L’Est du monde, le nouveau paradis des entrepreneurs à succès

La Chine, Hong-Kong, la Turquie, l’Inde et Singapour figurent en tête des pays où il fait bon entreprendre, loin devant les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou encore la France, selon un classement élaboré par BNP Paribas Wealth Management.
Christine Lejoux
Jack Ma est le fondateur d'Alibaba, le "Google chinois", dont la récente introduction en Bourse à New York est l'une des plus importantes de l'Histoire.

S'il est un pays réputé favorable à l'entrepreneuriat, c'est bien les Etats-Unis. En 2014, le mythe du "self-made man" américain, parti de rien et arrivé très haut sur l'échelle sociale parce que son pays lui en a donné la chance, demeure vivace. Pourtant, il semble que le centre de gravité des zones géographiques où il fait bon entreprendre ait commencé à basculer, et que les Mark Zuckerberg et Larry Page de demain ne se trouvent plus forcément au pays de l'oncle Sam, patrie des fondateurs de Facebook et de Google.

Selon une étude publiée le 4 novembre par BNP Paribas Wealth Management, la division de banque privée du groupe bancaire français, la Chine, Hong Kong, la Turquie, l'Inde et Singapour figurent parmi les six meilleurs "spots" mondiaux pour l'entrepreneuriat, devant les Etats-Unis, qui ne pointent qu'à la huitième place sur douze, devançant d'une courte tête les pays du Golfe (9ème). Plus largement, les pays occidentaux se trouvent relégués en queue de peloton, le Royaume-Uni et l'Allemagne devant se contenter des septième et onzième rangs, et la France, du...dernier. N'en déplaise à Xavier Niel, le fondateur et patron de l'opérateur de téléphonie mobile Free, qui a réaffirmé, le 4 novembre sur l'antenne de BFM Business, que la France était un paradis pour les créateurs d'entreprises.

Les entrepreneurs asiatiques fondent leur première société à l'âge de 30 ans, au maximum

Sur la base de quels critères BNP Paribas Wealth-Management a-t-elle élaboré son palmarès ? Pour chaque pays, la banque s'est intéressée à l'âge moyen auquel les entrepreneurs à succès ont fondé leur première entreprise, au nombre de sociétés qu'ils ont créées, au chiffre d'affaires moyen de ces dernières, à la propension de ces "serial entrepreneurs" à jouer les business angels, c'est-à-dire à investir une partie de leur fortune dans le développement de start-up, ainsi qu'à la tradition de "business" qui pouvait prévaloir au sein de leurs familles.

Au terme de cette enquête menée dans 17 pays auprès de 2.500 entrepreneurs dont la fortune s'élève en moyenne à 7,6 millions de dollars, il apparaît que ceux du Moyen-Orient sont titillés dès l'âge de 25 ans, en moyenne, par l'envie de monter leur boîte, alors que les Américains ne s'éveillent à la création d'entreprise que vers 33 ans. Et, quand les seconds passent à l'acte à l'approche des 35 ans, les premiers sautent le pas avant 30 ans, à l'instar des aspirants patrons asiatiques.

Les entrepreneurs chinois sont les plus ambitieux au monde

Et ces derniers ne se content pas de fonder une entreprise : à Hong Kong, les entrepreneurs à succès ont en moyenne créé dix sociétés, soit environ deux fois plus que les chefs d'entreprise américains (5,8) et européens (4). Toujours au sujet des entrepreneurs asiatiques, les Chinois sont les plus ambitieux au monde, qui souhaitent voir leur fortune s'accroître de 6,2 millions de dollars, en moyenne, dans les prochaines années, grâce à la création d'entreprises.

Alors que leurs homologues européens et nord-américains, eux, aspirent à un supplément de richesse de moins de 5 millions de dollars. Mais cet argent gagné, les entrepreneurs asiatiques et moyen-orientaux sont tout disposés à en faire profiter une nouvelle génération de créateurs d'entreprise : 12,3% de leur portefeuille financier est constitué de prises de participation dans des start-up, contre 8% seulement chez les entrepreneurs européens et américains.

Une tradition d'entrepreneuriat dans les familles d'Asie et du Moyen-Orient

Si l'Asie et le Moyen-Orient montrent aujourd'hui une telle appétence pour la création d'entreprise, c'est parce qu'au-delà de perspectives macro-économiques autrement plus enthousiasmantes que dans les pays matures, nombre de familles ont développé une tradition d'entrepreneuriat très forte. A Taïwan et dans les Pays du Golfe, 80% des entrepreneurs interrogés par BNP Paribas Wealth Management reconnaissent qu'avant eux, un membre au moins de leur famille proche s'est illustré dans la création d'entreprise. Une proportion qui n'est que de 57,3% aux Etats-Unis et de moins de 50% en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, où nombre d'entrepreneurs à succès se sont faits tout seuls.

Or "la famille et le réseau de connaissances qu'elle peut générer sont des éléments-clés" dans la réussite d'un entrepreneur, affirme Vincent Lecomte, co-président de BNP Paribas Wealth Management. Mais nul doute que ce bouillonnement de l'entrepreneuriat en Asie correspond également à une "fougue des débuts" dans les pays émergents. "La culture de l'entrepreneuriat est relativement jeune en Chine. Et elle commence à émerger à Singapour, où, il n'y a pas si longtemps, il était très bien vu de devenir médecin, avocat ou banquier", reconnaît Vincent Lecomte. Le temps où le ralentissement de la croissance économique et l'avènement de potentielles réglementations anti-business doucheront en partie le bel optimisme des entrepreneurs asiatiques viendra sans doute bien assez tôt.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 08/11/2014 à 10:27
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On peut comprendre que ces pays décollent au niveau économique alors que la vieille Europe stagne, voire même regresse. Rien qu'en Turquie qui a été moteur de l'économie dans tous les secteurs pendant des années avec une croissance à deux chiffres.

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