Safran  : les bénéfices font un bond en avant

Le Leap n'a peut-être jamais aussi bien porté son nom. Entre la hausse de la production et la montée en puissance des activités de soutien, le moteur commercial a largement contribué au « bond » de Safran. Ce dernier progresse tant sur ses revenus que sur sa rentabilité. En revanche, il lui reste quelques marches à franchir pour atteindre ses objectifs et rattraper le retard accumulé pendant la crise.
Léo Barnier
Le Leap poursuit sa montée en puissance, même doit encore accélérer pour atteindre ses objectifs.
Le Leap poursuit sa montée en puissance, même doit encore accélérer pour atteindre ses objectifs. (Crédits : Reuters)

Si Olivier Andries, PDG du groupe Safran, s'est montré critique sur les montées en cadences de production voulus par Airbus et Boeing, alertant notamment sur la capacité de la chaîne d'approvisionnement à tenir le rythme, force est de constater qu'il a su mettre à profit cette dynamique. L'entreprise a vu son chiffre d'affaires bondir et sa rentabilité s'envoler en 2023.

Le chiffre d'affaires ajusté a progressé de 22% l'an dernier (et de 27% en organique). Un bond similaire à celui déjà opéré en 2022. Il atteint ainsi 23,2 milliards et n'est plus qu'à quelques encablures de son niveau d'avant crise. Olivier Andriès vise ainsi « une pleine reprise » d'ici la fin de l'année, alors que « la forte demande se poursuit ». Cela tient notamment aux activités de propulsions, dont le rythme est en hausse d'un quart et tend vers les 12 milliards d'euros. L'activité est portée par le moteur Leap, produit avec GE Aerospace au sein de la coentreprise CFM International et qui équipe en partie les Airbus A320 NEO et l'ensemble des Boeing 737 MAX, tant sur les moteurs en première monte que sur le soutien. Le chiffre d'affaires sur les moteurs militaires est lui en repli.

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Soutien et production

Le soutien sur les moteurs civils a progressé de 33%, « principalement grâce à une forte demande de pièces de rechange pour les moteurs CFM56 et aux contrats à l'heure de vol du Leap » selon un communiqué de Safran. Ils ont constitué le principal vecteur de croissance pour Safran, conformément au modèle d'affaires du groupe, largement basé sur les services après-vente. Olivier Andriès se montre ainsi confiant sur le fait que la montée en puissance du Leap surpasse progressivement le CFM56, dont l'activité va décliner au fur et à mesure du renouvellement des flottes.

En parallèle, le groupe améliore sa production de moteurs neufs : à la faveur des hausses de cadence des avionneurs, le nombre de Leap livrés est en hausse de 38%, soit 1.570 unités. Un résultat en apparence très positif, mais tout de même inférieur aux prévisions. Safran tablait sur 1.700 Leap livrés en 2023, ce qui l'aurait ramené au niveau de son record de 2019. De fait, il doit encore franchir quelques marches avant de retrouver le rythme prévu avant crise (CFM International visait 2.000 Leap en 2020).

Les activités d'équipements et de défense, elles, sont en hausse de 17% et tendent vers les 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Là aussi, la croissance a été tirée par les services dans le domaine civil - même si leur importance est moindre que pour les moteurs - avec la reprise du trafic aérien. Le dernier segment, les intérieurs d'avions, a également affiché une croissance soutenue tout au long de l'année, pour dégager un tiers de revenus en plus qu'en 2022. La reprise du trafic a, là aussi, contribué à la hausse des activités de soutien et de services.

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Rentabilité en hausse presque partout

Cette hausse d'activités se répercutent sur les résultats. Le résultat opérationnel est de 2,8 milliards d'euros. Safran affiche un résultat opérationnel ajusté un peu inférieur, à 2,7 milliards d'euros. Cela représente tout de même une hausse de 36% par rapport à 2022, avec une amélioration de la marge opérationnelle de plus d'un point. Celle-ci est désormais de 11,4%. Le résultat opérationnel courant est même de 3,2 milliards d'euros.

Les activités de propulsion sont de loin les plus rentables. En hausse de 40%, elles représentent l'essentiel des bénéfices opérationnels avec 2,4 milliards d'euros et une marge de plus de 20%. La hausse des services sur les CFM56 et les Leap sont de facto les principaux vecteurs de cette forte rentabilité.

Pour les activités d'équipements et de défense, la hausse du résultat opérationnel (+13,5%, à 992 millions d'euros) est moins rapide que celle du chiffre d'affaires (17%). D'où un léger recul de la marge, qui reste tout de même supérieur à 11%.

Les activités d'intérieurs d'avions, malgré leur forte progression, restent déficitaires. Ce redressement tardif se traduit par une perte opérationnelle de 116 millions d'euros. La montée en puissance des services, notamment sur les cabines, n'a pas réussi à « compenser les pertes des activités de première monte », selon Safran.

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Pas encore 2.000 moteurs en 2024

De fait, les indicateurs financiers sont positifs, avec une hausse de flux de trésorerie libre qui atteint près de 3 milliards d'euros. Le résultat net ajusté s'envole de 72% pour dépasser les deux milliards d'euros. Celui-ci prend notamment en compte des effets de couverture, sans lesquels le résultat net reporté dépasse les 3,4 milliards d'euros.

Pour 2024, Safran vise un chiffre d'affaires d'environ 27,4 milliards d'euros, porté notamment par la poursuite de la montée en puissance du Leap. Le motoriste vise une hausse de production de 20 à 25%, soit un objectif compris entre 1.880 et 1.960 unités. Et le revenu tiré des activités de soutien de moteurs civils doit aussi progresser de 20%. Cela doit permettre d'atteindre un résultat opérationnel courant proche de 4 milliards d'euros et un flux de trésorerie disponible de l'ordre de 3 milliards d'euros.

Léo Barnier

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Commentaires 6
à écrit le 15/02/2024 à 19:30
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des superprofits!!!!!! des ultracapitalistes qui exploitent la miserre de la terre qui beneficieront de l'indignation tres selective des baveux qui detiennent la morale et mettront les superprofits au service du transit energetique, c'est a dire la r...

à écrit le 15/02/2024 à 13:43
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Ben le marché des armes en ce moment. ça rapporte !!!

le 15/02/2024 à 14:24
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"en ce moment " cela fait plusieurs décennies que la France est dans les premiers rangs ( 4e) des fournisseurs d'armement au monde .

à écrit le 15/02/2024 à 11:42
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La course aux résultats financiers a conduit Boeing la ou l.on sait ,des boulons en moins et des portes qui s.envolent .Je préfère voler sur Airbus même si mon dernier vol fut en 787 ,le prochain sera en A380; et je m.en réjoui , la qualité et la s...

le 15/02/2024 à 14:41
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@Verseau 74: Je croyais les A380 remisés. ?

à écrit le 15/02/2024 à 11:41
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La course aux résultats financiers a conduit Boeing la ou l.on sait ,des boulons en moins et des portes qui s.envolent .Je préfère voler sur Airbus même si mon dernier vol fut en 787 ,le prochain sera en A380; et je m.en réjoui , la qualité et la s...

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