Les Rencontres économiques d'Aix, « un enjeu important pour notre territoire » (Renaud Muselier)

RENCONTRES ÉCONOMIQUES D'AIX-EN-PROVENCE. La Tribune reçoit en direct de son studio en plein air les décideurs économiques et politiques pendant les trois jours des Rencontres d'Aix, le Davos provençal. Ce vendredi, le président du conseil de la Région Sud a affirmé que sa région bénéfice de l'événement afin d'attirer les entreprises.
Maxime Heuze
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Les rencontres d'Aix sont-elles un Davos provençal ? Cet événement participe-t-il à l'attractivité de la région?

RENAUD MUSELIER - C'est un enjeu important pour notre territoire qui fait la taille de la Belgique, la population de la Finlande et le Produit intérieur brut de la Nouvelle-Zélande. Lorsque Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des économistes a organisé cet événement-là, il l'a fait prospérer. Il a fait en sorte qu'il soit ancré ici, et je ne veux pas le voir partir, car il apporte une richesse intellectuelle dans le cadre des échanges qui ne sont pas parisiens, pas français, mais mondiaux, où tous les décideurs du monde se réunissent.

Lire aussiViolences urbaines : « Il ne s'est rien passé dans la région Sud en dehors de Marseille » (Renaud Muselier )

Cela nous permet, à nous les régionalistes, de dire, vous pouvez venir chez nous, vous pouvez travailler ici, nous avons des universités et des écoles d'ingénieurs. Ces échanges-là font aussi grandir nos populations, plus ou moins jeunes, qui viennent ici écouter. Donc ce n'est pas le Davos français, mais l'accessibilité au plus grand nombre de ces grands dirigeants du monde.

Lire aussiDavos retrouve le sourire : et si 2023 se passait bien pour la croissance ?

Il y a quelques instants nous parlions d'industrie avec Bernard Kleynhoff, notamment des problématiques de foncier et d'attractivités. Cela va tout de même mieux depuis quelques années ?

Les changements d'image sont longs à imprimer. Il y a des réflexes qui ne sont pas toujours forcément favorables à la région. Quand on pense au PACA, oublie qu'on a des numéros un mondiaux, comme CMA CGM, Alstom, Thales, TotalEnergies. On pense plutôt à Marseille, le foot, à la côte d'Azur ou à Cannes avec le cinéma ou à Saint-Tropez ou aux champs de lavande. C'est cela notre région, on a nos accents, notre culture, mais une culture de travailleurs. Nous avons la première université francophone au monde, une capacité d'action importante, une capacité de rayonnement dont on doit être fiers.

Lire aussiPour Emmanuel Macron, le « destin méditerranéen » de Marseille passe par son port

Avec ma majorité à la région, j'ai décidé de mettre en place une organisation territoriale et en décentralisant, car j'essaye d'appliquer ce que l'Etat n'applique pas forcément. Nous ne traitons pas de la même manière les Hautes-Alpes et le Vaucluse, ni la métropole d'Avignon et celle de Nice. Ce travail de couture doit être fait pour la fabrication d'écosystèmes et dans ces derniers, nous, la région pilote du développement économique, avons l'obligation de dire qui, quand, combien. Où et quand je peux m'installer et combien cela va me coûter et me rapporter. Et suivant la taille de l'entreprise nous orientons. Nous sommes rentrés dans la culture de l'entreprise pilotée par une institution, avec des réponses très simples à des questions très importantes.

Vous êtes un fervent défenseur de l'Europe : vous incitez les entreprises à aller chercher des fonds européens. Malgré tout l'Europe est encore mal aimée ou mal comprise. Que faudrait-il faire pour que cela change?

Je suis un pro-européen, parce que je suis un enfant de la guerre et que mon grand-père a donné la croix de guerre à la Lorraine, mon père a été déporté à Dachau. Mes arrières grand-parents ont connu la guerre de 1914-1918. Nous ne sommes en paix que depuis que nous avons l'Europe. [A la création de l'Europe], il y avait un collectif, une vision collective et pacificatrice sur le continent, qui s'est éloignée pour plusieurs raisons. Et depuis des dizaines d'années, nous avons fait voter les Français aux Européennes et où à chaque fin de mandat nous avons dit « c'est la faute de l'Europe ».

Je souhaite rappeler qui fait quoi en Europe, et redonner une vision pacificatrice, mais je crois que le sentiment pro-européen s'est renforcé avec l'invasion de l'Ukraine, le Covid et le Brexit. Parallèlement à cela, l'Europe est très utile quand on sait s'en servir. J'ai appris à m'en servir. Ma région est celle qui récupère le plus de fonds européens en France, et parmi les 10 premiers [régions, ndlr] en Europe. Ce sont 10 milliards d'euros.

C'est le rôle de la région de porter des investissements sur le long terme. Que pouvez-vous faire pour accompagner cette grande révolution industrielle pour la décarbonation, créer plus d'emplois et de brevets ?

La région a disparu dans l'esprit des gens. Nous nous occupions des trains et de lycées. Nous ne faisions rien d'autre dans l'esprit des gens. Et maintenant, c'est nous qui pilotons les fonds européens. La totalité des développements économiques industriels et universitaires, c'est l'Europe. Le contrat de plan Etat-Région, c'est nous avec l'Etat pour nos différents territoires.

A partir de cela, nous avons décidé de mettre 100% de notre budget sur la transition énergétique, c'est ce que j'appelle une COP d'avance. Ensuite, nous les déclinons, par exemple, nous travaillons avec l'Institut national de la propriété industrielle pour savoir comment développer plus de brevets. Nous travaillons avec les territoires et nous travaillons avec les entreprises et les industriels qui s'installent.

Maxime Heuze

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.