
Gagner la guerre de demain, l'hélicoptère de combat Tigre, le fleuron de l'ALAT (Aviation légère de l'armée de terre), ne semble plus en faire désormais partie maintenant. Car la France envisage sérieusement de ne plus investir dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire (LPM) dans le programme de modernisation du Tigre (standard 3), qui permettait au Tigre de rester opérationnel au-delà de 2040, comme l'avait déjà évoqué La Tribune. C'est ce que suggère le courrier envoyé au ministre des Armées Sébastien Lecornu et signé par quatre des plus grands patrons de l'industrie de défense tricolore, qui sont montés au créneau pour défendre le programme Tigre Mark 3, selon des sources concordantes : Guillaume Faury (Airbus), Patrice Caine (Thales), Olivier Andriès (Safran) et Eric Béranger (MBDA).
Ces quatre groupes sont naturellement concernés au premier plan par ce programme estimé à 4 milliards d'euros, dont 2,8 milliards pour la France : Airbus Helicopters en tant que maître d'œuvre du système d'arme, Thales pour l'électronique, Safran par la motorisation et l'optronique, et, enfin, MBDA pour l'armement, notamment le missile Akeron-MP développé expressément pour le Tigre Mark 3. Cet investissement devait entraîner une modernisation en profondeur des systèmes de l'hélicoptère d'attaque européen, dont les premières livraisons des exemplaires modernisés étaient attendues en 2029 pour l'ALAT. Faute de grive, les industriels pourraient finalement se contenter de traiter simplement les obsolescences du Tigre (Mark 2+). Cette modernisation a minima permettrait toutefois à cet appareil de rester opérationnel pendant plusieurs années mais elle n'aurait plus du tout la même ambition. Et elle pourrait compromettre le maintien des compétences industrielles au sein des groupes concernés.
Des arbitrages à venir
L'état-major des armées (EMA) semble avoir lâché le Tigre pour se concentrer sur des dossiers qu'il juge beaucoup plus prioritaires. Pourtant, le chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard, quand il était encore patron de l'armée de terre, défendait le Tigre Mark 3. Dans une interview accordée en mars 2021 à La Tribune, le général Burkard estimait en avoir « besoin » : « Pour l'armée de Terre française, comme pour l'armée de Terre allemande, on ne peut vouloir être une armée de premier rang en Europe, une armée de référence, être capable de faire de la haute intensité et ne pas avoir une composante aéro-combat intégrée. On le voit pour toutes nos opérations : la composante aéromobile est indispensable. Elle produit des effets très significatifs sur le terrain et sur l'ennemi. Elle passe par le NH90, le HIL qui arrive, et le Tigre », avait-il expliqué.
En dépit d'un effort budgétaire considérable dans le cadre de la LPM (413 milliards d'euros), le ministère des Armées va devoir, comme c'était à prévoir, faire des arbitrages dans l'ensemble des programmes lancés (300 milliards d'euros environ déjà gagés) ou qui doivent être lancés. Des économies seront donc nécessaires et devront également être validées par le ministère, qui espère promulguer la LPM autour du 14 juillet. Une LPM qui sera finalisée en mars/avril avec l'ensemble des cadrages programmatiques et qui pourrait atterrir à l'Assemblée nationale en mai, puis en juin au Sénat.
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