[Article mis à jour le 19 juin à 17h15 avec citations]
Ca y est, le salon du Bourget est enfin lancé. Indigo vient de frapper un grand coup en posant la première méga-commande sur la table. Certes, ce n'est pas une surprise car elle était fortement attendue, mais c'est du lourd : la compagnie low-cost indienne fait l'acquisition de pas moins de 500 appareils de la famille A320 NEO auprès d'Airbus. Que des appareils fermes qui plus est. C'est la plus grosse commande de l'histoire pour un seul type d'appareil. Les avions seront livrés entre 2030 et 2035.
Ces 500 appareils pourront se décomposer entre des A320 NEO, des A321 NEO et des A321 XLR (version à très grande autonomie). Indigo n'a pas encore décidé quelle serait la répartition, elle qui possède déjà des commandes pour les trois modèles. Bien qu'Airbus ne diffuse plus depuis 2018 de prix catalogue - qui sont très éloignés mais permettent de donner un ordre de grandeur - le montant pourrait se situer entre 55 et 65 milliards de dollars.
Ce n'est que le début
Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, a insisté sur le fait de vivre « un moment historique ». « Quelle fierté d'être assis avec une telle grande compagnie partie de rien il y a 18 ans. Je suis très fier de son association avec Airbus qui a amené la démocratisation du transport aérien en Inde », s'est réjoui Christian Scherer, directeur commercial d'Airbus. « Cette transaction symbolise l'énorme potentiel que représente le marché indien » a-t- continué avant d'ajouter que « ce n'est que le début ». Faisant un comparatif avec la Chine d'il y a quelques années, Guillaume Faury s'est enthousiasmé sur le potentiel de développement de l'Inde.
De fait, la compagnie indienne, dirigée par l'ancien patron de KLM, Pieter Elbers, doit aussi s'engager prochainement pour 25 long-courriers Boeing 787 ou Airbus A350. Interrogé sur ce point, le Néerlandais a demandé avec amusement de pouvoir souffler quelques instants d'abord au vu de « la magnitude » de la commande tout juste signée.
Il a également indiqué ne pas encore fait de choix concernant les moteurs entre le PW1100G de Pratt & Whitney, qui connaît un grand nombre de problèmes actuellement notamment en termes de durabilité, et le LEAP-1A de CFM International (coentreprise Safran GE Aerospace). Indigo avait d'abord choisit le moteur américain pour motoriser ses premiers appareils de la famille A320 NEO, avant de basculer vers son concurrent franco-américain.
Croissance vertigineuse
Avec cette commande, Indigo pourrait potentiellement voir sa flotte dépasser la barre des 1.000 avions de nouvelle génération et même au-delà. Elle a déjà passé des contrats à Airbus pour 340 exemplaires d'A320 NEO et 390 d'A321 NEO. Avec ces 500 appareils de plus, cela donne un total de 1.230 avions, sans compter les appareils de génération précédente ou les futurs long-courriers. Et la part de remplacement devrait être faible, vu la jeunesse de ses avions actuels.
C'est donc largement plus que les flottes des trois géants mondiaux du secteur, Delta, American et United (900 appareils chacune). Ou encore que celle du roi du low-cost européen, Ryanair, qui va exploiter 565 avions - d'ancienne et de nouvelle génération - cet été et compte en recevoir 300 de plus d'ici à 2034 (avec une partie de renouvellement).
Pour l'instant, Indigo est encore loin de ces chiffres. Elle n'a reçu pour l'instant que 168 A320 NEO et 85 A321 NEO. Elle exploite également encore une vingtaine d'A320 de première génération, mais qui sont appelés à sortir du service.
Pour absorber cette croissance, Pieter Elbers mise sur la taille et la jeunesse de la population indienne, avec 732 millions de jeunes en Inde contre 528 millions en Chine. Il entend aussi profiter d'une offre locale encore faible. Lors de l'assemblée générale de IATA, il a rappelé que l'Inde ne comptait que 0,5 avion par million d'habitants, contre 3,1 en Chine, 15 dans l'Union européenne et 30 aux Etats-Unis. Et ce, malgré l'arrivée de 100 nouveaux avions dans le pays chaque année.
Jusqu'ici centrée sur la desserte domestique, puis régionale, Indigo veut aussi étendre son réseau. Outre les futurs long-courriers, la compagnie va s'appuyer sur ses futurs A321 XLR, qui vont lui permettre de toucher facilement l'Europe à en croire Pieter Elbers lors de l'Assemblée générale de IATA.
Pas encore de ligne d'assemblage en Inde
A propos des livraisons entre 2030 et 2035, Guillaume Faury a déclaré : « Nous serons à la cadence 75 à ce moment (75 appareils de la famille A320 NEO produits par mois). C'est incroyable pour notre visibilité. Nous nous projetons désormais dans les années 2030 ». Il a tenu à rassurer tout le monde sur le fait que les tensions actuelles sur la supply chain sont des problèmes de court terme, alors « qu'ici nous sommes dans le long terme », mais il a tout de même tenu à tempérer quelque peu les choses : « C'est complètement prématuré de penser au-delà de la cadence 75 pour l'instant ».
Interrogé sur la possibilité de faire une ligne d'assemblage en Inde, Guillaume Faury a répondu : « J'aime cette question. Nous grandissons très vite en Inde, mais c'est une équation complexe », a répondu Guillaume Faury avant d'ajouter que les dix chaines d'assemblage actuelles (avec la deuxième ligne à Tianjin) sont aujourd'hui suffisantes pour aller à la cadence 75. Il a rappelé que la présence d'Airbus se renforçait tout de même fortement sur l'Inde, notamment sur l'ingénierie, avec plus d'employés en Inde qu'en Chine.
Nucléaire : après 12 ans de retard, EDF va enfin mettre en service l’EPR de Flamanville
Sujets les + commentés