Le Comité de Bâle souhaite une bonne année 2013 aux banques !

Les régulateurs et les banquiers centraux du Comité de Bâle ont décidé d'assouplir les nouveaux ratios de liquidité et d'accorder aux banques plus de temps pour se constituer des réserves. Difficile de savoir si cette décision permettra aux banques de consacrer plus de fonds à financer la reprise, mais elle leur permet déjà de bénéficier d'un rebond appréciable en Bourse.
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L'année commence sous de bons auspices pour les banques. Les régulateurs et les banquiers centraux du Comité de Bâle ont accepté d'assouplir significativement le ratio de liquidité qu'ils projetaient de leur imposer. Un délai supplémentaire de quatre ans a également été accordé aux établissements bancaires : ainsi, le "liquidity coverage ration" (LCR) devra être progressivement mis en oeuvre à partir de 2015 et il sera totalement appliqué à partir de 2019. 

Les défauts de la première version du ratio de liquidité

Cette décision n'est pas une surprise. En juin dernier, déjà, le Wall Street Journal indiquait que les régulateurs internationaux réfléchissaient à un assouplissement des exigences de liquidité. Pourquoi ? Mal ficelé, le ratio de liquidité présentait deux défauts. D'abord, les actifs éligibles aux réserves de liquidité étaient définis de façon extrêmement restrictive. Alors que l'idée était d'imposer aux banques de détenir un certain stock de titres de la meilleure qualité (donc facilement vendables), afin de pouvoir affronter une crise de liquidité d'un mois, seuls le cash et les titres de dette souveraine étaient considérés comme valables. Or la crise de la zone euro a montré que la liquidité de certains emprunts d'Etat pouvait rapidement devenir très limitée. Dès lors, obliger les banques à détenir un coussin de sécurité faisant la part belle aux obligations souveraines risquerait surtout de renforcer le lien nocif entre crise bancaire et crise des dettes souveraines... Deuxième défaut - régulièrement mis en évidence par les banquiers - , une telle réforme mobilise les réserves des banques à l'heure où l'offre de crédit se réduit. Les banques estimaient qu'il était impossible pour elles de respecter l'échéance (initialement fixée à janvier 2015) tout en continuant à prêter aux entreprises et aux ménages. C'est le principal argument invoqué par les sages du Comité de Bâle. Ce week end, ils ont jugé que les banques devaient pouvoir consacrer une partie de leurs réserves au soutien à la reprise économique.

Le nouveau ratio de liquidité et son entrée en vigueur

Concrètement, les banques pourront désormais inclure dans leurs réserves de liquidité des obligations d'entreprises notées A+ à BBB-, certaines actions ainsi que des emprunts hypothécaires résidentiels titrisés (RMBS) bénéficiant d'une note AA ou supérieure. Une décote sera cependant appliquée à ces actifs moins liquides. Une limite de 15%, après décote, leur sera par ailleurs imposée dans le décompte des actifs liquides de haute qualité.

Concernant le calendrier de mise en oeuvre, en 2015, les banques devront être en mesure d'appliquer le ratio LCR à hauteur de 60 %. Il devra être augmenté de 10 points de pourcentage par an pour atteindre 100 % en 2019.

Ne pas réduire la capacité du système bancaire à financer la reprise

 "Pour la première fois dans l'histoire de la régulation, nous disposons d'une véritable règle minimale mondiale en matière de liquidité bancaire", s'est félicité dans un communiqué le président du Groupe des gouverneurs et responsables de la supervision, Mervyn King, également gouverneur de la Banque d'Angleterre. "Plus important, la mise en place d'un calendrier étalé pour la mise en application du ratio de couverture de liquidité [...] aura pour effet que la nouvelle règle de liquidité ne réduira en rien la capacité du système bancaire mondial à financer la reprise", a-t-il ajouté.

Les changements annoncés dimanche ont surpris pourraient surtout favoriser la relance du marché des prêts immobiliers titrisés, qui reste affecté par la crise des "subprime" américains. "L'intégration des RMBS de bonne qualité dans le coussin de liquidité est un cadeau de dernière minute très bienvenu", a déclaré Simon Hills, directeur exécutif de l'Association bancaire britannique.

Certaines banques européennes devront augmenter leurs actifs éligibles ce qui pourrait nuire à leur rentabilité

Selon le président du Comité de Bâle, Stefan Ingves, en prenant en compte les changements entérinés dimanche, le coussin de liquidité moyen des 200 principales banques mondiales représente passe de 105 % à 125 % des sorties nettes sur un mois, alors que la règle prévoit un plancher de 100 %. Mais de nombreuses banques restent en dessous de ce seuil, notamment dans certains pays de la zone euro, et il leur faudra augmenter leurs actifs éligibles au cours des années à venir, ce qui pourrait nuire à leur rentabilité.

Un assouplissement de nature à favoriser la reprise, vraiment ?

Difficile de dire si un tel assouplissement du ratio de liquidité aura un impact significatif sur la distribution de crédit en Europe. Une chose est sûre : la nouvelle a déjà des conséquences sur la valorisation des banques. Lundi matin, les valeurs bancaires européennes étaient en forte hausse. Vers 10h15, l'indice bancaire européen progressait de 1,85 % et celui des banques de la zone euro prenait 2,4 %. Les banques françaises qui auraient été particulièrement pénalisées par un LCR trop strict étaient particulièrement en forme. A Paris, l'action Crédit agricole s'adjugeait 4,4 % à 6,63 euros, tandis que les titres BNP Paribas et Société générale étaient en hausse de respectivement 2,7 % à 45,58 euros et 3,1 % à 30,24 euros.

 

Qu'est-ce que le ratio de liquidité à court terme ?

Le ratio de couverture des besoins de liquidité à court terme (Liquidity Coverage Ratio - LCR), se présente comme un stress test extrême : il simule sur 30 jours une situation de crise de liquidité, dans laquelle les banques verraient leurs dépôts se retirer de façon brutale, et leurs crédits ne plus être remboursés. L'objectif de Bâle 3 est de s'assurer que les réserves de liquidités des banques soient supérieures aux sorties de liquidités entraînées par la fermeture du marché interbancaire. Le volet liquidité des règles prudentielles dites de Bâle 3 (il s'ajoute aux règles de solvabilité qui sont entrées en vigueur dans 11 pays au 1er janvier) vise à éviter la répétition de crises subites de liquidités comme celle qui avait conduit à la faillite de l'établissement de crédit britannique Northern Rock au début de la crise financière de 2007-2009.

 

 

 

----> Le communiqué du Comité de Bâle

 

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Commentaires 6
à écrit le 07/01/2013 à 17:14
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Le gain suite à un rebond en bourse pour CA, BNP et des autres pourrait servir pour indemniser les victimes Apollonia. Nombre de ces banques et/où leurs cadres dirigeants sont mis en examen pour escoquerie en bande organisée avec la complicité de not...

à écrit le 07/01/2013 à 14:36
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La règle en la matière devrait être : le cash déposé par les clients n'appartient pas à la banque et doit être disponible à tout moment au service du client et sans aucune contrainte, voilà pour les banques de dépôts, SIMPLE ! Quant aux banques d'inv...

le 07/01/2013 à 14:57
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Quelques banques de dépôt pur existent encore en Ecosse. Les Savings. Mais imaginez la spéculation qui ne pourrait plus nous prendre en otage..?? Croyez-vous qu'elles seraient d'accord..??

le 07/01/2013 à 15:21
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Voltr ce que vous suggerez ca signifie la mort du crédit aux particuliers aux entreprises et ca en quelques jours L ecroulement qui en suivrait provoquerait un chaos effroyable Je sais que des gens revent de la fin du systeme mais je ne pense pas qu ...

le 07/01/2013 à 16:03
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Mordraken, les banques écossaises de "savings and loans" font des placements pépères (le plus souvent appuyé sur du corporate sans engagement de durée) hors toute spéculation et sont capables de redonner leur avoir à l'ensemble de leurs déposants en ...

à écrit le 07/01/2013 à 14:31
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N'aurait-il pas été plus simple et honnête de séparer banque de dépôts et banque d'investissement spéculatif ?

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