C'est une performance commerciale extraordinaire que vient de réaliser Airbus en 2023. Le constructeur européen a vendu 2.319 avions l'an passé, pulvérisant tous les records établis jusqu'ici. C'est plus de 500 avions de plus que son précédent record, près de 800 de plus que celui de Boeing. Malgré tous ses efforts et une année réussie, l'avionneur américain est loin derrière, distancé par Airbus qui a connu une fin d'année en fanfare. En revanche, le constructeur européen avait déjà creusé l'écart depuis plusieurs mois pour les livraisons.
Avec 2.319 commandes brutes, Airbus a donc frappé fort, très fort. Et avec un nombre d'annulations relativement faible, son score de 2.094 commandes nettes est sans doute encore plus impressionnant. C'est 590 avions de plus que son précédent record datant de 2013. Cette marque inédite tient naturellement à la famille de moyen-courriers A320 NEO, avec son best-seller A321 NEO, avec 1689 commandes nettes loin devant tout ce que le constructeur avait fait jusque-là.
Boeing a tenté de résister
La bonne surprise est venue du long-courrier avec 281 commandes nettes d'A350, c'est la meilleure année commerciale du programme et de loin. Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, a d'ailleurs souligné la confirmation de la reprise de ce marché du long-courrier lors d'une présentation ce jeudi. La précédente marque datait de 2013 avec une cinquantaine d'appareils de moins. L'A330 est encore à l'arrêt en raison de la faiblesse de ses commandes brutes et d'importantes annulations.
De l'autre côté de l'Atlantique, Boeing avait de quoi se féliciter avec 1.456 commandes brutes et 1.314 commandes nettes. Des chiffres jamais vu depuis presque 10 ans. Mais cette bonne performance est balayée par le raz-de-marée d'Airbus. Avec 883 commandes nettes, le 737 MAX fait presque deux fois moins bien que son concurrent A320 NEO. Mais, une fois encore, le constructeur américain sauve l'honneur grâce à ses long-courriers. Le 787 remporte 301 commandes nettes, le 777 (version cargo 777F et remotorisée 777X) atteint les 100 exemplaires, et le « vieux » 767 est à 30 avions.
Airbus domine les livraisons
Sur les livraisons, Guillaume Faury affichait sa confiance sur la tenue de ses objectifs depuis plusieurs mois. Malgré des soubresauts en début d'année, il affirmait ainsi lors du Paris Air Forum en juin dernier : « Nous sommes exactement sur notre trajectoire et je pense que cela va continuer au moins pour les mois qui viennent. » Le fait est qu'il a eu raison : Airbus a livré pas moins de 735 avions l'an passé, soit 15 de plus que son objectif défini au début de l'exercice.
Certes, 720 avions, c'était déjà son objectif en 2022. Au vu des efforts mis dans la montée en cadence, Airbus s'est peut-être montré frileux. Mais le constructeur ne voulait assurément pas revivre la déconvenue d'il y a un an, où il avait raté son objectif d'une soixantaine d'avions. Lors de la présentation ce jeudi, Guillaume Faury a assuré que ses équipes ont dû à nouveau composer avec un environnement complexe pour arriver, cette fois-ci, à remplir leurs objectifs et faire de 2023 une « année de référence ».
C'est ainsi sa meilleure performance depuis l'année record de 2019, ce qui semble logique après la chute brutale de la production due au Covid, puis la remontée progressive rendue difficile par les importantes difficultés logistiques qui ont pesé sur toute l'industrie. Mais c'est aussi la troisième meilleure performance de son histoire après 2019 donc, et 2018. Et Airbus devrait continuer d'accélérer, Guillaume Faury ayant confirmé les objectifs de montée en cadence pour les deux prochaines années.
L'A320 NEO domine les débats
Naturellement, la plus grande partie de l'effort a été soutenue par la famille de moyen-courriers A320 NEO, dont le best-seller A321 NEO. Avec 571 avions, Airbus revient là aussi vers ses meilleures années. Avec 68 livraisons, l'A220 a lui signé un record. Même si les niveaux ne sont pas comparables, Christian Scherer, nouveau directeur général d'Airbus Commercial Aircraft, a souligné cette hausse d'un tiers de la production.
Et c'est bien sur les moyen-courriers où l'avionneur européen a fait la différence avec Boeing. Le constructeur américain est loin d'avoir démérité avec 528 livraisons, tous types d'avions confondus. C'est une progression de 10 % équivalente à celle d'Airbus. Mais au contraire de son concurrent, l'avionneur américain a raté ses objectifs.
Et la défaillance est venue du 737 MAX. Avec 387 exemplaires livrés, c'est à peine plus que l'année précédente. C'est surtout loin de la fourchette prévue en début d'année de 400 à 450 appareils. Alors qu'il avait passé des étapes sur le long chemin de la remontée en cadence, Boeing a été rattrapé par des défauts de qualité de production découverts cet été chez son sous-traitant Spirit Aerosystems. Au mois d'octobre, son directeur général Dave Calhoun avait fini par revoir cet objectif à la baisse. Il va peut-être devoir encore faire de même après l'incident survenu sur un 737 MAX d'Alaska Airlines, potentiellement lié là-aussi à un problème de qualité chez Spirit. Aux 737 MAX, s'ajoutent une dizaine de 737 de génération précédente.
Boeing, roi du long-courrier
Boeing reste en revanche très performant, là-aussi, sur les long-courriers avec 132 livraisons. La bonne nouvelle vient du Dreamliner, qui est de nouveau le fer de lance de la gamme de l'avionneur après des années compliquées par des problèmes de production : avec 73 appareils, il fait plus que doubler ses livraisons par rapport à l'année précédente et a rempli son objectif (compris entre 70 et 80 appareils). Le reste des livraisons a été apporté par les appareils cargo 747 F, 767F et 777F, ainsi que les 767-2C destinés à être adaptés en avions-ravitailleurs militaires.
Airbus ne peut pas se vanter d'un tel score avec seulement 96 long-courriers livrés en 2023, dont deux tiers tout pile d'A350 et un tiers d'A330 NEO. C'est à peine mieux qu'en 2022, avec seulement quatre A350 de plus. Mais la remontée en cadence, démarrée plus tard que pour les moyen-courriers, devrait commencer à se faire sentir dans les prochains mois avec l'objectif d'arriver à 10 appareils par mois en 2026.
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