Avec l'économie collaborative, du nouveau dans l'assurance ?

Des startups proposent des assurances collaboratives, basées sur des groupes affinitaires d'une centaine de personnes. Un modèle de rupture?
Otherwise propose une assurance complémentaire santé en ligne, colllaborative

L'économie collaborative est partout ou presque. Jusqu'à l'assurance ! Plusieurs initiatives voient actuellement le jour, qui reposent toutes sur le principe sur l'idée de regrouper les individus par petites communautés -voilà le côté collaboratif- pour s'assurer. Dans quel domaine ? Sans doute pas l'assurance vie, problématique dans ce cadre, mais tous les autres champs de cette activité semblent grand ouverts. Ainsi, une startup parisienne, Wecover, se propose d'offrir une assurance auto aux « bons conducteurs » . Une autre fintech, Otherwise, de son côté, propose d'abord une complémentaire santé, mais ne s'interdit pas d'explorer d'autres secteurs.

Par affinités

Dans le deux cas, il s'agit bien sûr d'une offre digitalisée, à souscrire obligatoirement en ligne. Mais surtout, l'idée est de regrouper les assurés par affinités : jeunes, plus âgés, indépendants... ou habitués du covoiturage pour Wecover. Par affinités, et dans le cadre de petits groupes, d'au maximum une centaine de membres ou à peine plus. L'idée est que les membres du groupe soient identifiés par la communauté, même si c'est via un pseudo. Ainsi, sur le site d'Otherwise, un membre du groupe pourra prendre connaissance de l'âge de chacun des autres adhérents, de la composition de sa famille, etc.

Car c'est bien sur ce sentiment d'appartenance à un groupe et sur la connaissance du comportement des autres membres que repose le système : il s'agit d'instituer une forme de contrôle par la communauté, afin d'inciter aux comportements les plus vertueux, les dérapages possibles de certains étant, en revanche, bien visibles. Objectif ultime : que chacun soit rigoureux -sous la pression des autres- ce qui permet diminuer le prix de l'assurance de tous.

Jusqu'à 50% de remboursement

Quel est le fonctionnement concret de ces nouvelles assurances ? Les membres d'un groupe versent leur cotisation annuelle dans un pot commun. Une cotisation conçue comme étant déjà attractive, proche des tarifs les moins élevés du marché. Et, cerise sur le gâteau, si, à la fin de l'année, le comportement général du groupe s'avère parfaitement vertueux, qu'il s'agisse de conduite automobile ou de consommation médicale, le pot commun peut rembourser aux membres du groupe jusqu'à 50% du prix de l'assurance payé initialement. « Ainsi, le client est responsabilisé » soulignent les fondateurs d'Otherwise. S'agissant de Wecover, l'offre est couplée à une application sur smartphone, qui permet d'évaluer la qualité de la conduite (en repérant les coups de frein brusques ou non les accélérations), et de sélectionner les bons conducteurs. L'idée est bien qu'en responsabilisant fortement les adhérents, il est possible de faire baisser le coût des indemnisations en dessous de la moyenne des compagnies traditionnelles, et donc de récompenser in fine les clients.

Startups adossées à des assureurs

Bien sûr, en cas de sinistre important, pour reprendre les termes assurantiels, dont le montant dépasserait le montant du pot commun, l'équivalent d'une réassurance entre en jeu. Imaginons qu'un automobiliste soit responsable d'un accident aux conséquences financières majeures, dépassant largement la capacité de sa communauté, il ne sera pas demandé à celle-ci de « combler le passif ». Ce sera demandé à l'assureur en soutien de ces startups.

En effet, Wecover comme Otherwise ressemblent donc à une compagnie d'assurance d'un genre nouveau. En réalité, ils n'en ont pas le statut, la réglementation étant beaucoup trop lourde. Le véritable assureur, dans le cas de Wecover, est Suravenir, filiale de Crédit Mutuel Arkéa, tandis qu'Otherwise s'appuie sur la mutuelle Thélem. Ces assureurs perçoivent près de la moitié de la prime versée par l'adhérent.

 Innovant, réellement?

La gestion en ligne mise à part, qui relève de la modernisation minimale aujourd'hui, quel est le degré d'innovation contenu par ces projets d'assurance collaborative ? «Ils n'ont rien inventé » commente un assureur traditionnel. « C'est juste de la tontine ». Un système de mise en commun de fonds inventé par Lorenzo Tonti au... XVIIè siècle.

Un autre assureur se veut plus positif: "il s'agit bien sûr d'un produit de niche, mais il peut connaître un certain succès". Pas de quoi inquiéter, bien sûr, les grands assureurs de la place...

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