Airbus continue d'accélérer : l'avionneur va doubler ses capacités en Chine

Six et bientôt douze appareils par mois. Airbus va démultiplier ses capacités de production en Chine. A l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron dans le pays, l'avionneur européen a conclu un accord pour ouvrir une deuxième ligne d'assemblage sur son site de Tianjin et confirme ainsi la place centrale de la Chine dans son plan de montée en cadences.
Léo Barnier
Airbus va doubler ses capacités de production d'A320/321 NEO en Chine.
Airbus va doubler ses capacités de production d'A320/321 NEO en Chine. (Crédits : Regis Duvignau)

La Chine revient au centre du jeu. Un temps mis à mal par la pandémie et la politique « zéro Covid » de Pékin, le transport aérien chinois est prêt à repartir de plus belle et Airbus compte bien en profiter. A l'occasion de la visite officielle du Président français, Emmanuel Macron, et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le constructeur aéronautique européen en a profiter pour parachever un certain nombre de commandes - déjà annoncées - à travers un accord général (General terms agreement ou GTA). Surtout, il a annoncé le lancement d'une seconde ligne d'assemblage final (FAL) dans le pays, sur son site de Tianjin. Airbus va ainsi doubler sa capacité de production sur place.

Lire aussiAirbus livre son premier A321 NEO made in China

Une nouvelle ligne à Tianjin

Présent dans la délégation française en Chine, Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, a signé un accord-cadre avec les autorités chinoises ce jeudi à Pékin, en présence d'Emmanuel Macron et de son homologue chinois Xi Jinping. Celui-ci prévoit l'ouverture d'une nouvelle FAL pour l'assemblage d'avions monocouloirs de la famille A320 NEO. Celle-ci aura notamment la capacité de produire des A321 NEO, le best-seller d'Airbus et de l'aéronautique mondiale.

« A mesure que le marché chinois continue de croître, il est tout à fait logique pour nous de produire sur place pour les compagnies aériennes chinoises, et probablement d'autres clients dans la région », a affirmé Guillaume Faury à Pékin, comme le rapporte l'AFP. Airbus a plus de 2.000 avions à livrer dans la région, dont une très grande majorité de monocouloirs. Et avec des prévisions de croissance de son trafic aérien de 5,3 % par an en moyenne sur les 20 prochaines années, la Chine va continuer d'être l'un des marchés moteur au niveau mondial : avec un besoin estimé par Airbus à près de 8.500 appareils neufs sur la période, le pays devrait représenter plus de 20 % de la demande mondiale.

Cette nouvelle ligne doit entrer en service au second semestre 2025. Elle viendra compléter la FAL actuelle, ouverte en 2008. Celle-ci tourne actuellement à un rythme de quatre appareils assemblés par mois environ et doit monter à six cette année, dans le cadre de la montée en cadence d'Airbus. Une fois qu'elles seront toutes deux opérationnelles, les deux lignes d'assemblage final chinoises d'Airbus auront une capacité totale de douze A320/321 NEO produits par mois.

Lire aussiAirbus repousse encore son objectif de montée en cadence à 65 livraisons par mois

Vers les 75 appareils par mois

Airbus possèdera alors dix lignes d'assemblage pour la famille A320 NEO à travers le monde, à savoir quatre à Hambourg (Allemagne), deux à Toulouse (France), deux à Mobile (Etats-Unis) et donc deux à Tianjin. Cette hausse des moyens de production s'inscrit en droite ligne avec l'objectif recherché par Guillaume Faury d'atteindre une capacité de production inédite de 75 appareils mensuels en 2026.

L'ensemble des sites aura alors la capacité de livrer des A320 NEO comme des A321 NEO. La première ligne de Tianjin a d'ailleurs livré son premier exemplaire il y a quelques jours. Sur le marché Asie-Pacifique que dessert cette FAL, l'A321 NEO représente 56 % du carnet de commandes engrangé depuis le début du programme NEO, et 67 % des appareils encore à livrer.

Lire aussiAirbus frappe fort en Chine en raflant près de 300 commandes d'A320 NEO

Des commandes parachevées

Un second contrat, l'accord général (GTA), a été également signé. Il permet de finaliser avec la holding China Aviation Supplies Company (CAS), qui représente l'administration de Pékin, des commandes précédemment actées avec différentes compagnies aériennes chinoises. Celui-ci porte sur 160 commandes : 150 appareils de la famille A320 NEO et dix A350-900.

Un GTA similaire avait déjà été en novembre dernier à l'occasion de la visite du chancelier allemand Olaf Scholz. Il avait permis de finaliser pour 140 avions pour un montant évalué à 17 milliards de dollars selon les prix catalogue.

Lire aussiAirbus profite de la visite d'Olaf Scholz en Chine pour finaliser une commande géante d'A320 NEO et d'A350

Airbus valide ainsi une partie des commandes enregistrées récemment en Chine. En juillet 2022, le constructeur européen avait frappé un grand coup en signant plusieurs ventes pour un total de 292 A320 et A321 NEO, d'une valeur de 37 milliards de dollars. Ces commandes pharaoniques se répartissaient entre quatre compagnies aériennes chinoises : China Eastern Airlines (100 exemplaires), China Southern (96), Air China (64) et sa filiale Shenzhen Airlines (32).

Carburants durables en Chine

La visite d'Emmanuel Macron a aussi été l'occasion pour Airbus de signer un protocole d'accord (MoU) avec le China National Aviation Fuel Group (CNAF) pour « intensifier la coopération sino-européenne en matière de production, d'application concurrentielle et l'établissement de normes communes pour les carburants aéronautiques durables (SAF) », selon le communiqué du constructeur. Il doit notamment permettre de diversifier les sources d'approvisionnement en vue de soutenir un objectif d'incorporation de SAF d'ici 2030.

Un premier pas avait été franchi en septembre 2022, avec un contrat entre Airbus et le CNAF pour développer l'usage des SAF dans les vols de livraisons et commerciaux.

Léo Barnier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 07/04/2023 à 8:59
Signaler
Quel échec pour le Président Macron, qui aurait dû se faire accompagner en Chine par PSA et Renault ! Aucun contrat signé pour l'industrie française ! Mais un succès pour von der Leyen qui accompagnait Macron pour défendre les intérêts américains et ...

à écrit le 06/04/2023 à 19:04
Signaler
Bonjour, Bien sûr, de l'argent européenne pour augmenter les ligne de production en chine... J'espère que nous avons gagnier quelque chose au passage... Ensuite, pour l'espionnage ne nous inquiétons pas, la Chine communiste s'est déjà informé sur no...

à écrit le 06/04/2023 à 18:12
Signaler
Les A320/321 sont technologiquement en bout de course. Les contraintes environnementales vont nécessiter de construire d'autres types d'avions beaucoup plus performants.

à écrit le 06/04/2023 à 17:21
Signaler
Nous sommes complétement fous de transférer la production des Airbus en Chine..... N'avons nous rien appris de la désindustrialisation du pays ?

à écrit le 06/04/2023 à 16:33
Signaler
en vrai, c est juste la démonstration du syndrome français, a savoir notre incapacité à ne pas être multisexuel en diplomatie et business . une fal en Angleterre serait tellement plus chic. la Chine prend des wp, des parts clients, fidèle a leur enga...

à écrit le 06/04/2023 à 15:50
Signaler
C'est vraiment très sympa de la part de Européen de partager ses secrets d’industrialisation à des pays amis en leur offrant clef en main un site facilement espionnable sur leur territoire.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.