Aéronautique : Figeac Aero cesse enfin de brûler du cash !

Le sous-traitant aéronautique français, qui connaît une croissance fulgurante depuis des années, va réussir à générer enfin des "free cash flow" positifs à l'issue de l'exercice en cours.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : © Kai Pfaffenbach / Reuters)

Figeac Aero arrête de brûler du cash. Finis les "free cash flow" (flux de trésorerie après paiement des investissements) de plus en plus négatifs qui accompagnaient la croissance vertigineuse du sous-traitant aéronautique depuis l'introduction en Bourse en 2013 jusqu'à mi-2017.

Après trois augmentations de capital et une obligation convertible de 100 millions d'euros pour compenser des free cash flow fortement négatifs, Figeac Aero va enfin générer du cash à l'issue de l'exercice en cours qui s'achèvera fin mars 2019. Encore négatifs au premier semestre de son exercice 2018-2019, à -3,3 millions d'euros, le free cash flow devrait être positif de près de 8 millions d'euros au deuxième semestre, permettant ainsi à Figeac Aero de finir l'exercice sur un gain de 5 millions d'euros.

Des free cash flow positifs seulement à trois reprises depuis 1989

Une performance remarquable par rapport aux 35 millions et 85 millions d'euros respectivement brûlés l'an dernier et il y a deux ans. Une révolution même si l'on songe que le groupe n'a généré des free cash flow positifs que trois fois depuis sa création en 1989, pendant les années de crise en 1991, 2001 et 2008 quand l'investissement était limité. Le reste du temps a été marqué par des croissances et des investissements soutenus mais avec des free cash flow négatifs.

La performance est d'autant plus remarquable aujourd'hui que, pour soutenir une croissance quatre fois plus élevée que celle de ses concurrents (et fortement bénéficiaire à près de 20% de marge d'Ebitda au deuxième semestre), le sous-traitant aéronautique tricolore a maintenu des investissements conséquents. Sur l'année en cours, Figeac va investir près de 70 millions d'euros, soit 17% du chiffre d'affaires, lequel devrait s'élever à 425 millions d'euros, en hausse de 14,2% par rapport à l'année précédente.

Pour réaliser cet « exploit », Jean-Claude Maillard, le Pdg de Figeac Aero le reconnaît :

« Il a fallu resserrer les boulons au niveau de notre BFR [besoin en fonds de roulement, Ndlr], y porter une attention plus forte, réduire nos cycles, nos stocks de sécurité de matières premières, de produits finis... et maintenir les résultats. »

Des mesures qui amputent le chiffre d'affaires

Le sous-traitant a notamment choisi des « affaires peu consommatrices en BFR », comme les achats de matières premières, et a négocié avec certains clients la prise en charge par ces derniers. Problème, de telles mesures amputent le chiffre d'affaires et le sous-traitant a été obligé l'an dernier de décaler son objectif de réalisation d'un chiffre d'affaires de 650 millions d'euros. Initialement prévu pour 2020, ce niveau ne sera pas atteint avant 2023. Si des opérations de croissance externe « modestes » sont « probables », elles ne sont pas pour autant nécessaires pour atteindre l'objectif, selon Jean-Claude Maillard.

Décidée il y a 18 mois, la stratégie orientée sur des free cash flows positifs semble aujourd'hui tourner à l'obsession. Il y a de quoi. Le groupe « veut limiter le rythme des augmentations de capital » et veut disposer d'une trésorerie suffisante au moment où il devra rembourser son obligation de convertible de 100 millions d'euros, en 2022. « La direction a bien compris qu'elle allait devoir la payer en cash », indique un analyste.

« Nous avons 160 millions d'euros de trésorerie aujourd'hui. En 2022, nous devrions réaliser un chiffre d'affaires d'environ 600 millions d'euros. Pour que la société vive sereinement, il faudra caler une centaine de millions d'euros de trésorerie (en 2022, Ndlr). Dans l'hypothèse où nous devrions rembourser les 100 millions d'obligations, il faut créditer au moins 40 millions d'euros de trésorerie », explique Jean-Claude Maillard.

Comprendre, avoir augmenté la trésorerie de 40 millions d'euros d'ici-là.

Pour lui, Il faut donc « maintenir cette stratégie de free cash flow positifs sur les années qui viennent ». « C'est notre objectif, tout en maintenant une croissance et un investissement soutenu », martèle Jean-Claude Maillard.

Maintien des investissements à un niveau élevé

« Nous ne voulons vraiment pas fléchir en matière d'investissement. Nous pourrions nous faire plaisir et sortir des free cash flow positifs à 30 ou 40 millions d'euros par an. Mais ce serait au détriment de nos investissements et de la croissance future du groupe. Depuis trente ans, Figeac Aero est organisé pour faire de la croissance. Cela signifie que nous avons des équipes commerciales et de développement de nouveaux produits qui sont fortes. Figeac Aero croît de 20%, cela signifie que nous sommes commercialement, industriellement, financièrement dimensionnés pour faire beaucoup de croissance. J'ai besoin de nourrir le moteur de cette machine et si je ne le nourris pas, cela va s'étioler, je vais perdre des commerciaux et des développeurs et je n'ai pas envie de cela. Nous allons maintenir la croissance. Et pour cela, il faut contribuer d'investir beaucoup », commente Jean-Claude Maillard.

Ce dernier entend maintenir pour les prochaines années un taux d'investissement représentant 17% du chiffre d'affaires.

"Situation excellente"

A l'exception de la piètre performance boursière de ces derniers mois qui le chagrine, le Pdg se déclare optimiste en raison de « l'excellente » situation de l'entreprise sur le plan industriel et financier, appelée, selon lui, à le rester grâce au potentiel de croissance et de productivité de plusieurs usines qui viennent à peine d'ouvrir, mais aussi de relais de croissance potentiels en Arabie Saoudite et en Chine.

« Sur le court, le moyen et le long terme, je ne vois que du positif », dit-il. Toutefois, il se dit inquiet de la parité euro-dollar, qui peut très bien s'inverser, comme cela fut le cas au cours de la précédente décennie, mais aussi d'une éventuelle crise dans la mesure où, après 8 ans de forte activité, le secteur est « probablement plus près d'une prochaine crise que l'inverse ».

Fabrice Gliszczynski

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