Bataille autour de la valorisation de Monoprix

Le groupe présidé par Jean-Charles Naouri offre 700 millions d'euros aux Galeries Lafayette pour reprendre les 50% qu'il détient au capital de l'enseigne. Ce montant est de 40% inférieur au 1,225 milliard d'euros que le groupe valorise dans ses comptes 2010. Le groupe Galeries Lafayette en espère, lui, 1,35 milliard d'euros.

Le bras de fer ne fait que commencer. Casino et le groupe Galeries Lafayette ne sont pas d'accord sur les méthodes d'évaluation des 50% que détient le groupe Galeries Lafayette au capital de Monoprix. Le 7 décembre 2011, les Galeries Lafayette ont mis en oeuvre un processus d'évaluation du rachat de leur participation. Un accord renouvelé en 2008 offre à Casino le droit d'acquérir cette participation depuis début 2012. Mais, les banques chargées de mener à bien cette évaluation - la Société Générale pour les Galeries Lafayette et Rothschild pour Casino - ne sont pas parvenues à un accord. L'un évalue les 50% de Monoprix à 1,95 milliard d'euros. L'autre n'en propose que 700 millions d'euros.

1,35 milliards d'euros pour 50% du capital
Depuis, Ginette Moulin, descendante du fondateur des Galeries Lafayette et présidente de son conseil de surveillance, a écrit à Jean-Charles Naouri, d'après un conseil du groupe de grands magasins. « Mon groupe offre au votre de lui céder, ou de lui acheter, 50% du capital de Monoprix moyennant le versement de 1,35 milliard d'euros, payable le 2 janvier 2013 », a-t-elle écrit à Jean-Charles Naouri, le 10 février 2012, en lui rappelant « la qualité qui a toujours marqué [leurs] relations » depuis douze ans, date de la signature de leur protocole d'accord. Jean-Charles Naouri ne veut rient entendre. Les deux groupes seraient maintenant dans l'impasse.

La bataille juridique est engagée
L'affrontement s'est cristallisé mercredi 22 février lors du conseil d'administration de Monoprix. « Alors que la présidence du conseil d'administration de Monoprix doit être assurée par Casino à partir du 31 mars 2012, Galeries Lafayette a choisi de violer ses engagements contractuels, lors du conseil d'administration de Monoprix du 22 février 2012, en faisant voter par les administrateurs qu'elle a désignés la prorogation du mandat de président directeur général de Monsieur Philippe Houzé », déplore Casino. Le groupe de Jean-Charles Naouri prévient qu'il va « saisir les juridictions compétentes pour faire respecter par Galeries Lafayette ses engagements ». Le Groupe Galeries Lafayette a, lui, assigné Casino devant le tribunal de commerce de Paris pour mettre en ?uvre l'estimation de sa participation.

Monoprix génère 7,6% de marge opérationnelle

Mais, en fait, Casino a une idée très précise de la valeur de cette enseigne. La lecture de ses publications le rappelle. Selon les documents que le groupe a rendu publics lors de la présentation de ses résultats semestriels 2011, le groupe évalue à 1, 225 milliard d'euros l'exercice de ce put. Fin 2009, il l'évaluait à 1,2 milliard d'euros. Depuis Monoprix est passé de 3,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires fin 2009, à 3,8 en 2010 et 4,127 milliards d'euros fin 2011. Sa rentabilité excède toujours 7% (7,6% en 2011, après 7,8% en 2010).

Casino devait dévoiler les chiffres clefs de cette filiale à 50% lors de la présentation de ses résultats annuels le mardi 28 février. Philippe Houzé vient de lui griller la politesse, en publiant ce jeudi un communiqué (voir encadré). « Mais ces chiffres ne suffiront pas pour calculer la valorisation de Monoprix. Il nous faudrait des éléments sur son endettement et la valeur de ses actifs, notamment immobiliers », juge un analyste. La communauté financière attend aussi des précisions sur le calendrier exacte de l'opération Mercialys. Le 9 février, Casino a indiqué qu'il récoltera « 800 à 900 millions d'euros » de la cession de 10% à 20% du capital de cette foncière aujourd'hui détenue à hauteur de 50,1%. Cete somme doit financer le rachat de Monoprix. Le calendrier de cette opération en dira long sur le tempo que le groupe imposera à Ginette Moulin et son gendre, Philippe Houzé.

Monoprix, le meilleur élève de la classe
Casino sait combien le modèle Monoprix est précieux. L'enseigne l'a encore démontré en 2011. Même si sa rentabilité opérationnelle s'est légèrement érodée l'an dernier, à 7,6% contre 7,8% en 2010, sa marge nette demeure d'un niveau exceptionnel (4,4%) dans un  secteur de la distribution habitué au 2% à 3% de marge nette. Depuis des années, sa  rentabilité opérationnelle surpasse celle des Franprix et Leader Price (4,1% en 2010) et celle de l'enseigne Casino en France (3,9% en 2010). De plus, cette chaîne de 514 magasins au positionnement haut de gamme résiste à la crise. L'an dernier, ses ventes ont progressé de 2,8% à périmètre courant, pour atteindre 4,127 milliards d'euros. Une performance que jalouse Casino : en France, ses ventes ont péniblement progressé de 1,4%. Dans le secteur de l'habillement, Monoprix passe aussi au travers des gouttes : ses ventes d'habillement ont résisté au repli général de la consommation en 2011. Dans un communiqué publié opportunément ce jeudi, Philippe Houzé, président de son conseil d'administration, souligne ainsi combien "Monoprix démontre sa résilience et la stabilité de son résultat opérationnel". "L'année 2012 démarre très positivement pour les activités de groupe Monoprix, avec une croissance des ventes comparables supérieure à 5,5% sur les sept premières semaines", avance la direction de Monoprix, en grillant la politesse à Jean-Charles Naouri qui, le mardi 28 février, devait dévoiler les résultats de cette filiale consolidée à hauteur de 50%.



 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 24/02/2012 à 13:50
Signaler
ginette je te l avais bien dit ! change d enseigne et cherche une Grande Pointure ! il y aura que la boite de la marque qui change avec le prix et Petit Braquet connait bien les arcannes !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.