Transition énergétique : Airbus et Renault s'associent pour créer les batteries du futur

Contraint par des objectifs de transition écologiques ambitieux, le groupe aéronautique et son homologue automobile se sont associés pour avancer sur les nouvelles générations de batteries et passer aux technologies solides. Un partenariat qui doit permettre d'avancer sur l'avion plus électrique et la voiture tout électrique.
Léo Barnier
Airbus et Renault signent un partenariat de R&D pour développer les futures générations de batteries.
Airbus et Renault signent un partenariat de R&D pour développer les futures générations de batteries. (Crédits : Renault/Airbus)

Face au besoin croissant d'électrification dans les mobilités, Airbus et Renault ont décidé de s'associer pour faire émerger les futures générations de batteries et avancer sur leurs objectifs respectifs de transition environnementale. Les deux groupes ont signé un partenariat de recherche et développement, annoncé le 30 décembre, « pour faire évoluer les technologies liées au stockage de l'énergie, qui reste l'un des principaux obstacles à l'autonomie des véhicules électriques ».

Airbus et Renault ont ainsi annoncé qu'ils allaient collaborer pour faire monter en maturité plusieurs briques technologiques destinées à optimiser la gestion de l'énergie dans les batteries, réduire leur poids et renforcer leur densité énergétique « à l'horizon 2030 ». L'objectif est également de réduire l'impact environnemental de ces batteries, en prenant en compte leur cycle de vie complet « de la production à la recyclabilité, afin de préparer l'industrialisation de ces futurs modèles de batteries tout en évaluant leur empreinte carbone sur l'ensemble de leur cycle de vie », selon le communiqué commun des deux groupes.

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Vers des batteries solides

Pour cela, les deux partenaires souhaitent aller vers des batteries solides, très prometteuses, en lieu et place des solutions chimiques liquides lithium-ion avancé actuelles. Cette conception solide doit permettre d'alléger considérablement le poids des batteries, mais aussi leur longévité. Les constructeurs automobiles qui travaillent déjà sur ce type de solution promettent qu'elles supporteront des puissances de charge électriques significativement plus puissantes sans dommage.

Selon une étude commandée par l'ONG Transport & Environnement (T&E), et conduite par la société Minviro, spécialisée dans l'analyse des cycles de vie des matières premières, les batteries solides bénéficient d'un bilan carbone nettement allégé grâce aux matériaux utilisés. La réduction d'émissions de CO2 pourrait atteindre 39% entre les batteries classiques actuelles et une batterie fabriquée à partir de matériaux durables.

Ce travail doit permettre à Airbus d'avancer sur les concepts d'avion commercial hybride-électrique, aujourd'hui principalement limités par le poids et la densité énergétique des batteries. Pour faire voler un avion de la taille d'un A320 avec des moteurs électriques aujourd'hui, les batteries représenteraient au moins la moitié de la masse de l'avion.

« En associant l'expérience de Renault Group dans le domaine des véhicules électriques à nos propres résultats en matière de démonstrateurs de vol électrique, nous pourrons accélérer le développement des technologies disruptives nécessaires aux futures architectures d'avions hybrides dans les années 2030 et au-delà », a ainsi déclaré Sabine Klauke, directrice de l'ingénierie d'Airbus. « Cela favorisera également l'émergence de normes techniques et réglementaires communes à l'appui des solutions de mobilité propre nécessaires pour atteindre nos objectifs climatiques », a-t-elle ajouté.

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Fertilisation croisée

Cette initiative de fertilisation croisée doit tenir à cœur à Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, qui a dirigé la R&D du groupe PSA jusqu'en 2013 avant de rejoindre le groupe Airbus. Il avait d'ailleurs été remplacé à l'époque par Gilles Le Borgne, aujourd'hui directeur de l'ingénierie du groupe Renault et meneur du projet avec son homologue d'Airbus, Sabine Klauke.

Gilles Le Borgne s'est d'ailleurs félicité de ce partenariat : « Pour la première fois, deux leaders européens issus de secteurs différents partagent leurs connaissances techniques pour façonner l'avenir des avions hybrides-électriques. L'aviation est un domaine extrêmement exigeant en termes de sécurité et de consommation d'énergie, tout comme l'industrie automobile. [...] Portées par la même ambition d'innover et de réduire l'empreinte carbone, nos équipes d'ingénieurs échangent avec celles d'Airbus pour faire converger des technologies transversales qui permettront à la fois d'exploiter des avions hybrides et de développer les véhicules de demain. »

Airbus est partie prenante de l'objectif du transport aérien d'atteindre le zéro émission nette d'ici 2050, tandis que Renault se prépare pour répondre à basculer dans le 100 % électrique d'ici 2030 en Europe (l'Union européenne ayant de toute façon interdit la vente de véhicule thermique dans les États membres à partir de 2035).

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