
Waouhhhh ! La France va investir massivement dans ses armées et son outil de défense. « Je solliciterai de la représentation nationale que nous puissions consacrer sur la période 2024-2030 un effort budgétaire de 400 milliards d'euros. Ce qui permettra de couvrir un total de 413 milliards d'euros de besoins militaires afin de renouveler ce précieux outil militaire qui sert notre liberté, notre sécurité, notre prospérité et notre place dans le monde », a annoncé vendredi à Mont-de-Marsan, le président de la République Emmanuel Macron lors des vœux aux armées. Cette nouvelle loi de programmation militaire (LPM) est le signal de l'ambition de la France pour « être prêts à des guerres plus brutales, plus nombreuses et plus ambiguës à la fois », a assuré le chef de l'État et des armées.
« Ces 413 milliards ne permettent pas de dessiner à eux seuls le nouveau visage de nos armées pour le siècle qui commence mais ils amorcent un investissement inédit, un changement profond qui sera ensuite irréversible », a estimé Emmanuel Macron.
Pourquoi cette différence entre 400 et 413 milliards d'euros ? Aux 400 milliards de crédits budgétaires, s'ajouteront 13 milliards d'euros de recettes extra-budgétaires avec des cessions de matériels et de ventes de fréquences, explique-t-on à l'Élysée. Soit une moyenne de 59 milliards d'euros par an consacrés aux dépenses militaires sur la période 2024-2030. Emmanuel Macron a donc mis les grands moyens pour transformer les armées, et derrière tout l'écosystème de défense dans le cadre de la prochaine LPM.
Un effort inédit
Par rapport à la précédente LPM 2019-2025 (295 milliards), la hausse est de 40 % en tenant compte des recettes extra-budgétaires (35,6 % sans ces dernières). « Au total, ces deux lois de programmation militaire auront conduit à un doublement du budget de nos armées. Je le dis avec gravité, ce sont des moyens considérables, qui amplifient un effort de défense dont la dynamique est sans précédent depuis cinq décennies ». Ces ressources exceptionnelles dictent évidemment de fortes exigences aux armées, à la direction générale de l'armement (DGA) et aux industriels. « En 2030, le budget des armées aura doublé depuis 2017 », a tweeté vendredi le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
« Nous ne devons pas faire pour autant pareil avec plus. Nous devons faire mieux et différemment car le monde ne nous attend pas, car les rivalités aiguisent les appétits et les stratégies, car nous devons tenir notre rang », a exigé le président.
Une guerre d'avance
« Nous devons avoir une guerre d'avance », a martelé Emmanuel Macron. Comment ? La France a donc besoin de savoir pour anticiper et conserver une autonomie de décision, clé de sa souveraineté. Le président a promis une très forte hausse du budget alloué au renseignement militaire. Soit près de 60% sur la période 2024-2030. Le budget de la Direction du renseignement militaire (DRM) et de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) seront notamment doublés. Les capacités cyber seront « très sensiblement renforcées » pour disposer d'une capacité « de premier rang ». En outre, les efforts de modernisation de la dissuasion nucléaire française - auxquels 5,6 milliards d'euros de crédits de paiement sont consacrés en 2023 - seront poursuivis.
« La dissuasion est un élément qui fait de la France un pays différent en Europe. Nous mesurons à nouveau, en analysant la guerre en Ukraine, son importance vitale. Elle mérite les efforts considérables que nous lui consacrons, au plan technologique et par l'exigence qu'elle suppose, elle tire vers le haut toutes nos armées », a rappelé le président.
La défense sol-air fera également l'objet d'une renforcement significatif. Le ministère des Armées va donc investir ses capacités « dans des domaines à forte valeur ajoutée opérationnelles, la défense sol-air car même avec la dissuasion, notre territoire national n'est pas à l'abri de frappes isolées, du fait par exemple de perturbateurs, en particulier non étatiques », a expliqué Emmanuel Macron. C'est pourquoi la France va augmenter ses capacités « dans toutes les couches de la défense aérienne d'au moins 50 %, y compris évidemment dans la lutte anti-drone ». En outre, la frappe de longue portée, la suppression des défenses aériennes adverses et la lutte anti-sous-marine feront partie des priorités.
Enfin, l'outre-mer fera également l'objet d'investissements supplémentaires en termes d'équipements et d'effectifs pour mieux les protéger des crises à venir, particulièrement les territoires français dans le Pacifique et l'océan Indien, qui sont « aux premières loges des possibles confrontations de demain », a souligné Emmanuel Macron. La France doit « disposer de forces de souveraineté renforcées pour pouvoir donner un coup de griffe à celui qui voudrait s'en prendre à nos intérêts », notamment dans l'Asie-Pacifique, où les visées expansionnistes de la Chine inquiètent, fait valoir l'Élysée. La France se prépare à la guerre mais elle préfère la gagner avant la guerre...
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