La Suisse ouvre aux SPAC les portes de la Bourse helvétique

En Europe continentale, ce véhicule boursier atypique et désormais très en vogue n'était coté que sur les places de Paris et d'Amsterdam.
(Crédits : Arnd Wiegmann)

Jusqu'ici, c'étaient les Bourses de Paris et d'Amsterdam qui se partageaient la cotation de 100% des SPAC en Europe continentale, avec un léger avantage pour la place financière néerlandaise, la plus ancienne au monde.

Mais, alors que la Bourse de Londres est toujours en phase de réflexion pour assouplir sa réglementation, un troisième joueur vient d'entrer résolument sur le terrain: SIX Group, l'opérateur de la Bourse suisse (issu de la fusion en 1996 des Bourses de Zurich, Genève et Bâle), qui annonce qu'à compter du 6 décembre, les sociétés d'acquisition à vocation spécifique, dites SPAC (Special Purpose Acquisition Company, ou "sociétés d'acquisition à vocation spécifique" en français) pourront être cotées et négociées chez elle.

Pour mémoire, un SPAC est une société cotée, qui n'a pas d'activité autre que celle d'organiser des levées de fonds dans le but d'acquérir une ou plusieurs sociétés cibles non cotées. Une fois l'acquisition réalisée, c'est la cible qui devient la société cotée.

Luxe de précautions réglementaires

Ce véhicule boursier est devenu en quelques mois très en vogue, notamment aux États-Unis, parce qu'il permet d'accélérer la cotation d'une entreprise, sans passer par toutes les étapes contraignantes d'une IPO traditionnelle.

| Lire : Qu'est-ce qu'un SPAC ?

«La norme de cotation pour SPAC complète les efforts que nous déployons pour offrir de nouveaux produits et services aux émetteurs actuels et futurs. Les SPAC proposent aux sociétés qui sont prêtes à entrer en Bourse une option supplémentaire pour franchir cette étape», justifie Christian Reuss, le directeur de SIX Swiss Exchange, cité dans le communiqué.

L'opérateur suisse SIX s'entoure néanmoins d'un luxe de précautions. Il déclare d'entrée de jeu que « l'approbation de toutes les autorités compétentes a été obtenue » et qu'elle a créé une « nouvelle norme de cotation », qui tient compte des caractéristiques de ce nouveau véhicule. L'objectif de la réglementation élaborée est de rassurer les investisseurs par la divulgation d'informations pertinentes, pour leur permettre de prendre des décisions d'investissement en toute connaissance de cause.

Conventions de lock-up contraignantes

Ainsi, la durée maximale des SPAC sera limitée à trois ans. Seules les sociétés anonymes de droit suisse pourront être cotées en tant que SPAC.

Les produits d'émission recueillis dans le cadre de l'offre publique initiale (IPO) seront obligatoirement déposés sur un compte fiduciaire d'une banque. Tous les actionnaires du SPAC doivent se voir accorder un droit de restitution général s'appliquant à toutes les actions acquises dans le cadre de l'IPO. Le communiqué précise que les "conseil d'administration, direction, fondateurs et sponsors des SPAC doivent conclure des conventions de lock-up contraignantes", tandis que "le délai de garde s'élèvera à cet égard à six mois au minimum."

Un engouement en passe de devenir phénomène

En plein essor aux États-Unis, les SPAC ont été utilisées à de nombreuses reprises pour des introductions en Bourse, notamment pour coter Virgin Galatic, la compagnie de tourisme spatial fondée par le magnat britannique Richard Branson, et plus récemment par WeWork, le réseau de bureaux partagés.

Sur les douze derniers mois, il s'est créé sur le marché boursier américain quelque 350 de ces coquilles vides qui ont levé pour plus de 107 milliards de dollars de fonds, selon des données du cabinet Dealogics.

Lire aussi 15 mnSPAC : enquête sur ce phénomène qui défraie la chronique financière depuis un an

Des instruments qui s'appuient sur la notoriété de leurs promoteurs

Les SPAC sont des instruments en vogue, généralement promus par des entrepreneurs à succès ou des personnalités.

Par exemple, parmi l'équipe dirigeante qui a lancé en 2021 DEE Tech, on trouve Marc Menasé, cofondateur de France Digitale, et des anciens de Vente-privée (devenue Veepee). Ils sont accompagnés par le groupe MACSF, premier assureur des professionnels de santé, et IDI, société d'investissement spécialisée. Ou encore, le Spac 2MX Organic, qui ambitionne de bâtir une grande entreprise spécialisée dans la consommation durable, a été lancé en décembre 2020, par Xavier Niel (fondateur d'Iliad), le banquier d'affaires Matthieu Pigasse et le spécialiste de la distribution Moez-Alexandre Zouari. D'autres personnalités ou grands groupes sont en route comme le cofondateur de Direct Energie, Xavier Caïtucoli, qui veut lancer un véhicule d'investissement dédié à la transition énergétique, ou le groupe hôtelier français Accor qui annonçait fin mai 2021 la levée de 300 millions d'euros par son Spac.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 16/11/2021 à 20:02
Signaler
vous n'aimez pas le bitcoin pour vous faire plumer? he ben le spac c'est bien aussi!!!!!!!!!! foncez, c'est le moment ou jamais comme on dit, vos economies n'ont pas de temps a perdre pour disparaitre

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.