737 MAX-9 : la FAA détaille son plan d’inspections, le contrôle qualité de Boeing décortiqué

L'agence américaine de régulation de l'aviation civile (FAA) a annoncé ce mercredi soir avoir établi un « vaste » programme de maintenance et d'inspections pour permettre aux Boeing 737 MAX-9 de reprendre les airs. Sans encore donner de date. 171 appareils sont cloués au sol aux États-Unis après l'incident de début janvier en plein vol, lors duquel une porte s'était décrochée, sans faire de victime.
Les compagnies Alaska Airlines et United Airlines ont découvert de « nombreux » boulons mal vissés sur les portes-bouchon de leurs 737 MAX-9.
Les compagnies Alaska Airlines et United Airlines ont découvert de « nombreux » boulons mal vissés sur les portes-bouchon de leurs 737 MAX-9. (Crédits : PETER CZIBORRA)

Quand les 171 Boeing 737 MAX-9 pourront-ils voler de nouveau ? Pour rappel, ils sont immobilisés depuis le 5 janvier dernier, une porte-bouchon de la carlingue d'un d'eux s'est décrochée lors d'un vol de la compagnie Alaska Airlines avec 171 passagers et 6 membres d'équipage à bord. Il s'agissait d'une porte condamnée et masquée par une cloison qui ne laissait apparaître qu'un hublot, une configuration proposée par Boeing aux compagnies qui le demandent lorsque le nombre d'issues de secours existantes est suffisant au regard du nombre de sièges dans l'appareil. Selon l'agence de sécurité des transports (NTSB), le problème venait du panneau d'obstruction qui n'était pas fixé de façon adéquate.

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Pour reprendre les airs, ces 171 appareils - sur les 218 MAX-9 livrés à ce jour - doivent être inspectés. Ce mercredi 24 janvier, l'agence américaine de régulation de l'aviation civile (FAA) a détaillé le programme auquel ils doivent être soumis. Il comporte quatre points comprenant notamment la vérification de fixations spécifiques ainsi que des inspections visuelles de toutes les portes-bouchon et de leurs composants, et la réparation de tout dégât ou état anormal.

Ce n'est qu'une fois le plan établi achevé, « que l'avion sera en mesure de reprendre du service », a indiqué la FAA, sans préciser de date pour le moment.

Le régulateur a également précisé avoir informé Boeing de son refus d'autoriser toute expansion de la production de la famille du 737 MAX - avion vedette du constructeur américain - y compris de celle du MAX-9.

Boeing n'a plus le droit à l'erreur

Le constructeur a assuré mercredi dans la soirée qu'il allait « coopérer entièrement et en toute transparence avec la FAA et suivre leurs directives tandis que nous prenons des actions pour renforcer la sécurité et la qualité chez Boeing », a-t-il indiqué.

Parmi elles, la nomination d'un conseiller indépendant la semaine dernière. L'amiral à la retraite Kirkland Donald est ainsi chargé, avec une équipe d'experts extérieurs, « de procéder à une évaluation en profondeur du système de gestion de la qualité commerciale », y compris la supervision de ses fournisseurs, a fait savoir le constructeur. Boeing doit par ailleurs tenir jeudi dans son usine de Renton (Etat de Washington) la première d'une série de journées de formation, avec des ateliers centrés sur la qualité, destinées à tout le personnel de ses sites de production.

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« Boeing a un système de contrôle qualité très rigoureux, mais il y a une série d'incidents depuis un an qui pose des questions. Ça interpelle », estime Michel Merluzeau, du cabinet spécialisé AIR.

Selon l'expert, les conséquences de la pandémie « sont sous-estimées », avec de nombreux départs et un « brassage de compétences et de talents » qui a nui à la transmission du savoir-faire et à la formation des nouveaux embauchés.

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) enquête également sur l'incident du 5 janvier. Sa patronne Jennifer Homendy a indiqué après une rencontre avec des sénateurs le 17 janvier que la porte incriminée avait été fabriquée en Malaisie par Spirit Aerosystems. « Même s'il s'agit d'un défaut de production à la base, il aurait dû être intercepté », relève Michel Merluzeau. « Ce n'est pas possible que cela passe à travers les mailles du filet ».

Pour Aengus Kelly, patron de la plus importante société de leasing d'avions Aercap, Boeing « ne peut pas se permettre un autre faux pas ».

Boeing « doit désormais se focaliser à 100% sur les critères de qualité et de sécurité. Les critères financiers sont totalement secondaires à ce stade pour l'avenir du groupe », considère-t-il.

United Airlines vise une reprise des vols « à partir de dimanche »

Une introspection qui paraît d'autant plus cruciale que le patron d'Alaska Airlines a réitéré mardi avoir découvert de « nombreux » boulons mal vissés sur les portes-bouchon de ses 737 MAX-9. United Airlines avait signalé la même chose le 8 janvier. Cette dernière a par ailleurs indiqué ce mercredi, peu après l'annonce de la FAA précisant le plan d'inspection, « préparer une reprise du service de l'avion à partir de dimanche ».

« Nous ne remettrons en service chaque avion MAX-9 qu'une fois que le processus approfondi d'inspection sera achevé », a néanmoins assuré son directeur opérationnel Toby Enqvist.

Selon lui, 26 avions ont d'ores et déjà été entièrement inspectés, sous la supervision de la FAA, et des préparatifs et des inspections préliminaires ont été menés sur le reste de la flotte des MAX 9 de la compagnie. Il a aussi précisé que l'inspection recommandée par la FAA aux exploitants de Boeing 737-900ER avait été effectuée. Ce modèle plus ancien présente des similitudes avec le 737 MAX dans la conception des portes. Il s'avère d'ailleurs que des portes-bouchon sont présentes sur 380 des 539 exemplaires livrés, le dernier ayant été livré en 2019.

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La compagnie, qui détient la flotte la plus importante des versions reconfigurées avec 79 avions, ne devrait pas sortir indemne de cet épisode. United Airlines a en effet annoncé ce mercredi anticiper une perte pour le premier trimestre de l'exercice en cours.

Déboires sur déboires

Cet incident de début janvier est le premier problème majeur survenu en vol sur un Boeing depuis les accidents mortels du 737 MAX-8 en 2018 et en 2019. 346 personnes au total étaient décédées et toute la famille des 737 MAX dans le monde avait été immobilisée pendant de nombreux mois. Depuis, les problèmes se sont accumulés pour ce modèle phare de Boeing : en avril 2023, l'avionneur américain avait signalé des défauts sur des pièces fournies par Spirit Aerosystems pour « la partie arrière du fuselage » de certains 737. Quelques mois plus tard, le groupe avait justifié des retards de livraison du 737 MAX par un problème sur une cloison étanche. Fin décembre, il avait aussi prévenu d'un risque de « boulon desserré » sur le système de contrôle du gouvernail.

Et depuis le 5 janvier, d'autres incidents sont survenus. Un Boeing 747 cargo de la compagnie aérienne américaine Atlas Air a dû atterrir en urgence jeudi 18 janvier à Miami, aux États-Unis. L'avion a rencontré un problème sur l'un de ses moteurs peu après son décollage. Deux jours plus tard, le samedi 20 janvier, un pneu du train avant d'un 757 de la compagnie américaine Delta s'est détaché tandis qu'il s'apprêtait à décoller d'Atlanta (Géorgie) pour rallier Bogota en Colombie. Une porte-parole de Boeing a souligné que le 757 n'était plus produit depuis 2004, et a renvoyé vers Delta pour de plus amples détails. Sollicitée par l'AFP, la compagnie n'a pas réagi dans l'immédiat. Selon le site airfleets.net, l'avion concerné est en service depuis 32 ans.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 25/01/2024 à 10:13
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On pourrait en rire et se dire qu'on va rafler la mise avec Airbus, mais comme l'a dit le Pdg d'Airbus au début de cette ère de problèmes, il faudrait pas oublier le retour de bâton et s'il n'y a pas d’équilibre, pour le moment les usa voit que Boein...

à écrit le 25/01/2024 à 8:39
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Il fallait bien se douter que le "discount" toucherait aussi l'aviation civile.

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