Hermès : la croissance à deux chiffres s’est arrêtée

Le groupe français de luxe a publié mardi un chiffre d'affaires de 3,365 milliards d'euros pour le troisième trimestre, en hausse de 7,3% sur un an.
Le groupe français de luxe Hermès a publié ce mardi 24 octobre un chiffre d'affaires de 3,365 milliards d'euros pour le troisième trimestre.
Le groupe français de luxe Hermès a publié ce mardi 24 octobre un chiffre d'affaires de 3,365 milliards d'euros pour le troisième trimestre.

Après plusieurs trimestres de croissance à deux chiffres, le groupe français de luxe Hermès a publié ce mardi 24 octobre un chiffre d'affaires de 3,365 milliards d'euros pour le troisième trimestre, en hausse de 7,3% sur un an. « Plus que jamais, dans un contexte mondial incertain, nous renforçons nos investissements et nos équipes pour accompagner la croissance », a déclaré le gérant d'Hermès, Axel Dumas, cité dans un communiqué du groupe. En Bourse, le titre Hermès gagne plus de 1%, vers 09h48.

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Le chiffre d'affaires du troisième trimestre est légèrement supérieur aux prévisions établies par Bloomberg et FactSet. Ces derniers tablaient respectivement sur 3,337 et 3,313 milliards d'euros. Les ventes du groupe sur neuf mois, elles, sont en hausse de 16,9% et atteignent les 10 milliards d'euros.

En Asie (hors Japon), le chiffre d'affaires du sellier-maroquinier totalise quant à lui 1,575 milliard d'euros au troisième trimestre, en recul de 0,1% par rapport à la même période en 2022, pénalisé par une base de comparaison élevée, selon le groupe, le troisième trimestre 2022 ayant été « exceptionnel après les levées des mesures sanitaires en Chine ».

Croissance au ralenti en Chine

Le confinement en Chine en 2022 « était intervenu du 20 mars à fin mai et on a observé dans les magasins Hermès un très fort redémarrage et un rattrapage qui s'est fait sur les mois de juillet et août », a insisté Éric du Halgouët, directeur général finances, lors d'une conférence téléphonique avec les agences de presse.

La croissance économique en Chine s'est tassée au troisième trimestre, mais moins que prévu grâce à une reprise de la consommation, au moment où une crise sans précédent dans l'immobilier pénalise l'activité de la deuxième économie mondiale. Au troisième trimestre, le PIB de la Chine a progressé de 4,9% sur un an, a indiqué le Bureau national des statistiques (BNS), la semaine passée.

« Malgré les difficultés macroéconomiques auxquelles la Chine est confrontée à court terme, nous considérons que le potentiel de développement à long terme et à moyen terme reste fort », a-t-il ajouté, « à savoir qu'il y aura une reprise de la croissance et que la classe moyenne va à nouveau progresser ».

Hermès va poursuivre ses « investissements au même rythme, à savoir l'ouverture d'un ou deux magasins par an » en Chine, selon lui. Avec le Japon, dont les ventes progressent de 10%, le groupe a réalisé en Asie un chiffre d'affaires de 1,88 milliard d'euros (+1,4%).

Retour à la normale pour LVMH

Les ventes au troisième trimestre en Europe sont en hausse de 16,4%, à 814 millions d'euros. Le chiffre d'affaires des Amériques progresse de 11,9% à 600 millions d'euros, Hermès n'ayant « pas de rupture de tendance » aux Etats-Unis, selon Éric du Halgouët. La croissance de la maroquinerie-sellerie, cœur de métier de Hermès, est de 7% et frôle 1,4 milliard d'euros. La division vêtement et accessoires progresse de 10,2% à plus de 1 milliard d'euros. Les parfums et la beauté atteignent 117 millions d'euros (+3,5%) et l'horlogerie 155 millions d'euros (+12,1%). La soie et le textile reculent de 1,7%, à 204 millions d'euros.

La publication des chiffres trimestriels d'Hermès intervient alors que le 10 octobre dernier, le numéro un mondial du luxe, LVMH, qui depuis plusieurs trimestres affichait une croissance insolente à deux chiffres, a vu la hausse de ses ventes ralentir au troisième trimestre. Le groupe de Bernard Arnault avait annoncé avoir réalisé un chiffre d'affaires de 19,96 milliards d'euros au troisième trimestre soit une hausse de 1% sur un an. LVMH, qui possède 75 marques (Louis Vuitton, Dior, Henessy, Tiffany...), a totalisé sur les neuf premiers mois 62,20 milliards d'euros de ventes, soit une hausse de 10% par rapport à la même période l'année précédente.

Le chiffre d'affaires de LVMH au troisième trimestre s'est révélé inférieur aux prévisions établies par Bloomberg et FactSet, qui tablaient respectivement sur 21,136 et 20,475 milliards d'euros.

« Le troisième trimestre de 2023 était confronté à des comparaisons plus difficiles, car c'était peut-être le meilleur trimestre en Chine l'année dernière », avait alors expliqué l'analyste de chez Bernstein, Luca Solca, dans une note.

« Cela dit, cela semble être un signe de poursuite de la modération, alors que les consommateurs reprennent leurs esprits après l'euphorie post-pandémique », avait-il ajouté.

La clientèle chinoise « n'est pas nécessairement prête à soutenir la croissance comme elle l'a fait dans le passé », avait de son côté estimé une note du groupe financier Hargreaves Lansdown.

La fin de l'euphorie post-Covid ?

« La plupart des clientèles européennes montrent de légères baisses » au troisième trimestre, avait déclaré Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH, rappelant que le chiffre d'affaires en Europe avait augmenté de 43% (en croissance organique) les trois premiers mois de 2022 (16% en 2023).

« Le temps nous dira, en fonction de la profondeur et de la durée du cycle, s'il s'agissait d'un véritable cycle de consommation ou simplement d'un sursaut après trois années extraordinaires », a-t-il ajouté.

A périmètre et taux de change comparables (croissance organique), les ventes de LVMH au troisième trimestre en Europe ont progressé de 7% (après des mois de progression à deux chiffres) et les ventes aux États-Unis de 2%.

La Mode et Maroquinerie - division-phare du groupe - réalise au troisième trimestre un chiffre d'affaires de 9,75 milliards d'euros (+0,65%). Le groupe qui ne détaille pas les ventes de ses marques, a estimé que Louis Vuitton, « réalise une excellente performance » et Christian Dior « poursuit sa croissance remarquable ».

L'activité Vins et spiritueux a enregistré une baisse de ses ventes sur le troisième trimestre de 20% à 1,5 milliard d'euros. Le Champagne a connu « une demande plus modérée au troisième trimestre », selon le groupe alors que le cognac Hennessy « est impacté aux Etats-Unis par l'environnement économique, la normalisation de la demande post-Covid et un niveau de stock encore élevé chez les revendeurs ».

L'activité Montres et joaillerie est en baisse de 5%. La Distribution Sélective (Sephora, DFS) est en progression de 17%. Sephora réalise « une performance exceptionnelle et continue de gagner des parts de marché avec une dynamique particulièrement forte en Amérique du Nord, en Europe et au Moyen-Orient », selon le communiqué. L'expansion de sa distribution se poursuit, notamment au Royaume-Uni où une seconde boutique ouvrira prochainement.

Les ventes de parfums et cosmétiques frôlent au troisième trimestre les 2 milliards d'euros (+1,73%). La division « bénéficie d'une forte dynamique d'innovation et maintient sa stratégie de distribution très sélective », selon LVMH.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 24/10/2023 à 11:59
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7.6% en pleine crise économique mondiale imposée par l'oligarchie c'est un exploit !

à écrit le 24/10/2023 à 11:07
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Dès l'instant où l'arrogance française peut se passer de la consommation de luxe par les riches et ultra-riches Chinois (après les oligarques russes) alors tout va bien, pas quoi pleurnicher. Bon, il reste tout de même les ultra-riches Qataris (mais ...

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