructure attirait les investisseurs car positionnant la métropole-capitale comme première ville-monde. "En tirant le fil de ses avantages compétitifs, nous insistons systématiquement sur l'amélioration de la qualité de vie, pour travailler, chercher un emploi, se former, se soigner ou se divertir", avançait-il.

Prêts et fiscalité sur les entreprises

Dans le même temps, l'établissement public bénéficie de prêts de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de la Caisse des Dépôts (CDC). Ces lignes de crédit ne peuvent couvrir "qu'une toute petite partie" des besoins de financement et nécessitent de rechercher "une couverture globale" du financement, dit Thierry Dallard.  "Toutes nos émissions seront des green bonds, produits financiers de plus en plus recherchés", insiste-t-il.

De même que la SGP se finance grâce à de la fiscalité sur les entreprises franciliennes. "Cette fiscalité n'est pas seulement nécessaire pour couvrir chaque année une partie des ressources nécessaires pour le financement des chantiers, mais elle est également indispensable pour permettre le remboursement de la totalité de la dette, sur une durée raisonnable" (en 40 ans, NDLR), ajoute le président du directoire.

Faciliter la sécurisation des délais

La capacité à lever de la dette facilite effectivement la sécurisation des délais de réalisation. "Quand je regarde mon tableau annuel emploi-ressources, il faut que j'ai évidemment le même montant de chaque côté", précise Thierry Dallard, sachant qu'environ 20% des ressources sont financées par la fiscalité dédiée et 80% par l'endettement.

Sans ces ressources apportées par les obligations vertes, la SGP ne pourrait dépenser que ses ressources fiscales affectées, "soit cinq fois moins que ce qui est nécessaire pour respecter le calendrier". "Nous irions donc cinq fois moins vite", poursuit le président du directoire. Prévu pour une livraison en intégralité à horizon 2030, le projet accuserait alors un retard d'environ quarante ans et se terminerait au mieux en 2070...

Lire aussi : Thierry Dallard, le maître des horloges du Grand Paris Express

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2020 à 22:01
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Ach ! Das große grüne Paris ! les nazis en ont rêvé, la finance mondialisée l'a fait ! 😁

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