Les géants de l’aérien accusés de greenwashing : vingt-deux associations européennes portent plainte

Vingt-deux associations européennes, dont UFC-Que Choisir et la CLCV pour la France, ont annoncé jeudi qu'elles allaient déposer plainte auprès de la Commission européenne contre 17 compagnies aériennes, dont AirFrance-KLM, qu'elles accusent de « greenwashing » et « pratiques commerciales trompeuses ».
Dix-sept compagnies aériennes vont devoir répondre des accusations de greenwashing de plusieurs associations.
Dix-sept compagnies aériennes vont devoir répondre des accusations de greenwashing de plusieurs associations. (Crédits : Lufthansa)

Les associations de 18 pays, membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), reprochent aux compagnies visées - Air Baltic, Air Dolomiti, Air France, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings, Finnair, KLM, Lufthansa, Norwegian, Ryanair, SAS, SWISS, TAP, Volotea, Vueling, Wizz Air - « de sous-entendre que le transport aérien peut être "durable", "écoresponsable" et "vert" », expliquent la CLCV et l'UFC-Que Choisir dans un communiqué commun.

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« Aucune des stratégies déployées par le secteur de l'aviation n'est actuellement en mesure de limiter les émissions de gaz à effet de serre », indiquent-elles, estimant « essentiel de mettre fin à ces allégations, car si le trafic aérien poursuit son expansion, les émissions continueront d'augmenter dans les années à venir ». Une déclaration détonante, quelques jours après l'annonce d'un contrat pharaonique entre la low-cost indienne INDIGO et Airbus, portant la flotte de la compagnie à 1200 avions.

Le greenwashing dans le collimateur de l'UE

Ces dernières, années, l'UE s'est montrée très regardante quant au « greenwashing » (ndlr, le fait de communiquer excessivement autour d'initiatives écologiques pour faire croire que son activité est durable)  : en 2020 déjà, sur 150 allégations vertes (emballages, publicités) examinées par la Commission, la moitié (53%) contenaient « des informations vagues, trompeuses ou non étayées ». Textile, cosmétiques, électroménager... aucun secteur n'était épargné.

De plus, l'examen de 232 « labels écologiques » européens a montré que la moitié étaient accordés avec des vérifications « faibles ou inexistantes ». Aussi, les associations comptent bien profiter de cette attention particulière au « greenwashing », dans le collimateur de l'UE, pour faire condamner les géants de l'aérien.

Dans leur viseur, deux pratiques commerciales qu'elles estiment trompeuses : inciter les voyageurs à payer « un supplément significatif » pour compenser les émissions de CO2 d'un vol - un mécanisme aux « avantages climatiques très critiqués, alors que les dommages causés par les émissions de CO2 des trajets aériens sont indiscutables » - ou pour contribuer au développement des carburants d'aviation durables (SAF), qui ne sont « pas prêts à être commercialisés » et « ne représenteront au mieux qu'une part mineure dans les réservoirs des avions ».

« Inadmissible »

Air France-KLM propose ainsi « aux consommateurs de souscrire des options onéreuses, pour supposément couvrir leur propre impact carbone, sur de futurs vols à horizon inconnu », regrettent les associations.

« Il est inadmissible que les compagnies aériennes puissent se targuer d'œuvrer pour le climat », affirme Marie-Amandine Stévenin, présidente d'UFC-Que Choisir. « Ces allégations doivent cesser pour la protection des consommateurs », affirme son homologue à la CLCV Jean Yves Mano, appelant les pouvoirs publics à « agir avec fermeté ». Les 22 associations européennes ont donc saisi leurs autorités nationales de protection des consommateurs, mais déposent aussi via le BEUC une plainte pour pratiques commerciales trompeuses auprès de la Commission européenne, via le mécanisme d'alerte externe.

Elles espèrent une décision commune pour interdire « toute allégation visant à faire croire aux consommateurs que prendre l'avion est une pratique respectueuse de l'environnement », mais aussi « que soit lancée une enquête à l'échelle européenne sur les pratiques de ces compagnies » et que celles-ci remboursent les consommateurs ayant souscrit les options supplémentaires incriminées.

Défense

Le premier groupe aérien européen Lufthansa, qui compte « réduire de moitié ses émissions nettes de CO2 par rapport à 2019 » d'ici 2030 « grâce à des mesures de réduction et de compensation », a expliqué « miser sur un dialogue continu » avec ses clients. Pour réduire son impact environnemental, le géant allemand s'appuie notamment sur une « modernisation accélérée de la flotte », une « optimisation continue des opérations aériennes » et « l'utilisation de carburants aériens durables ».

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En mars dernier, le groupe Lufthansa a été rappelé à l'ordre par l'autorité britannique de la publicité (ASA) pour une réclame dans laquelle il affirmait « protéger le futur » de la planète, ce qui « donnait une impression trompeuse de l'impact environnemental » de la compagnie.

« Nous avons considéré que cette affirmation était susceptible d'être comprise par les consommateurs comme signifiant que Lufthansa avait déjà pris des mesures d'atténuation importantes pour s'assurer que l'impact environnemental net de son activité n'était pas préjudiciable ».

La publicité en cause montre un avion en vol vu de face, dont la moitié inférieure est remplacée par une image de la terre photographiée depuis l'espace, avec un lien vers un site internet et la mention : « Connecter le monde. Protéger son avenir. » AirFrance indique de son côté « porter une attention renforcée à la rigueur de ses messages » et rappelle avoir été, en 2022, « le premier acheteur de carburant durable au monde ». La compagnie affirme par ailleurs « porter une attention renforcée à la rigueur de ses messages » et rappelle avoir été, en 2022, « le premier acheteur de carburant durable au monde ».

« Les sommes collectées » dans le cadre de l'option de compensation volontaire par le SAF « sont exclusivement utilisées pour l'achat de SAF par la compagnie » et permettent aux clients de « contribuer au développement de filières de production de carburant d'aviation durable », selon un porte-parole.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 22/06/2023 à 22:27
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Bon tout va bien les compagnies extra européennes ne sont pas concernées. Déjà que Turkish Airlines Qatar Airways Emirates etc étaient plus attractives elles vont le devenir davantage. Bon dès lors qu'on peut continuer à voler tout va bien.

à écrit le 22/06/2023 à 20:11
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que l on dissout ces associations qui ne font que nuire à la société. ils vivent d argent public,prendre les aides comme le rsa et autres et tuent notre industrie en forçant à acheter en Asie. Le lithium produit par des enfants au Congo dans les mine...

à écrit le 22/06/2023 à 16:01
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Nous n'entendons pas beaucoup ces associations sur la pollution qui est engendrée par tous les produits que nous importons d'Aise et notamment de Chine. C'est curieux !

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