Le timing est bien choisi. Alors que le président Emmanuel Macron est arrivé en Ouzbékistan mercredi soir, le spécialiste français de l'uranium Orano a annoncé, ce jeudi 2 novembre, avoir extrait ses premiers 350 kilogrammes d'uranium dans le pays. Il s'agit là d'une étape symbolique dans le cadre d'un projet pilote, a indiqué la présidence française.
Orano ambitionne, en effet, de développer ses activités dans cette ex-république soviétique dirigée par Chavkat Mirzioïev, en pleine ouverture depuis 2016 après deux décennies d'isolement, même si l'économie reste encore très étatisée.
Une belle opération de communication
Et quoi de mieux pour faire une belle opération de communication que d'annoncer cette première étape en pleine visite du chef de l'Etat français.
Emmanuel Macron, accompagné des ministres de l'Industrie, du Commerce extérieur et d'une quinzaine de chefs d'entreprise dont les PDG d'EDF, Suez et Orano, a en effet laissé entendre qu'il s'attellerait à renforcer le partenariat économique avec le Kazakhstan - où la France est le cinquième investisseur étranger, devant la Chine - et à développer celui avec l'Ouzbékistan.
Ce dernier, pays le plus peuplé d'Asie centrale avec 35 millions d'habitants, est aussi très courtisé par la Chine et la Turquie. Mais la Russie reste très présente et a récemment débuté des livraisons de gaz vers l'Ouzbékistan.
Les entreprises françaises lorgnent sur le pays
Le gouvernement français n'est pas le seul à s'intéresser à l'ex-satellite de l'URSS. Les entreprises tricolores y voient aussi une belle opportunité. Le géant français de l'électricité EDF a, de son côté, conclu un précontrat pour la réalisation de deux projets hydroélectriques.
Le groupe français TotalEnergies, lui, a signé un protocole d'accord pour l'extension de la centrale solaire Tutly. Un projet de centrale hybride (solaire, éolien, batterie) a également été conclu entre Voltalia et le ministère ouzbek de l'Energie. Enfin, le groupe d'ingénierie Egis s'est aussi vu confier une étude de faisabilité pour le tramway de Tachkent, la capitale de l'Ouzbékistan.
Le Trésor français va octroyer des prêts pour l'adduction en eau potable dans la région de Kachkadarya (sud) par le groupe Eiffage, alors que l'Ouzbékistan est un pays en grande partie désertique. Les entreprises françaises sont déjà très présentes dans la modernisation des infrastructures à Tachkent. Les groupes français Veolia et Suez y ont ainsi pignon sur rue avec respectivement la gestion du chauffage urbain et l'assainissement de l'eau. Depuis 2016, l'Agence française de développement (AFD) a financé des projets pour plus de 1,3 milliard d'euros en Ouzbékistan dans les infrastructures urbaines, la gestion de l'eau et l'énergie.
Le spécialiste de l'uranium entend aussi développer ses activités au Kazakhstan, où il exploite déjà une mine, et en Ouzbékistan alors qu'un de ses principaux fournisseurs, le Niger, devient plus imprévisible après un coup d'Etat en juillet. Orano a aussi signé, le 12 octobre, un accord avec la Mongolie en vue d'exploiter une mine d'uranium d'envergure dans ce vaste pays enclavé entre la Russie et la Chine, a annoncé l'Elysée à l'occasion de la visite d'Etat du président mongol en France. Cette mine étant potentiellement l'une des plus importantes au monde, le projet, développé par Badrakh Energy, la co-entreprise entre Orano et l'entreprise publique mongole MonAtomest, est estimé à « plus d'un milliard d'euros », avait indiqué en juin l'AFP, citant une source diplomatique. Ce projet fait suite au pilote industriel déployé « avec succès » par Orano entre 2021 et 2022, selon le groupe français.Orano se développe dans toute l'Asie centrale
(Avec AFP)
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