Natation : dormir pour nager vite

Des chercheurs expérimentent des méthodes pour optimiser le sommeil des athlètes.
(Crédits : © Live Media/Sipa USA)

Enchaîner les longueurs dès l'aube puis replonger peu avant le dîner : le quotidien des nageurs laisse peu de marge pour une bonne nuit de repos. Davantage sujets au réveil nocturne que les autres sportifs, ces athlètes dorment en moyenne six heures quarante-cinq, loin des huit heures recommandées. À force, la fatigue s'accumule et affecte les performances. Depuis 2020, une vingtaine de chercheurs français planchent sur cette problématique dans le cadre du projet de recherche D-Day, lauréat du programme d'investissement d'avenir Sport de très haute performance et doté de 1,7 million d'euros sur quatre ans. Avec Paris 2024 en bout de ligne.

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L'objectif ? « Identifier les stratégies pour diminuer au minimum le niveau de fatigue tout en maintenant la condition physique, ce qui est nécessaire pour atteindre un pic de performance », pose le coordinateur Laurent Bosquet, professeur à l'université de Poitiers. Au-delà de la baisse du volume d'entraînement à l'approche d'une compétition, le collectif a choisi de tester différents outils visant à améliorer la qualité du sommeil, plus faciles à faire accepter qu'une intervention sur le contenu des séances. « On a choisi de ne rien imposer, souligne Robin Pla, référent scientifique à la Fédération française de natation (FFN). En 2022, Toulouse, Font-Romeu et l'Insep ont participé au protocole. Cette année, seul l'Insep poursuit. »

Il y a déjà l'éducation. Par des ateliers, des spécialistes sensibilisent les sportifs aux méfaits d'une exposition tardive aux écrans, d'une chambre surchauffée ou trop éclairée... « Le changement doit venir d'eux pour qu'il soit durable », fait remarquer Quentin Bretonneau, membre du projet D-Day. Il y a ensuite les techniques autour du froid, qui agissent sur la température interne du corps. « On va proposer au nageur qui a du mal à s'endormir de la cryostimulation ou un bain froid avant le coucher, détaille Laurent Bosquet. Ou bien il pourra prendre un bain à 40 °C bien avant d'aller dormir, ce qui poussera son corps à se refroidir. »

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Un surmatelas thermorégulant

Aux dormeurs agités est suggéré d'ajouter un surmatelas thermorégulant, qui va absorber l'excès de chaleur, et d'utiliser un oreiller réfrigérant. Ce matériel a été prêté aux nageurs dès les championnats d'Europe 2022. « Les surmatelas divisent, note Robin Pla. Lors des épreuves du Giant Open en mars, les stratégies de récupération seront de nouveau testées. » Rigueur scientifique oblige, chaque méthode a été évaluée, soulevant parfois un enjeu logistique. « Nos tests ont montré que les bénéfices les plus importants en cryostimulation s'obtiennent quand l'exposition est réalisée le plus proche possible de l'heure du coucher, illustre Quentin Bretonneau. On a fait remonter ce point à la Fédération. » Lors du stage terminal avant les Jeux, le camion de cryostimulation - financé par D-Day - sera donc positionné au pied de l'hébergement des nageurs. En attendant, place aux championnats d'Europe en petit bassin cette semaine en Roumanie.

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