A la Bourse de Londres, JD Sport Fashion s'effondre de 24% après une mise en garde sur son chiffre d'affaires

Le groupe de vêtements et accessoires de sport britannique JD Sports Fashion dévissait à la Bourse de Londres ce jeudi. Le titre a été sanctionné par les investisseurs après que l'entreprise a abaissé sa prévision de résultat annuel, notamment en raison de dépenses « plus prudentes des consommateurs ».
Le groupe a confié qu'il table désormais sur un bénéfice avant impôts et éléments ajustés entre 915 et 935 millions de livres contre 1,04 milliard précédemment pour l'exercice annuel 2023 qui s'achèvera le 3 février.
Le groupe a confié qu'il table désormais sur un bénéfice avant impôts et éléments ajustés entre 915 et 935 millions de livres contre 1,04 milliard précédemment pour l'exercice annuel 2023 qui s'achèvera le 3 février. (Crédits : MAY JAMES)

La nouvelle année vient tout juste de commencer, mais la Bourse de Londres connaît déjà un premier coup dur. Le groupe de vêtements et accessoires de sport britannique JD Sports Fashion dévissait ce jeudi, après avoir abaissé sa prévision de résultat annuel, notamment en raison de dépenses « plus prudentes des consommateurs ». Le groupe a confié qu'il table désormais sur un bénéfice avant impôts et éléments ajustés entre 915 et 935 millions de livres, contre 1,04 milliard précédemment pour l'exercice annuel 2023, qui s'achèvera le 3 février, selon un communiqué.

Une annonce qui a attisé les foudres des investisseurs. Le titre plongeait de 20,36% à 123,80 pence à 10h30, heure de Paris, dans un marché en légère hausse de 0,20%, pour atteindre même -24% vers 13 heures.

Un chiffre d'affaires en deçà des attentes

JD Sport Fashion anticipe des résultats moins bons que prévus puisque, sur les 22 semaines closes au 30 décembre, la croissance du chiffre d'affaires « était légèrement en deçà de nos attentes », a indiqué l'entreprise dans un communiqué. Le responsable ? Le secteur de l'habillement a été pénalisé « par des conditions météorologiques plus douces à partir de la seconde moitié du mois de septembre », précise JD Sports.

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Et la saison commerciale cruciale de fin d'année a été « pour l'ensemble du marché plus molle avec plus de promotions que ce qui était prévu, reflétant des dépenses plus prudentes des consommateurs », affirme le groupe.

Le groupe « n'est pas le seul à devoir réduire ses prix (...), car les consommateurs continuent de lutter contre l'impact des taux d'intérêt élevés et ne peuvent tout simplement pas se permettre d'acheter tout ce qu'ils souhaitent », estime Russ Mould, analyste chez AJ Bell.

Reste que cela pèsera sur ses marges, et s'ajoutera aux effets négatifs d'un reclassement de certaines dépenses d'investissement en dépenses d'exploitation, à une baisse des revenus d'intérêts ou encore à des coûts d'infrastructure, précise le communiqué. Pour JD Sports, qui avait annoncé en septembre le rachat de la société française Courir, après avoir repris Gap France en mai, « c'est un terrible début d'année » qui « mettra la pression sur la direction pour (...) trouver des moyens innovants d'écouler davantage de stocks sans sacrifier trop de marge », poursuit Russ Mould.

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Selon l'analyste, ses produits « entrent dans la catégorie des dépenses discrétionnaires - ils sont agréables à avoir, mais pas essentiels », ce qui peut expliquer le sort radicalement opposé du géant britannique de l'habillement Next, dont les manteaux et les pulls sont au contraire indispensables.

JD pleure, Next rit

Cette annonce contraste en effet avec celle du géant britannique de l'habillement Next de ventes, ce jeudi. En effet, celles-ci sont nettement meilleures que prévu pour la période des fêtes de fin d'année. Résultat, le groupe a relevé ses prévisions de bénéfices pour l'ensemble de l'exercice et grimpait de plus de 5% à la Bourse de Londres. C'est la cinquième fois que Next révise à la hausse ses projections pour l'année en cours.

« Ces chiffres sont étonnamment forts et ils distingueront (Next) de la concurrence », estime Richard Lim, directeur général de Retail Economics. Selon lui, « un fossé se dessine entre les détaillants qui ont investi massivement dans leur offre numérique au cours de la dernière décennie et ceux qui ne l'ont pas fait, et Next est en tête du peloton ».

Pour l'exercice à venir, « l'environnement de consommation semble plus favorable qu'il ne l'a été depuis plusieurs années », estime Next, qui prévient toutefois qu'il existe des « incertitudes importantes », avec un marché du travail qui ralentit au Royaume-Uni, des taux des prêts immobilier élevés ou encore « les difficultés d'accès au canal de Suez » liées aux tensions en mer Rouge.

Les déceptions de résultats sanctionnées

JD est loin d'être la seule société à avoir connu une sévère correction des investisseurs en Bourse après avoir revu à la baisse ses prévisions de résultats.

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En France, Alstom a délaissé 40% sur la séance du 4 octobre. Même son de cloche pour Worldline qui a perdu 60% sur la journée du 25 octobre. Les deux sociétés du CAC 40 ont ainsi vu leur valorisation fondre sous les 5 milliards d'euros à cause de mauvaises nouvelles sur leurs activités. Le géant du ferroviaire français, lui, a annoncé avoir enregistré un flux de trésorerie disponible négatif de 1,15 milliard d'euros au premier semestre de son exercice décalé 2023/2024, et table sur une fourchette allant de -500 et -750 millions d'euros sur l'exercice. Et ce, alors que le flux de trésorerie était auparavant annoncé comme « significativement positif » sur l'exercice, expliquent les analystes de Stifel. Ces derniers estiment que l'avertissement « va immédiatement déclencher des interrogations sur la santé du bilan » du groupe. Du côté de Worldline, le groupe a fait les frais d'un avertissement sur son activité et a abaissé son objectif de croissance : 6% ou 7 % en 2023, contre 8 à 10% initialement.

Deux déceptions qui ont valu une réaction extrême des investisseurs. Elles s'expliquent par un environnement particulièrement propice aux baisses brutales. En effet, les forts niveaux de valorisation actuels « exigent que les bénéfices affichent une forte croissance » pour ne pas que les actions soient vues comme survalorisées, explique Sameer Samana, stratège marchés à Wells Fargo Investment Institute. L'indice américain S&P-500 se négocie avec une valorisation boursière 19,8 fois supérieure aux bénéfices attendus sur 12 mois des entreprises qui le composent. C'est bien au-dessus de sa moyenne à long terme de 15,6, d'après les données de LSEG Datastream. Heureusement pour les investisseurs, selon les estimations des analystes compilées par LSEG, les bénéfices des entreprises de l'indice S&P-500 devraient augmenter globalement de 11,1% en 2024, après une hausse modeste de 3,1% l'an dernier. Gare cependant à ceux qui décevront.

(Avec AFP)

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