Bataille d'ego au conseil d'administration de Casino

Casino réunit cet après-midi son conseil d'administration. Il doit examiner l'offre de rachat de Monoprix présentée par le président du groupe Galeries Lafayette, Philippe Houzé, pour un montant de 1,35 milliard d'euros. Mais son président et actionnaire principal, Jean-Charles Naouri, n'est pas vendeur. Au contraire, il veut la racheter pour 700 millions d'euros.
Philippe Houzé, président du groupe Galeries Lafayette (à gauche) et Jean-Charles Naouri, PDG de Casino - Photo Reuters-AFP

Le conseil d'administration, que réunit Casino cet après-midi, sera le théâtre d'une guerre ouverte. Celle de Monoprix entre le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, et l'un de ses administrateurs, Philippe Houzé. Le patron du groupe stéphanois de distribution et le président du directoire des Galeries Lafayette ont dévoilé leur différend il y a une petite semaine.

Casino entend racheter les 50 % que le groupe Galeries Lafayette détient au capital de Monoprix pour un montant de 700 millions d'euros. Philippe Houzé et sa famille en voulaient initialement 1,95 milliard d'euros. Avant de se raviser. Ils proposent désormais à Casino de lui racheter sa participation pour un montant de 1,35 milliard d'euros.

La méthode agace Jean-Charles Naouri

Réuni cet après-midi, le conseil d'administration de Casino doit examiner cette offre. Mais Jean-Charles Naouri n'en veut pas. Il l'a déjà dit. « Il n'a jamais été et n'est pas vendeur de sa participation de 50 % dans Monoprix », indique un porte-parole du groupe, par communiqué. La man?uvre peut surprendre. « A quoi joue alors Philippe Houzé ? », s'interroge un ancien de ses collaborateurs. En fait, en dévoilant son offre, le président du directoire des Galeries Lafayette rend publique la valeur de cette participation. Plus personne ne poura plus l'ignorer.

La méthode agace Jean-Charles Naouri. Car la guerre entre Casino et Galeries Lafayette est aussi celle d'une guerre entre deux hommes. « C'est une question d'argent, mais aussi un bataille d'ego », observe un ancien dirigeant de Monoprix. Depuis des années, Jean-Charles Naouri, en fin stratège, a programmé de prendre le contrôle de cette enseigne. « C'est la suite logique des accords passés en 2000 entre Casino et Galeries Lafayette », note un ancien patron de Monoprix.

Cet ancien inspecteur des Finances sait qu'il est en position de force. Monoprix bénéficie de la centrale d'achat de Casino. A la tête de 3,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires, elle ne peut se passer de la puissance d'achat de Casino en France (15 milliards d'euros de chiffre d'affaires environ, hors Monoprix) pour négocier avec les Danone, Procter et autres Nestlé. « Et changer de centrale d'achat serait fort compliqué », note un ancien dirigeant.

Houzé est le premier à avoir cru au centre-ville

Philippe Houzé le sait bien. Mais il ne se laissera pas faire, car il « panique » à l'idée de voir cette enseigne de supermarchés de centre-ville sortir définitivement du giron des Galeries Lafayette à un prix jugé dérisoire. « C'est son bébé », note une ancienne cadre du groupe. C'est une question d'affectio societatis. Philippe Houzé a commencé sa carrière en 1969 précisément chez Monoprix. Il en a pris la direction en 1982. Il en est président depuis 1994.

« C'est lui qui, le premier, bien avant Jean-Charles Naouri, a cru au regain du commerce de centre-ville », note un ancien collaborateur. A la fin des années 90, après la fusion avec Prisunic, Philippe Houzé repositionne Monoprix sur le « shopping-plaisir » et cède les magasins situés dans les villes les moins riches. « Pendant cinq ans, il a osé entreprendre le travail qui fait aujourd'hui défaut à Carrefour », note un ancien dirigeant de Monoprix.

Monoprix, une pépite

Depuis, l'enseigne est une pépite. En 2011, malgré un effritement de son résultat opérationnel, elle demeure un bon élève : sa marge opérationnelle s'établit à 7,6 %, pour un chiffre d'affaires de 3,95 milliards d'euros. C'est le modèle qui inspire tous ses concurrents. A tel point que Philippe Houzé s'agaçait du trop-plein d'articles parus sur la sucess-story de Monoprix et de ses Monop' ouverts à Paris jusqu'à minuit. « C'est ce qui a poussé Carrefour à lancer Carrefour City », s'agaçait-il.

Reste maintenant à savoir si son tempérament suffira pour résister à la puissance de Jean-Charles Naouri. Le PDG de Casino a déjà démontré son acharnement pour avaler les entreprises qu'il juge prioritaire. En 2009, après deux ans de bataille judiciaire, Casino était monté à 100 % du capital de Franprix et Leader Price. Par une décision d'un tribunal arbitral, il a dû accorder 428 millions d'euros à leurs fondateurs, les Baud, pour les 5 % (Franprix) et 25 % (Leader Price) de capital qu'ils détenaient alors.

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Commentaire 1
à écrit le 27/02/2012 à 14:50
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Naouri me fait penser à la publicité "AMAGUIZ" où J ROCHEFORT prend systématiquement le contre pied du commissaire lors d'une vente aux enchères en proposant moins alors même que les enchères montent.

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