Tata Steel propose de racheter le sidérurgiste Corus

Le groupe indien offre 455 pence par action de son concurrent anglo-néerlandais. Si l'opération se concrétise, ce sera la deuxième fois en quelque mois, après le rachat d'Arcelor par Mittal, que des capitaux indiens reprennent un grand sidérurgiste occidental.

La rumeur était bien fondée: le groupe sidérurgique anglo-néerlandais Corus a reçu une offre d'achat de la part du groupe indien Tata Steel. La proposition porte sur un prix de 455 pence par action, en cash, soit très nettement en-dessous du cours de l'action Corus: en fin d'après-midi, l'action de ce dernier se traitait à 479 pence à Londres, en recul de 0,22%. L'offre de Tata valorise Corus 4,1 milliards de livres (6,11 milliards d'euros). Selon le groupe indien, toutefois, l'offre est basée sur une valeur d'entreprise de 10 milliards de dollars (8 milliards d'euros).

Dans son communiqué, Corus précise que des discussions ont lieu entre les deux groupes et qu'il n'y a à l'heure actuelle "aucune certitude qu'une offre se concrétisera".

Cette initiative du groupe de Mumbai (ex-Bombay) était très attendue par les marchés. Elle intervient quelques mois après le rachat du sidérurgiste européen Arcelor par le groupe Mittal. Ce dernier, quoique de nationalité néerlandaise, est contrôlé par la famille Mittal, originaire d'Inde. Déjà numéro un mondial de l'acier avant cette acquisition, Mittal a conforté avec Arcelor sa position de leader du secteur.

Il n'est dès lors pas étonnant que les grandes manoeuvres se poursuivent dans un secteur encore loin d'être consolidé. Tata Steel, qui est l'une des entités du groupe Tata, le plus ancien des grands industriels indiens, présent aussi bien dans l'automobile que dans le thé ou les services informatiques, est actuellement le deuxième sidérurgiste en Inde.

En s'intéressant à Corus, Tata Steel vise le neuvième acteur mondial du secteur, qui produit 18,2 millions de tonnes d'acier par an. Corus, qui souffre de coûts de production excessifs, est ouvertement à la recherche d'un partenaire, de préférence venant d'un pays émergent. "Nous sommes prêts à nouer un partenariat local pour accéder aux plates-formes de production à bas coût et aux marchés en forte croissance que constituent les pays émergents", expliquait en mars à La Tribune le patron français du groupe, Philippe Varin.

Dès lors, le marché spéculait ces derniers temps sur l'intérêt porté à Corus par les sidérurgistes du monde entier: les russes Evraz, NLMK et Severstal (ce dernier ayant été candidat malheureux à la reprise d'Arcelor), les brésiliens Gerdau et CNS, et donc l'indien Tata Steel. Ce dernier avait d'ailleurs confirmé début octobre qu'il s'intéressait à Corus, mais parmi "un certain nombre d'opportunités dans le monde".

Tata Steel ambitionne de devenir un acteur "global", avec un objectif de production de 15 millions de tonnes en 2010, contre 4,4 millions en 2005. En dépit de sa production modeste en volume, le groupe est l'un des sidérurgistes les plus rentables de la planète, trois fois plus qu'Arcelor par exemple, notamment grâce à ses mines de charbon et de fer. Prendre le contrôle de Corus lui permettrait d'augmenter très fortement sa production, mais aussi d'accéder à des technologies à forte valeur ajoutée.

Reste que les analystes s'attendaient ces derniers temps à une offre d'un montant très supérieur. Le chiffre de 8,3 milliards d'euros avait été cité par la presse indienne.

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