Renault, avec Nissan, prend le volant du russe Lada en pleine crise diplomatique

Dans la plus grande discrétion, l'Alliance Renault-Nissan a pris 50% d'Avtovaz, le premier constructeur auto russe qui commercialise les Lada. En pleine tension internationale à propos de l'Ukraine, le français fait profil bas. Avotovaz est en pleine crise avec des ventes en chute libre.
La président russe Vladimir Poutine en viste sur les chaînes d'Avtovaz à Togliatti

L'alliance Renault-Nissan a finalisé sa prise du contrôle du premier constructeur automobile russe Avtovaz, le fabricant des célèbres Lada de l'époque soviétique, "le 18 juin" en toute discrétion !  En pleine tension diplomatique internationale entre l'Europe et la Russie à propos de l'Ukraine, Renault fait profil bas... "La part effective (de Renault-Nissan) dans le capital d'Avtovaz est aujourd'hui de 50% moins une action", souligne une porte-parole.

Renault ne veut pas communiquer

Au terme d'un montage très complexe, l'ensemble franco-japonais détient 67,13% d'une société commune avec la holding publique russe Rostec, qui elle-même détient 74,5% d'Avtovaz. Mais Renault, qui détenait seul 25% d'Avtovaz jusqu'ici, refuse obstinément de donner le montant de sa nouvelle participation par rapport à celle de Nissan... "On ne communique pas", souligne la porte-parole.

Pourquoi tant d'opacité? Le japonais Nissan, qui n'était pas actionnaire auparavant, visait une participation à hauteur de 17%. On peut donc en déduire que Renault détient désormais 33% de l'entreprise russe... La transaction représente un investissement de 23 milliards de roubles (environ 500 millions d'euros) depuis la signature de l'accord fin 2012.

Avtovaz licencie pour juguler les pertes

L'alliance franco-japonaise avait alors conclu cette transaction afin de prendre progressivement le contrôle du constructeur national, dirigé aujourd'hui par un ancien cadre de General Motors, le suédois Bo Andersson. Problème: le marché russe chute depuis et les ventes d'Avtovaz sont en pleine dégringolade. Le constructeur de Togliatti - à mille kilomètres au sud-est de Moscou - a dû annoncer récemment  qu'il allait du coup supprimer 13.000 emplois. Le groupe précise que, à la fin de l'an dernier, 65.891 personnes travaillaient sur le site. Des effectifs énormes, hérités de la période soviétique.

Avtovaz a enregistré l'an dernier une perte nette de 7,9 milliards de roubles (161 millions d'euros). Malgré l'aide de Renault, les niveaux de productivité sont très loin de ceux de la concurrence internationale. Bâtie dans les années soixante avec l'aide des ingénieurs de Fiat pour produire la Fiat 124 de 1966 - dont la production a été stoppée en début d'année 2012 -, l'usine de Togliatti  vise une production de presque un million d'unités vers... 2017. On en est loin aujourd'hui.

Des modèles peu fiables et obsolètes

Longtemps constituée de modèles archaïques, au manque de fiabilité légendaire, mais pas chers, la gamme Lada se renouvelle progressivement, avec le soutien de Renault. Mais, on n'en est qu'au début. Les ingénieurs du groupe français ont installé en 2011 à Togliatti  une ligne d'assemblage de véhicules sur la plate-forme "Entry" (entrée de gamme de type Logan). Lada a déjà démarré la production de  sa Largus, un break de la première génération de Logan restylé et rebaptisé.

Renault "vient de démarrer à Togliatti  la production des Logan II et Sandero II", indique une source interne au sein de la firme automobile française. Ces deux modèles seront présentés officiellement au salon de Moscou, fin août. Renault, qui a saturé son propre site de fabrication moscovite, profite donc des grosses surcapacités d'Avtovaz... Tout comme Nissan, qui y produit depuis 2012 sa Sylphy sur cette même plate-forme. 

Le 4x4 Duster est un grand succès en Russie

Avtovaz, qui n'exporte quasiment pas, a vu ses immatriculations de Lada chuter de 14% en Russie sur cinq mois à 162.700 unités, selon l'Association des entreprises européennes (AEB). Soit une part de marché historiquement basse de 15,8%. Contre 18,3% en 2012. En Russie, Avtovaz avait déjà  plongé de 15% à 456.309 unités l'an passé. Les ventes cumulées des Lada, Renault et Nissan ont, ensemble, fléchi  toutefois de 5% seulement, comme le marché total.

Car, si les russes délaissent les Lada, ils aiment les Renault. La firme française produit notamment des Logan I et 4x4 Duster - un gros succès - à Moscou. La marque au losange est d'ailleurs la première marque étrangère en Russie, devant le coréen Kia, et la deuxième derrière... Lada. Les immatriculations de Renault ont certes reculé de 7% sur cinq mois à un peu moins de 80.000 unités. Mais le français détient 7,8% du marché. Et les marges en Russie sont parmi les meilleures du groupe, de l'aveu même du constructeur tricolore. Nissan, qui progresse de 29% à 70.300 véhicules, occupe 6,8% du marché. Le pari d'Avtovaz n'est pas gagné.

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Commentaires 5
à écrit le 01/07/2014 à 6:32
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reprise d'articles parus dans la presse ces derniers jours sans meme y ajouter un brin de réflexion . Du grand journalisme assurément ...

à écrit le 30/06/2014 à 20:45
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est-ce que Lada va importer sa Largus (break logan 1 rebadgé) et serait-elle moins chère que la Dacia Logan 2 Break ?

à écrit le 30/06/2014 à 20:23
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Bientot Renault vendra ces voitures avec la caisse à outils, ce n' est déjà pas le top dans la qualité qui se dégrade de pire en pire, et le service après vente n ' en parlons pas ...un désastre !!!!

à écrit le 30/06/2014 à 18:49
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Cette prise de contrôle de Lada très malade économiquement amène à se poser des questions sur l'avenir incertain de Renault et Nissan, Nissan fait l'objet d'enquêtes ouvertes par la NHTSA pour des problèmes de sécurité affectant certains de ses modè...

à écrit le 30/06/2014 à 18:44
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Voiture avec volant carré décidé par montegourde, c'est sa dernière réforme.

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